Le président du principal parti d’opposition tanzanien Chadema, Freeman Mbowe, s’exprime lors d’une conférence de presse à Dar es-Salaam, en Tanzanie, le 18 mars 2022. ERICKY BONIPHACE / AFP Le chef du principal parti d’opposition tanzanien, Freeman Mbowe, a été libéré sous caution, a annoncé son parti, samedi 23 novembre, après son arrestation, la veille, à quelques jours d’élections
Le chef du principal parti d’opposition tanzanien, Freeman Mbowe, a été libéré sous caution, a annoncé son parti, samedi 23 novembre, après son arrestation, la veille, à quelques jours d’élections locales. Le Parti de la démocratie et du développement (ou Chadema, pour Chama cha Demokrasia na Maendeleo, en swahili) avait déjà protesté plus tôt cette semaine contre la disqualification « injuste » de plusieurs de ses candidats, à la veille d’un scrutin dans les villes et villages du pays. Les élections de mercredi sont attendues comme un baromètre du paysage politique, avant la présidentielle, prévue en octobre 2025 dans le pays.
« Cette nuit, le président du Chadema, Freeman Mbowe […] ainsi que d’autres dirigeants qui étaient détenus au commissariat de police de Vwawa ont été libérés sous caution », a déclaré la formation politique tôt samedi sur le réseau social X.
M. Mbowe avait été arrêté vendredi avec d’autres responsables après la dispersion par la police d’un rassemblement « à l’aide de gaz lacrymogènes », selon le parti. Après sa libération vers minuit heure locale (22 heures vendredi à Paris), le chef de l’opposition s’est adressé à des journalistes, déclarant : « Nous avons été accusés d’avoir enfreint le calendrier de campagne mais c’est sans fondement. » « Je pense qu’il s’agit d’une manœuvre délibérée pour perturber les campagnes que nous avions planifiées », a ajouté M. Mbowe, selon qui la police retient toujours plusieurs membres du Chadema.
« Embuscade »
« La police a tendu une embuscade à un convoi dans la forêt de Halungu », dans l’ouest du pays, « et a arrêté le président national du parti, Freeman Mbowe, ainsi que plusieurs autres dirigeants qui l’accompagnaient », avait annoncé vendredi sur X John Mrema, porte-parole du Chadema.
Selon M. Mrema, Freeman Mbowe avait été empêché par les forces de l’ordre, avant son arrestation, de prendre la parole lors d’un rassemblement de ses partisans à Mlowo, dans le sud du pays. Les policiers sont alors intervenus et ont « dispersé la foule rassemblée à l’aide de gaz lacrymogènes », d’après le parti.
La police avait ensuite confirmé détenir M. Mbowe et ses collègues, les accusant d’avoir violé le calendrier des rassemblements en tentant d’organiser « un rassemblement dans une zone qui n’était pas prévue pour le Chadema ».
« Nous les détenons pour les interroger et mener des enquêtes car certains officiers ont été blessés par les partisans de l’opposition alors qu’ils dispersaient la foule », avait déclaré dans une vidéo le chef de la police régionale de Songwe, Augustino Senga.
Retour aux pratiques autoritaires
La Tanzanie connaît ces derniers mois une intensification de la répression politique. Le Chadema accuse les forces de sécurité d’être impliquées dans les disparitions de plusieurs de ses membres et dans le meurtre d’Ali Mohamed Kibao, un de ses dirigeants retrouvé mort le 7 septembre. M. Mbowe avait déjà été brièvement arrêté à la fin de septembre aux côtés de dizaines de personnes, lorsque la police tanzanienne avait empêché une manifestation de leur parti à Dar es-Salaam.
Le scrutin local sera le premier test pour la présidente, Samia Suluhu Hassan, qui a pris ses fonctions à la suite de la mort soudaine de son prédécesseur, John Magufuli, en mars 2021. Mme Hassan avait montré des signes d’ouverture démocratique à son arrivée au pouvoir, en rouvrant rapidement, par exemple, des médias interdits.
Mais la présidente fait face ces derniers mois à de vives critiques, qui l’accusent de revenir aux pratiques autoritaires de son prédécesseur à l’approche des élections locales de novembre et générales de la fin de 2025.
Le Chadema a invité la communauté internationale à « être témoin des violations continues des droits démocratiques contre les partis d’opposition lors de ces élections ».
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