Au rassemblement contre les violences faites aux femmes, à Paris : « Si le procès des viols de Mazan peut provoquer l’étincelle qui fout le feu partout, tant mieux »

Au rassemblement contre les violences faites aux femmes, à Paris : « Si le procès des viols de Mazan peut provoquer l’étincelle qui fout le feu partout, tant mieux »

Lundi 25 novembre aura lieu la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Le même jour, au procès des viols de Mazan, la parole sera à l’accusation, avec le réquisitoire du parquet. Cette parole sera écoutée avec attention, tant ce procès est devenu symbolique de la lutte contre les violences sexuelles et

Lundi 25 novembre aura lieu la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Le même jour, au procès des viols de Mazan, la parole sera à l’accusation, avec le réquisitoire du parquet. Cette parole sera écoutée avec attention, tant ce procès est devenu symbolique de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes faites aux femmes. La photographe Adrienne Surprenant s’est rendue samedi à la manifestation parisienne contre les violences faites aux femmes, qui partait de la gare du Nord. Elle y a suivi le cortège pour interroger manifestantes et manifestants sur ce que le procès de Mazan a changé pour eux.

Marie Martos, 25 ans, infirmière auprès d’enfants autistes : « Il y a une libération de la parole, et le fait que quelqu’un puisse faire face à toutes ces agressions, ça met un bon coup de pouce à la lutte. »
Elisa Jbilou, 19 ans, étudiante à Sciences Po Lyon : « Il y a eu des histoires avant le procès de Mazan qui ont fait qu’on était déjà sensibilisées. Mais beaucoup de personnes se sont rendu compte que les violeurs pouvaient être tous les hommes, tous types de profils. Qu’il ne faut pas qu’on les traite comme des monstres, car ça pourrait être n’importe quel être humain. C’est trop facile de les déshumaniser. » Elisa Jbilou, 19 ans, étudiante à Sciences Po Lyon : « Il y a eu des histoires avant le procès de Mazan qui ont fait qu’on était déjà sensibilisées. Mais beaucoup de personnes se sont rendu compte que les violeurs pouvaient être tous les hommes, tous types de profils. Qu’il ne faut pas qu’on les traite comme des monstres, car ça pourrait être n’importe quel être humain. C’est trop facile de les déshumaniser. »
Katoucha Dogbo, 17 ans, lycéenne : « Je me sens moins en sécurité qu’avant. Se dire que même dans un mariage, ça peut arriver, et que des gens autour de nous, même des voisins, font ça, c’est inquiétant ! » Katoucha Dogbo, 17 ans, lycéenne : « Je me sens moins en sécurité qu’avant. Se dire que même dans un mariage, ça peut arriver, et que des gens autour de nous, même des voisins, font ça, c’est inquiétant ! »
Cha Fallard, 43 ans, travaille dans l’artisanat : « Déjà, il y a eu la première avancée de #metoo, puis le courage de cette femme qui fait que la honte doit changer de camp, que les violeurs c’est M. Tout-le-Monde : ton père, ton frère, ton cousin, ton patron, ton conjoint. Il est peut-être temps que les mecs qui disent “pas moi” se remettent en question et qu’ils prennent conscience que ce n’est pas qu’aux femmes qu’incombe la responsabilité de changer le monde. » Cha Fallard, 43 ans, travaille dans l’artisanat : « Déjà, il y a eu la première avancée de #metoo, puis le courage de cette femme qui fait que la honte doit changer de camp, que les violeurs c’est M. Tout-le-Monde : ton père, ton frère, ton cousin, ton patron, ton conjoint. Il est peut-être temps que les mecs qui disent “pas moi” se remettent en question et qu’ils prennent conscience que ce n’est pas qu’aux femmes qu’incombe la responsabilité de changer le monde. »
Isabelle Cabat-Houssais, 48 ans, directrice d’école, et sa fille Ysé, 8 ans : « Je ne pensais pas que c’était possible. Je milite depuis plus de vingt-quatre ans et ne pensais pas que ce type de perversion… ça dépasse mon imagination. Ce que je trouve formidable, c’est que cela a permis de mettre au jour la culture du viol, qui était identifiée dans les milieux féministes mais pas dans la presse ni dans la culture générale. Ce procès me permet d’expliquer à mon compagnon et à mon fils que s’ils ne réagissent pas à une insulte ou à du harcèlement dans la rue, ils participent à ça. » Isabelle Cabat-Houssais, 48 ans, directrice d’école, et sa fille Ysé, 8 ans : « Je ne pensais pas que c’était possible. Je milite depuis plus de vingt-quatre ans et ne pensais pas que ce type de perversion… ça dépasse mon imagination. Ce que je trouve formidable, c’est que cela a permis de mettre au jour la culture du viol, qui était identifiée dans les milieux féministes mais pas dans la presse ni dans la culture générale. Ce procès me permet d’expliquer à mon compagnon et à mon fils que s’ils ne réagissent pas à une insulte ou à du harcèlement dans la rue, ils participent à ça. »
Sofia Cardona, 27 ans, danseuse : « Le procès a permis de dépasser le rôle de victime et de vraiment interpeller les coupables. Il a changé notre rapport à la honte d’être victime d’agression sexuelle. Ça donne le courage de dépasser ça, d’en parler, de montrer du doigt les coupables et de rester debout. » Sofia Cardona, 27 ans, danseuse : « Le procès a permis de dépasser le rôle de victime et de vraiment interpeller les coupables. Il a changé notre rapport à la honte d’être victime d’agression sexuelle. Ça donne le courage de dépasser ça, d’en parler, de montrer du doigt les coupables et de rester debout. »
Slogans scandés lors de la marche contre les violences faites aux femmes organisée par #NousToutes, à Paris, le 23 novembre 2024. Slogans scandés lors de la marche contre les violences faites aux femmes organisée par #NousToutes, à Paris, le 23 novembre 2024.
Betty Gautier, 36 ans, graphiste free-lance : « Ça m’a fait prendre mieux conscience du monde dans lequel on vit. A quel point les violeurs et harceleurs restent impunis. Ça m’a fait me rendre compte que c’était possible que dans un rayon kilométrique si petit il y ait autant d’hommes qui ont violé une femme en faisant semblant de ne pas s’en rendre compte. Je ressens à la fois de la peine, de la peur, et c’est vertigineux. Si ça peut déclencher l’étincelle qui fout le feu partout, tant mieux. » Betty Gautier, 36 ans, graphiste free-lance : « Ça m’a fait prendre mieux conscience du monde dans lequel on vit. A quel point les violeurs et harceleurs restent impunis. Ça m’a fait me rendre compte que c’était possible que dans un rayon kilométrique si petit il y ait autant d’hommes qui ont violé une femme en faisant semblant de ne pas s’en rendre compte. Je ressens à la fois de la peine, de la peur, et c’est vertigineux. Si ça peut déclencher l’étincelle qui fout le feu partout, tant mieux. »
Mathys de Chantilly, 22 ans, circassien. « Ce qui a changé, ce sont mes émotions. C’est rageant. » Romane Morilhat, 23 ans, étudiante aux Beaux-Arts : « Maintenant, on en parle en dehors des cercles de gauche, jeunes et militants, par exemple en famille, dans les médias. Mazan a exporté le débat. Pouvoir citer ce qui s’est passé apporte une preuve en plus que les violences sont systémiques et que les viols ne sont pas des faits divers. Ça ajoute de la crédibilité à la cause féministe, qui ne fait pas encore l’unanimité dans le débat public. Je n’ai pas été choquée quand j’ai entendu le récit, c’était juste un truc en plus, très violent, rien de nouveau, habituel ». Mathys de Chantilly, 22 ans, circassien. « Ce qui a changé, ce sont mes émotions. C’est rageant. » Romane Morilhat, 23 ans, étudiante aux Beaux-Arts : « Maintenant, on en parle en dehors des cercles de gauche, jeunes et militants, par exemple en famille, dans les médias. Mazan a exporté le débat. Pouvoir citer ce qui s’est passé apporte une preuve en plus que les violences sont systémiques et que les viols ne sont pas des faits divers. Ça ajoute de la crédibilité à la cause féministe, qui ne fait pas encore l’unanimité dans le débat public. Je n’ai pas été choquée quand j’ai entendu le récit, c’était juste un truc en plus, très violent, rien de nouveau, habituel ».
Tahra Yoro, 28 ans, et sa mère, Anne Vion, 56 ans, toutes deux conseillères à France Travail : « Les gens voient enfin un peu ce qui se passe et ce qui change, c’est la parole des femmes, qui ont moins peur de parler de ce qui se passe dans leur foyer et à l’extérieur. Il y a une libération de la parole des femmes. J’ai l’impression que la honte et la peur changent de camp. » « La honte qui change de camp, c’est ce que j’espère, pour le présent et l’avenir. J’ai été très touchée par cette histoire et je trouve que c’est un très bel acte. J’espère pour elles et nous toutes que ça va changer l’avenir. » Tahra Yoro, 28 ans, et sa mère, Anne Vion, 56 ans, toutes deux conseillères à France Travail : « Les gens voient enfin un peu ce qui se passe et ce qui change, c’est la parole des femmes, qui ont moins peur de parler de ce qui se passe dans leur foyer et à l’extérieur. Il y a une libération de la parole des femmes. J’ai l’impression que la honte et la peur changent de camp. » « La honte qui change de camp, c’est ce que j’espère, pour le présent et l’avenir. J’ai été très touchée par cette histoire et je trouve que c’est un très bel acte. J’espère pour elles et nous toutes que ça va changer l’avenir. »
Le collectif Le Bruit qui court reprend la chanson chilienne « Un violador en tu camino » (« un violeur sur ton chemin »), lors de la marche contre les violences faites aux femmes organisée par #NousToutes, à Paris, le 23 novembre 2024. Le collectif Le Bruit qui court reprend la chanson chilienne « Un violador en tu camino » (« un violeur sur ton chemin »), lors de la marche contre les violences faites aux femmes organisée par #NousToutes, à Paris, le 23 novembre 2024.
Un orchestre de batucada, lors de la marche contre les violences faites aux femmes organisée par #NousToutes, à Paris, le 23 novembre 2024. Un orchestre de batucada, lors de la marche contre les violences faites aux femmes organisée par #NousToutes, à Paris, le 23 novembre 2024.
Etienne Cognet, 22 ans, musicien et militant : « Ça m’a fait me poser beaucoup de questions sur ma sexualité – je suis homosexuel –, et ça m’a fait réfléchir sur le “chemsex”. Ça m’a retourné le ventre. C’est important qu’on soit là et il faut soutenir la campagne #NotreOhrage. » Etienne Cognet, 22 ans, musicien et militant : « Ça m’a fait me poser beaucoup de questions sur ma sexualité – je suis homosexuel –, et ça m’a fait réfléchir sur le “chemsex”. Ça m’a retourné le ventre. C’est important qu’on soit là et il faut soutenir la campagne #NotreOhrage. »
Beatriz Petkoff, 64 ans, sophrologue : « J’étais très heureuse que l’on puisse parler de ces sujets et que ça devienne public, que l’on prenne conscience de ce qu’est la soumission chimique. Qu’il faut éduquer les hommes et leur faire prendre conscience que ça vient aussi d’eux. Prendre conscience aussi que c’est à la femme de donner son consentement : on n’est la propriété de personne. » Beatriz Petkoff, 64 ans, sophrologue : « J’étais très heureuse que l’on puisse parler de ces sujets et que ça devienne public, que l’on prenne conscience de ce qu’est la soumission chimique. Qu’il faut éduquer les hommes et leur faire prendre conscience que ça vient aussi d’eux. Prendre conscience aussi que c’est à la femme de donner son consentement : on n’est la propriété de personne. »
Affiches, lors de la marche contre les violences faites aux femmes organisée par #NousToutes, à Paris, le 23 novembre 2024. Affiches, lors de la marche contre les violences faites aux femmes organisée par #NousToutes, à Paris, le 23 novembre 2024.
Laure Baeza, 44 ans, fonctionnaire, marche avec ses quatre enfants : « Féministe depuis toujours, pour moi, Mazan n’a rien changé. Mais il y a eu un tel écho que ça m’a permis de parler davantage avec les enfants de consentement, de la cruauté et de l’horreur des violences. » Laure Baeza, 44 ans, fonctionnaire, marche avec ses quatre enfants : « Féministe depuis toujours, pour moi, Mazan n’a rien changé. Mais il y a eu un tel écho que ça m’a permis de parler davantage avec les enfants de consentement, de la cruauté et de l’horreur des violences. »
Cécile Palliser, 52 ans, professeure d’arts plastiques : « Ce qui change, c’est que les gens prennent conscience qu’on est dans un monde de culture de viol et d’inceste. Il y a un enfant sur dix qui est victime d’inceste par an, un toutes les trois minutes. Mes élèves, il y en a statistiquement trois par classe qui sont susceptibles de vivre ce genre de violences et ça me remue. On aimerait que les lois bougent. » Cécile Palliser, 52 ans, professeure d’arts plastiques : « Ce qui change, c’est que les gens prennent conscience qu’on est dans un monde de culture de viol et d’inceste. Il y a un enfant sur dix qui est victime d’inceste par an, un toutes les trois minutes. Mes élèves, il y en a statistiquement trois par classe qui sont susceptibles de vivre ce genre de violences et ça me remue. On aimerait que les lois bougent. »
Ronan Fourgault, 32 ans, vétérinaire : « Le procès n’est pas fini, il est encore un peu tôt pour dire que ça a changé des choses. J’espère que ça réveillera une partie de la société sur le viol et les violences sexistes et sexuelles, sur le fait que ça peut être tout le monde et que, dans la majorité des cas, c’est quelqu’un qu’on connaît. Grâce au courage de Gisèle Pelicot, ce procès a un écho plus grand que d’autres manifestations. » Ronan Fourgault, 32 ans, vétérinaire : « Le procès n’est pas fini, il est encore un peu tôt pour dire que ça a changé des choses. J’espère que ça réveillera une partie de la société sur le viol et les violences sexistes et sexuelles, sur le fait que ça peut être tout le monde et que, dans la majorité des cas, c’est quelqu’un qu’on connaît. Grâce au courage de Gisèle Pelicot, ce procès a un écho plus grand que d’autres manifestations. »

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