Carnaval 2025 : le SKL dénonce le détournement des fonds et les privilèges accordés aux épouses des Conseillers-Présidents

Carnaval 2025 : le SKL dénonce le détournement des fonds et les privilèges accordés aux épouses des Conseillers-Présidents

Dans un rapport d’enquête rendu public, l’Organisation de Défense des Droits Humains Sant Karl Lévêque (SKL) a dénoncé, ce mardi 8 avril 2025, la gestion opaque et la dilapidation des fonds publics par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT).

L’organisation lève le voile sur l’utilisation controversée des fonds alloués à l’organisation du Carnaval national 2025. Selon SKL, le CPT et le gouvernement dirigé par Alix Didier Fils-Aimé avaient prévu un carnaval à Fort-Liberté, du 2 au 4 mars 2025, pour un budget de plus de 500 millions de gourdes (environ 4 millions de dollars américains). Face à l’indignation générale et à la mobilisation de plusieurs secteurs de la société, l’événement a été annulé le 18 février. Toutefois, selon l’enquête de l’organisation, les fonds ont bel et bien été décaissés et détournés à des fins douteuses.

« Contrairement aux affirmations de certains responsables, les fonds prévus pour le carnaval ont bien été décaissés. Notre Organisation a recueilli des preuves selon lesquelles huit des neuf Conseillers-Présidents ont perçu chacun 5 millions de gourdes. Des ministres, des personnalités politiques et des particuliers auraient également empochés des sommes sous prétexte de « projets » à financer, dans des localités où les priorités urgentes sont la sécurité, l’alimentation, et le logement pour des milliers de déplacés internes», déplore l’organisation, soulignant que ce détournement constitue une trahison pure et simple de la mission confiée au CPT. «C’est une preuve que ces dirigeants placent leurs intérêts personnels et claniques bien au-dessus des souffrances du peuple haïtien», ajoute l’organisation.

« Pourtant, à l’épreuve des faits, le CPT s’éloigne gravement de ses engagements, des priorités de l’heure : la sécurité publique, le redressement économique, la justice, l’État de droit. Pire encore, les soupçons de corruption s’accumulent, alimentant un climat de trahison et de colère. Comment justifier l’absence de résultats concrets pendant que les ressources publiques sont dilapidées sans le moindre scrupule ? », s’interroge l’organisation.

Le rapport mentionne également d’autres scandales de corruption au sein du CPT, notamment le détournement de plus de 30 millions de gourdes destinées au service d’intelligence, qui auraient été répartis entre les Conseillers-Présidents, chacun empochant environ quatre millions de gourdes à des fins personnelles.

Un autre exemple cité est le programme multisectoriel d’urgence, financé par le FMI et le Trésor public. Ce programme visait à verser 20 000 gourdes à 261 000 parents d’élèves issus des écoles publiques. Pourtant, selon les enquêteurs, une grande partie des 8 milliards de gourdes alloués n’a jamais atteint plus de la moitié des bénéficiaires. Les fonds auraient été redirigés vers des réseaux clientélistes liés au pouvoir.

SKL dénonce également la rémunération indue de proches des membres du CPT.

« Chaque épouse de Conseiller-Président bénéficierait d’un montant mensuel de 500 000 gourdes, et 200 à 300 dollars américains par jour pour payer les frais d`allocation de leur voiture, sans qu’aucun travail utile à la République ne soit effectué en contrepartie. Cette pratique illustre le niveau extrême de gaspillage de fonds publics aux frais de la princesse», dénonce l’organisation.

Selon SKL, les ressources détournées auraient pu servir à renforcer les forces de sécurité nationales, la PNH et les FAD’H, ou à soutenir les milliers de familles déplacées, qui survivent dans des conditions inhumaines.

«En laissant faire, nous devenons tous des victimes en sursis, des cibles potentielles des balles assassines des groupes armés. Personne n’est à l’abri tant que ce plan destructeur n’est pas stoppé. Combattons cette descente programmée vers le chaos, et exigeons ensemble une gouvernance intègre, responsable, transparente et centrée sur les besoins urgents du peuple haïtien», conclu le rapport.