Chaque année, la Banque interaméricaine de développement (BID) annonce fièrement de nouveaux projets « au service du développement d’Haïti ». Des montants astronomiques circulent dans les communiqués : 50 millions ici, 75 millions là, 100 millions ailleurs. Et pourtant, une question lancinante hante les rues de Port-au-Prince jusqu’aux mornes les plus reculés : où sont passés ces milliards ?
La réalité est crue. Haïti s’enlise. Les infrastructures se dégradent, les écoles ferment, les hôpitaux manquent de tout, et l’insécurité gangrène le pays. Dans ce chaos, la BID prétend œuvrer pour le progrès, mais ses “projets” se perdent dans un flou volontairement complexe, entre bureaucratie, gestion opaque et résultats invisibles pour la majorité.
Pendant que la population peine à se nourrir, à se déplacer, à survivre, les rapports de la BID parlent de « résilience climatique », de « cohésion sociale » et de « redynamisation économique ». Des mots creux. Des formules sans contenu réel, qui masquent une véritable absence d’impact concret sur le terrain.
La BID finance-t-elle des projets ? Oui. Mais à qui profitent-ils vraiment ? Certainement pas au citoyen lambda qui, chaque jour, risque sa vie pour acheter du pain ou emmener ses enfants à l’école. Les vrais bénéficiaires, ce sont les réseaux politico-affairistes, les ONG de façade, les cabinets-conseils, et ceux qui savent lire entre les lignes des appels d’offres verrouillés.
Combien de fois la population haïtienne a-t-elle entendu que “des millions de dollars sont investis dans le pays” ? Combien de fois ces sommes ont-elles été justifiées sans que l’on voie un seul résultat durable ? Trop souvent. Et cela suffit.
La BID est-elle complice passive d’un système dysfonctionnel ? La question mérite d’être posée. Car injecter des milliards sans contrôles sérieux, sans évaluation transparente, sans implication réelle des communautés locales, ce n’est pas du développement. C’est du gaspillage. Pire : c’est de l’entretien de la dépendance.
À ce stade, il ne suffit plus d’annoncer des projets. Ce que le peuple exige, c’est la vérité :
- Où sont passés les milliards ?
- Quels résultats concrets sur les dix dernières années ?
- Qui rend compte de l’échec répété des programmes dits “sociaux” ?
- Pourquoi la BID continue-t-elle à opérer sans redevabilité publique sérieuse ?
Haïti n’a pas besoin de cosmétique internationale. Elle a besoin d’un développement vrai, ancré dans la transparence, la justice et la souveraineté. Si la BID n’est pas capable de répondre à ces exigences, alors elle fait partie du problème.
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