Au tribunal de Bordeaux, à l’occasion du procès de Jennifer Bertrand, le 12 novembre 2025. GUILLAUME BONNAUD/« SUD OUEST »/MAXPPP La mère, qui avait tué ses jumelles de 3 mois en 2022 en Gironde dans un contexte de forte dépression post-partum, a été condamnée vendredi à dix-huit ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de la Gironde. Cette peine,

La mère, qui avait tué ses jumelles de 3 mois en 2022 en Gironde dans un contexte de forte dépression post-partum, a été condamnée vendredi à dix-huit ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de la Gironde.
Cette peine, conforme aux réquisitions de l’avocat général, est assortie de sept ans de suivi socio-judiciaire, avec une obligation de soins. Le non-respect de cette mesure entraînerait quatre ans de prison supplémentaire, a décidé la cour au terme d’environ quatre heures de délibération.
Jennifer Bertrand, 37 ans, n’a pas réagi à l’énoncé du verdict, gardant la tête baissée. « Depuis que les deux personnes les plus importantes au monde pour moi sont parties, ma vie s’est arrêtée. Je les aime plus que tout et pour moi, [leur absence] c’est la pire des sentences », avait déclaré plus tôt dans la journée l’accusée.
Elle a reconnu avoir étouffé ses jumelles le 19 décembre 2022, dans un geste qui visait selon elle à les « calmer » alors qu’elles étaient « agitées », ce qu’a contesté pour sa part l’avocat général Martin Viver-Darviot devant la cour d’assises, en parlant d’un « un geste fort, un geste déterminé », « très loin du geste d’apaisement ».
Dépression post-partum
A l’instar des experts psychiatriques, le représentant du ministère public a quant à lui demandé aux jurés d’« écarter l’abolition du discernement » mais d’en retenir « l’altération », la mère étant alors « accaparée par ses souffrances personnelles ». « Epuisée », atteinte d’une anxiété « massive », incapable « de supporter les pleurs de ses enfants », elle « n’était plus en capacité de trouver de l’énergie pour ses filles », a-t-il estimé, en pointant « l’échec » du traitement de sa dépression post-partum.
Après l’accouchement, cette mère avait passé deux mois dans une unité psychiatrique spécialisée et elle était toujours sous médicaments, suivie en hôpital de jour, au moment des faits. Une période qu’elle décrit comme « une descente aux enfers ». « Je me sentais nulle, nulle, j’avais envie de mourir », avait confié jeudi à la cour celle qui se renseigna aussi, à l’époque, sur l’adoption ou le placement des enfants.
« On peut se demander si Mme Bertrand n’était pas dans une situation d’impasse et que la solution qu’elle a trouvée, c’était de supprimer la principale source de ses angoisses », a supposé l’avocat général.
« Dix-huit ans ? Sérieusement ? »
La peine requise, « particulièrement lourde », « ne correspond ni aux standards, ni aux jurisprudences nationales » en matière d’« infanticides liés à des maladies mentales graves », lui a rétorqué l’un des avocats de la défense, Stéphane Guitard. « Dix-huit ans ? Sérieusement ? », a-t-il interrogé. Le conseil avait plaidé l’abolition du discernement de l’accusée, qui était dans un « isolement familial, psychologique et psychiatrique évident », à l’origine de son geste selon lui.
Jennifer Bertrand « n’avait pas la notion du temps et peut-être de l’espace, elle ne pouvait plus raisonner », et en aucun cas « elle n’a voulu éteindre ses deux petits rayons de soleil », a martelé son autre avocat, Béatrice Ceccaldi. Et de dépeindre une accusée « hantée, consumée » depuis le drame, une « ombre qui ne tient que [par] les médicaments ».
Pour l’avocat du père des jumelles, qui a réclamé « une justice équilibrée », la maladie était « incontestablement » présente le jour du drame. « On ne tue pas à midi pour commander à 13 heures des accessoires de puériculture qui ne serviront jamais. C’est irrationnel », a jugé Charles Dufranc, constatant aussi « un échec thérapeutique total » dans ce dossier.


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