En Haïti, il y a deux secteurs vitaux où la population est prise en otage depuis des années : les télécommunications et l’aviation. Dans les deux cas, les coupables sont connus : un État complice, des compagnies privilégiées, et une corruption systémique qui bloque volontairement toute concurrence.
📶 Télécoms : deux compagnies, zéro concurrence
Le marché haïtien est dominé par Digicel et Natcom. Mais parler de “concurrence” entre ces deux-là est un abus de langage. Digicel tient plus de 85 % du marché ; Natcom survit grâce à ses liens étroits avec l’État et la complicité d’intérêts croisés.
Résultat :
- Services médiocres et instables.
- Réseaux sans cesse sabotés, sans que l’État impose des sanctions sérieuses.
- Des prix élevés injustifiés vu la qualité.
- Une absence totale de transparence dans la gestion des fréquences et des licences.
Pire encore : plusieurs entreprises étrangères ou locales ont tenté d’entrer sur le marché haïtien, mais se sont heurtées à un véritable mur administratif et politique. Licences refusées, dossiers bloqués, obstacles techniques créés artificiellement. Tout est fait pour protéger les intérêts des deux géants en place.
✈️ Transport aérien : Sunrise Airways, le monopole déguisé
Dans le domaine aérien, c’est exactement la même mécanique mafieuse. Sunrise Airways profite de l’instabilité politique et sécuritaire pour régner seule sur les lignes commerciales intérieures et certaines lignes régionales.
- Des prix exorbitants (jusqu’à 1000 dollars pour un vol Haïti–Miami).
- Des retards et annulations en chaîne.
- Aucun remboursement aux clients lésés.
- Des conditions de sécurité et de service inacceptables.
Là aussi, l’État ferme les yeux, et bloque volontairement l’arrivée de compagnies concurrentes qui souhaiteraient desservir Port-au-Prince, le Cap-Haïtien ou Les Cayes.
Le vrai problème : l’État haïtien lui-même
Dans les télécoms comme dans l’aérien, la racine du mal est au sommet de l’État :
- Le pouvoir attribue les licences selon des critères politiques et financiers, non selon l’intérêt public.
- Les organes de régulation comme le CONATEL sont sous contrôle ou corrompus.
- Les ministères concernés bloquent les nouvelles autorisations d’exploitation pour préserver des intérêts privés.
- Les juges et les parlementaires restent silencieux, car beaucoup sont impliqués dans les jeux d’influence et de commissions occultes.
Pendant ce temps, le peuple haïtien est privé d’accès à des services modernes, fiables et abordables. La jeunesse haïtienne ne peut pas pleinement profiter des outils numériques, les entreprises locales souffrent de connexions instables, et les familles doivent payer des fortunes pour voyager.
La solution : ouvrir le marché, briser les mafias économiques
Haïti doit cesser d’être la chasse gardée de quelques familles et de réseaux d’affaires mafieux. Il est temps :
- d’ouvrir les marchés télécoms et aériens à la concurrence locale et internationale,
- d’établir des règles claires, transparentes et équitables,
- de démanteler les réseaux de corruption qui bloquent les licences et manipulent les régulateurs,
- et de rendre enfin des comptes aux citoyens haïtiens.
Car l’enjeu est clair : soit Haïti reste prisonnière de quelques monopoles mafieux, soit elle construit enfin une vraie économie moderne, tournée vers l’intérêt de sa population.
Le choix appartient aux dirigeants — mais aussi au peuple, qui doit exiger des comptes.