La géographe Sylvie Brunel, à Bordeaux, en avril 2016. PHILIPPE TARIS/SUD OUEST/MAXPPP Elle a compté dans ses rangs d’illustres savants et explorateurs, à l’image de Jules Verne, Anatole France, Paul-Emile Victor ou Jacques-Yves Cousteau. Elle a joué un rôle essentiel dans les grandes explorations des deux derniers siècles. Elle est également la plus ancienne des
Elle a compté dans ses rangs d’illustres savants et explorateurs, à l’image de Jules Verne, Anatole France, Paul-Emile Victor ou Jacques-Yves Cousteau. Elle a joué un rôle essentiel dans les grandes explorations des deux derniers siècles. Elle est également la plus ancienne des sociétés de géographie au monde, fondée à Paris en 1821. Malgré ce passé prestigieux, la Société de géographie est sous le feu de critiques, accusée d’être devenue un « bastion du climatoscepticisme ».
Deux de ses membres, le géographe Damien Deville et le cosmographe Maxime Blondeau, ont claqué la porte de la société savante le 6 novembre. En cause : l’attribution, samedi 30 novembre, du Grand Prix 2024 de l’institution à la géographe Sylvie Brunel, pour l’ensemble de son œuvre et en particulier pour l’ouvrage Nourrir. Cessons de maltraiter ceux qui nous font vivre (Buchet-Chastel, 2023).
La professeure émérite à Sorbonne-Université, âgée de 64 ans, a été au centre de polémiques pour avoir tenu ou relayé des propos climatosceptiques. En 2019, elle signait, avec 800 autres personnes, une lettre envoyée au secrétaire général des Nations unies, qui affirmait qu’« il n’y a pas d’urgence climatique », ou encore que « davantage de CO2 bénéficie à la nature ». Des arguments en totale opposition avec les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). En 2022, en pleine canicule en France, elle assurait sur BFM-TV : « Pas de panique », « c’est le quotidien quand vous vivez à Dakar ou Abou Dhabi ».
« Ce n’est pas une maladresse »
Aujourd’hui, Sylvie Brunel assure « regretter amèrement » ses propos passés, qui l’« enferment dans un rôle de méchante ». Elle reconnaît avoir « sous-estimé les vulnérabilités face aux chocs climatiques », comme lors des inondations meurtrières en Espagne. Tout en rejetant l’étiquette de « climato-rassuriste », la géographe continue toutefois de contredire les conclusions du dernier rapport du GIEC sur l’existence de limites à l’adaptation, c’est-à-dire que certains dégâts du réchauffement climatique ne pourront pas être évités. « Dire qu’on ne peut pas s’adapter, ça veut dire mettre les 3 milliards d’humains du monde tropical aux oubliettes », argue-t-elle, refusant par ailleurs de « désespérer la jeunesse ». « Le fait de dire que ce n’est pas si grave, que l’on arrivera toujours à trouver des solutions et à s’adapter est faux. C’est une forme de climatoscepticisme », prévient le climatologue Jean Jouzel.
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