Pourquoi la Russie a décidé de faire évoluer sa doctrine nucléaire

Pourquoi la Russie a décidé de faire évoluer sa doctrine nucléaire

Le président russe, Vladimir Poutine, lors du conseil de sécurité sur la dissuasion nucléaire au Kremlin, à Moscou, le 25 septembre 2024. ALEXEI NIKOLSKY / AP Barbancourt le rhum des connaisseurs Moscou a décidé, mercredi 25 septembre, de réviser sa doctrine nucléaire afin de l’adapter au nouveau contexte de la guerre en Ukraine. C’est ce qu’a annoncé le président russe,

Le président russe, Vladimir Poutine, lors du conseil de sécurité sur la dissuasion nucléaire au Kremlin, à Moscou, le 25 septembre 2024.

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Moscou a décidé, mercredi 25 septembre, de réviser sa doctrine nucléaire afin de l’adapter au nouveau contexte de la guerre en Ukraine. C’est ce qu’a annoncé le président russe, Vladimir Poutine, à l’occasion d’une réunion du conseil de sécurité de la Russie consacrée à ce sujet, dont un compte rendu a été rendu public. Un pas nouveau alors que, jusqu’à présent, le chef du Kremlin avait surtout multiplié les menaces déclaratoires.

Jusqu’ici, la doctrine nucléaire russe – dont le dernier document public date de 2020 – stipulait seulement que la Russie pouvait utiliser son propre arsenal en cas d’attaque nucléaire ou d’attaque conventionnelle « menaçant l’existence de l’Etat ». Cette fois, M. Poutine a proposé qu’une « agression contre la Russie par un Etat non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un Etat nucléaire, soit considérée comme une attaque conjointe contre la Fédération de Russie ». Une référence claire à l’Ukraine et à son offensive en cours dans la région de Koursk, en territoire russe.

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La future doctrine devrait aussi stipuler que la Russie pourra désormais utiliser des armes nucléaires « si elle recevait des informations fiables sur le début d’une attaque transfrontalière massive par voie aérienne au moyen de l’aviation stratégique et tactique, de missiles de croisière, de drones et d’armes hypersoniques », a déclaré M. Poutine. Une mention en lien direct avec l’annonce, vendredi 26 septembre, par le président américain, Joe Biden, de l’envoi à Kiev, de bombes planantes d’une portée de 20 kilomètres à 130 kilomètres. Ces Joint Standoff Weapon (JOSW) adaptables sur les F-16 qui ont commencé à être livrés à l’Ukraine depuis l’été, pourraient permettre à l’aviation de chasse, dans certaines circonstances, de frapper les forces russes dans la profondeur.

Enfin, la future doctrine pourrait mentionner pour la première fois, noir sur blanc, le fait que la Biélorussie est désormais sous le parapluie de la dissuasion russe. « Nous nous réservons le droit d’utiliser des armes nucléaires en cas d’agression contre la Russie et la Biélorussie en tant que membre de l’Etat de l’Union », a précisé Vladimir Poutine. Une annonce en cohérence avec l’arrivée présumée, sur le sol biélorusse, depuis le mois de juin 2023, d’ogives nucléaires. Soit le premier déploiement par Moscou d’armes nucléaire hors de la Russie depuis la chute de l’Union soviétique.

Des conditions d’emploi de l’arme atomique élargies

« Pour être opérationnelle, cette évolution de doctrine doit encore être validée par un décret présidentiel. Par ailleurs, telle qu’énoncée, elle ne constitue pas formellement un abaissement du seuil d’emploi de l’arme nucléaire, précise Héloïse Fayet, spécialiste des questions de dissuasion à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Par contre, les conditions d’emploi sont élargies, car auparavant seule la menace de missiles balistiques était prise en compte dans la définition de ces seuils, pas une éventuelle attaque aérienne de grande ampleur », ajoute-t-elle.

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