Haïti- Commémoration du séisme: Des maisons mal construites sources d’inquiétudes

Haïti- Commémoration du séisme: Des maisons mal construites sources d’inquiétudes

Plus de ruines des maisons, plus de décombres, plus de maisons de fortune ou de tentes faites de bâches, elles sont remplacées par des bâtiments construits en dur. En 10 ans Fort national, quartier défavorisé de la capitale situé au Nord-Ouest du Champs de Mars et du Palais présidentiel, a été reconstruit dans sa quasi-totalité en absence totale des autorités étatiques.

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

Au lendemain du séisme, les nombreuses ONG présentes dans ce quartier populaire qui devraient gérer l’urgence avec une mission de courte durée se sont retirées progressivement. L’État dans ses différentes composantes n’a pas su les remplacer pour assurer une bonne reconstruction du Fort national, l’un des quartiers les plus touchés durant le séisme du 12 janvier qui a causé la mort de plus de 300 mille personnes laissant 250 mille autres sans abris.

Les habitants se sont retrouvés seuls. Les tentes, les taudis ne tenaient plus. Les riverains de cette zone se sont sentis obligés de construire comme ils peuvent. Ainsi, les constructions anarchiques ont repris de plus belle dans ce quartier qui garde encore les stigmates du meurtrier tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Jezula, une quadragénaire en porte les marques sur son corps. Cette femme qui a passé cinq jours sous les décombres a perdu un bras durant la catastrophe.

Aujourd’hui, elle ne construit pas mieux qu’il y a 10 ans, avec ses faibles moyens économiques, elle paie des “Bòs Mason kèk 100 goud pou kole kèk blok pou li”.

Connait-elle les risques encourus? Elle ne craint, à tort, un nouveau tremblement de terre car, dit-elle, sa maison n’est pas construite en hauteur.

Les constructions ne sont pas contrôlées à Fort national, souvent on fait confiance à un contremaître maçon sans l’expertise du Ministère des Travaux Publics, Transport et Communication, sans l’autorisation de la mairie de Port-au-Prince.

L’Etat a raté une occasion en or

L’État haitien aurait dû profiter de la période post-seisme pour mieux contrôler les constructions dans le pays afin d’éviter la répétition des dégâts comme ceux enregistrés il y a 10 ans, en cas d’une éventuelle catastrophe”, nous raconte papa Da, un notable de la zone qui assiste avec impuissance au pullulement des constructions anarchiques dans ce quartier qui l’a vu naître.

L’ampleur des dégâts causés par le séisme du 12 janvier a permis aux Haïtiens de prendre conscience de la vulnérabilité de nos bâtis. Des progrès ont certes été réalisés. Cependant, les habitudes de construction n’ont pas changé, constate Samuel Victor, ingénieur civil qui continue de faire son plaidoyer pour l’implication de l’État dans la construction des maisons.

Le géologue Claude Preptit abonde dans le même sens. L’éducation(sensibilisation autour du phénomène ), une meilleure construction des bâtis sont les deux pilliers sur lesquels l’État haïtien doivent agir pour diminuer la vulnérabilité sismique, croit-il.

Haïti est une zone à haut risque sismique. Selon des experts internationaux, Haïti fait partie de la deuxième zone à haut risque sismique sur une échelle de cinq zones de sismicité croissante. Elle peut, en conséquence, être frappée par un tremblement de terre destructeur et des tsunamis (raz-de-marée).

Le risque sismique en Haïti

Les quelques données disponibles sur la sismicité en Haïti indiquent que ce pays est susceptible d’être affecté, à l’échelle de quelques dizaines d’années ou moins, par des séismes de magnitude 7 à 8. Un séisme d’une telle magnitude est possible sur la faille qui traverse Port-au-Prince ou sur la faille qui longe la côte
nord. Il en résulterait probablement des pertes en vies humaines se comptant par milliers et une perte économique majeure pour le pays tant au niveau du bâti que celui des infrastructures routières, électriques, hydrauliques…

Cette menace sismique sera exacerbée par les effets secondaires qu’auraient probablement engendré les secousses : liquéfaction du sol dans les régions à sous-sol sableux saturé en eau (bas quartiers de Port-au-Prince par exemple), glissements de terrain sur les pentes des montagnes (régions de Kenscoff, Pétion-Ville, Bourdon, Morne l’Hôpital, Morne Lory au Cap-Haïtien, Vertières, etc), et raz-de-marée ou tsunami dans les régions côtières (Cités l’Eternel, Liberté, Soleil, Lamentin,
Carrefour, Martissant, etc.)

Port-au-Prince et ses environs sont particulièrement vulnérables aux séismes à cause d’une concentration importante de population qui est estimée à 3.254.014,00 habitants pour une superficie de 4.834,00 km2, les quatre
communes les plus peuplées sont Port- au-Prince, Pétion-Ville, Delmas et Carrefour. Celles-ci sont pratiquement traversées par un réseau de failles secondaires parallèles ou perpendiculaires à la faille principale active Pétion- Ville/Tiburon.

Le risque de tsunami (raz-de-marée ou grandes vagues d’origine sismique) est encore très élevé pour les villes du Cap et de Port-de-Paix où les forts seismes des Grandes Antilles ont le plus souvent leur épicentre en mer et sont en relation avec les grandes fosses situées au nord de Porto Rico et d’Haïti.

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