Coronavirus : aux Etats-Unis, tousser peut devenir « une menace terroriste »

Coronavirus : aux Etats-Unis, tousser peut devenir « une menace terroriste »

Barbancourt le rhum des connaisseurs Des clients respectent les mesures de distance sociale pour acheter des glaces, le 29 mars à Monterey (Californie). SHANNON STAPLETON / REUTERS LETTRE DE WASHINGTON Lécher des produits de toilette dans un supermarché du Missouri à la mi-mars, tout en s’esclaffant « qui a peur du coronavirus ? », n’était

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

Des clients respectent les mesures de distance sociale pour acheter des glaces, le 29 mars à Monterey (Californie). SHANNON STAPLETON / REUTERS
LETTRE DE WASHINGTON
Lécher des produits de toilette dans un supermarché du Missouri à la mi-mars, tout en s’esclaffant « qui a peur du coronavirus ? », n’était sans doute pas la plus brillante des idées. En publiant la vidéo de ses exploits sur Facebook, un jeune homme de 26 ans a commis au moins trois erreurs de jugement : il a sous-estimé la dangerosité du Covid-19, négligé la peur engendrée par la pandémie dans le pays et sous-évalué la réponse judiciaire à un comportement pour le moins déroutant ; l’acte d’un « crétin », a d’ailleurs jugé son avocat. Identifié grâce aux réseaux sociaux, le « crétin » a été inculpé de « menace terroriste au second degré », un crime en droit américain.
L’époque est ainsi faite que cette qualification s’applique désormais aux personnes, qui, intentionnellement, toussent et crachent sur leurs concitoyens, les forces de police ou des produits de grande consommation.
Arme biologique

Dans cet étrange contexte, le ministère de la justice américain invite en effet depuis quelques semaines les forces de l’ordre à appliquer aux infractions liées à la propagation volontaire du Covid-19 la législation habituellement réservée aux actes de terrorisme. Les autorités judiciaires estiment que le virus peut être considéré comme un « agent biologique » potentiellement utilisé comme une « arme ».
Il fallait y penser, mais visiblement, le jeune homme du Missouri n’est pas un cas isolé. A travers le pays, plusieurs autres personnes, prétendant être infectées, ont été surprises à expectorer sur des commerçants ou des biens, et également inculpées pour « menaces terroristes ». Certains Etats se montrent moins sévères, apparemment soucieux de ne pas criminaliser les dérives psychologiques de quelques individus, alors qu’en ces temps de crise sanitaire, la justice s’applique à limiter la population carcérale.
Dans le Massachusetts, un homme de 65 ans, qui avait consciencieusement craché sur les étals de fruits et légumes d’un supermarché avant d’être maîtrisé par un groupe de clients, a seulement été poursuivi pour « coups et blessures volontaires ». Le magasin a détruit l’ensemble des produits, désinfecté tous les rayons et banni à vie le sexagénaire.
Policiers en première ligne

Un incident plus rare, mais symbolique des tensions croissantes entre la population et les forces de l’ordre appelées à faire respecter confinement et distanciation sociale, s’est produit à Baltimore (Maryland), où un policier blanc a été surpris en train de tousser ostensiblement en direction d’un groupe d’habitants noirs, après qu’une femme l’eut pris à partie.

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