Le projet « Tap-tap pour tous », est parti en fumée?

Le projet « Tap-tap pour tous », est parti en fumée?

Les personnes à mobilité réduite vivent un véritable enfer avec le transport en commun. Ne disposant pas de leur propre moyen de déplacement pour vaquer à leurs occupations, ces dernières, contraintes d’utiliser le transport public, rapportent qu’elles sont souvent objet d’humiliation de la part des chauffeurs de ce secteur qui refusent de les transporter.

Afin de remédier à ce problème, la Handicap International en partenariat avec certains organismes nationaux dont le Bureau du secrétaire d’État à l’intégration des personnes handicapées avait organisé en 2013 un concours autour du thème « tap-tap pour tous », visant à innover le secteur et le rendre accessible aux gens à besoins spéciaux. Remporté par des étudiants du centre pilote, ce projet pilote dont la réalisation a été financée à hauteur de 250.000 dollars par la Canadian Auto Workers a disparu des radars malgré une période d’essai allant de la période du 5 au 9 octobre 2014.

Livrées à leurs sorts, des personnes handicapées tirent la sonnette d’alarme et attirent l’attention des autorités étatiques sur cet état de fait. Nicholls Thénor, unijambiste, ancien champion des jeux haïtiano-dominicain en basketball pour Haïti et Carl Abraham Réginald Miril, ce jeune homme dans la vingtaine qui arrivent à peine à se tenir debout racontent leurs péripéties.

« Nous somme jetés au pilori. Nous sommes assez souvent victime de stigmatisation de tout genre », ont-ils raconté.

N’ayant pas la même agilité que les personnes possédant l’intégralité de leurs capacités physiques, elles informent être souvent victimes quand elles montent à bord et/ou descendent d’un véhicule. Fatiguées de leurs lenteurs, les chauffeurs démarrent sans prêter attention elles, expliquent le coach de basketball béquilles en main et Réginald Miril assis dans son fauteuil.

Hormis les difficultés rencontrées auprès des chauffeurs, ces gens à déficience motrice se font également gronder par les passagers qui se montrent totalement incompréhensifs à leurs égards, rapporte le double champion des jeux haïtiano dominicains en 2009 et 2011 pour Haïti, prothèse à la jambe gauche.

Les personnes à mobilité réduite compliquent la tâche des chauffeurs avoue un conducteur rencontré dans les parages du Centre-ville, sous couvert de l’anonymat. Néanmoins, l’homme qui assure le trajet Carrefour/Port-au-Prince dit faire preuve de patience à leur endroit vu leur vulnérabilité bien qu’ils doivent supporter en retour la colère des passagers.

Selon les derniers statistiques en date, 10% de la population haïtienne, soit un million de personnes, vivent avec un handicap. En dépit des dispositions légales adoptées, de nature à faciliter leur intégration, les personnes handicapées sont toujours sur le banc des oubliées.

Gladimyr GALETTE