Relancer une compagnie aérienne nationale : Un envol nécessaire pour Haïti
- Économie, Politique - Société, Social
- 19 décembre 2024
Enfermées et privées de statut légal, près de 300 personnes prises en charge par le gouvernement panaméen à la demande de l’administration Trump ne sont toujours pas fixées sur leur sort. Reportage de Grégoire Pourtier.
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Au cœur de Panama City, enserré entre un hôpital et un centre commercial abritant boutiques chics et casinos, le luxueux hôtel Decapolis a été vidé de ses touristes. On n’y pénètre plus qu’en trompant la vigilance de la police, mais pas de chambre disponible, impossible même d’y commander un café. « L’hôtel est en rénovation », nous explique-t-on dans le vaste lobby, déserté. En fait, le Decapolis hébergeait en ce début de semaine 299 migrants renvoyés des États-Unis.« J’ai aussi réussi à entrer, mais on m’a dit qu’il n’y avait pas d’instruction pour que je puisse rencontrer mes clients, qu’on ne pouvait rien me dire », relate Susana Sabalza, une avocate spécialisée dans les questions migratoires. « J’ai attendu toute la matinée et quand j’ai passé quelques coups de fil, immédiatement ont débarqué les services du Défenseur du peuple et des journalistes. Mais là, on nous a finalement viré de l’hôtel. »Les migrants sont isolés dans leurs chambres. On les aperçoit depuis l’extérieur, derrière leurs fenêtres, certains faisant des signes pour exprimer visiblement leur peur d’être renvoyés dans leur pays d’origine.Le Défenseur du peuple, un organe indépendant chargé des droits de l’homme au Panama, a pu, lui, accéder à certains de ces résidents forcés. Eduardo Leblanc, son directeur : « Nous sommes venus avec une psychologue, des avocats, des responsables des Droits de l’homme. Nous avons pu faire des entretiens, en priorité avec les familles, car la situation des enfants et des adolescents est le plus important pour nous. Nous avons donc parlé avec certains d’entre eux, pour voir comment ils allaient, et connaître un peu leur expérience ».Ils sont 24 enfants répartis dans 12 familles, dont l’une, taïwanaise, a des amis communs avec l’avocate Susana Sabalza. Elle voudrait les prendre en charge mais n’a pas pu les rencontrer au Decapolis, ni même leur parler par téléphone. Elle a finalement été informée officieusement qu’ils avaient été déplacés, de nuit, avec une centaine d’autres personnes, dans un camp précaire, en bordure de la jungle. Susana Sabalza dénonce les conditions imposées à ces migrants, dont la moitié aurait déjà accepté d’être rapatriés dans leur pays d’origine. « Le ministre de la Sécurité a indiqué fermement qu’ils ne sont pas séquestrés, qu’ils sont sous leur responsabilité, rappelle Susana Sabalza. Cependant, nous sommes sur le territoire panaméen, ils sont comme en détention car il y a clairement un vide juridique. Je n’accuse pas notre gouvernement car il faut être conscient de la pression imposée par les Etats-Unis. Mais jusqu’à quel point le Panama va-t-il accepter cela ? »Le petit pays est en effet dans le viseur de Donald Trump, qui a exprimé son envie de récupérer le canal que les Américains contrôlaient jusqu’à l’an 2000. Le président José Raul Mulino a cependant assuré que cette opération n’avait pas vocation à être reproduite, le Panama servant simplement de facilitateur avec des pays où les Etats-Unis n’auraient pas pu renvoyer ceux que Washington juge indésirables.Cependant, le Défenseur du peuple Eduardo Leblanc, estime que la situation légale doit être clarifiée. « Nous avons émis des recommandations pour le gouvernement panaméen par rapport à cette situation inédite pour le pays. Premièrement, toute les personnes qui entrent au Panama doivent avoir un statut migratoire. Ensuite, elles doivent avoir accès à des services de santé, d’alimentation. Enfin, elles doivent pouvoir solliciter l’asile dans les cas où c’est nécessaire, et il faut une attention spéciale pour les enfants et les adolescents. »Le gouvernement indique que 13 personnes ont déjà été rapatriées, et que l’opération, prise en charge par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence des Nations-Unies, ne coûtera pas un centime au pays.Frankétienne, mort d’un monument de la culture haïtiennePoète, écrivain, homme de théâtre, artiste, musicien, Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent de son vrai nom, est mort hier soir chez lui dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, à l’âge de 89 ans. La presse en Haïti lui rend un hommage appuyé et souligne son caractère hors-norme, « hyperbolique, abondant », selon le Nouvelliste, qui s’incline devant le départ d’un « génial mégalomane ». Frankétienne touchait à tout, à la littérature, à la chimie, aux mathématiques, « c’était un génie, un artiste polyvalent qui a peint des centaines de tableaux, écrit près de soixante-dix ouvrages mêlant poésies, romans, pièces de théâtre qu’il mettait lui-même en scène et qu’il interprétait avec succès. Frankétienne ne supportait pas la banalité, l’ordinaire, et prenait le parti de faire ce que les autres écrivains, les autres peintres ou dramaturges ne faisaient pas ».Il a exercé une énorme influence sur la poésie haïtienne, sur la langue aussi, avec ses propres mots, couchés, entre autre, dans un roman de 2017 : « embrindezingué », « salopété », « dévaginer », une ribambelle de néologismes qui ont forgé un art bien à lui, au cours d’une très longue carrière entamée dans les années 1960. Il deviendra d’ailleurs, note l’agence Alterpresse, le premier et éphémère titulaire du Ministère de la culture en Haïti, en 1988. Commandeur de l’Ordre des arts et des lettres, son œuvre multiforme continue, conclut Alterpresse, « d’influencer et d’inspirer les générations actuelles et les générations futures ».À lire aussiL’écrivain et poète haïtien, Frankétienne, est décédéLe ministère américain de l’Intérieur revient sur l’extension du TPS pour les Haïtiens Joe Biden avait étendu ce dispositif jusqu’en février 2026 pour les ressortissants haïtiens, l’administration Trump vient de revenir sur cette décision et la date butoir est ramenée au 3 août. Au-delà de ce jour, à moins qu’ils aient pu accéder à un autre statut légal, les Haïtiens qui bénéficiaient jusqu’alors du TPS seront à la merci d’une expulsion, et l’on parle d’un chiffre considérable : environ 500 000 Haïtiens seraient concernés par cette mesure. Dans le Miami Herald, colère de Frederica Wilson, élue démocrate de Floride, selon qui cette décision de la nouvelle Maison Blanche revient à un « baiser de la mort. Elle est révoltante, lâche Frederica Wilson, car les troubles qui touchent Haïti sont réels et nous devrions soutenir les Haïtiens au lieu de leur tourner le dos ».Les démocrates désarçonnés après un mois de présidence Trump30 jours au pouvoir, des bouleversements diplomatiques d’une ampleur inédite, une cohorte de décrets, des déclarations fracassantes qui noient la voix de l’opposition aux États-Unis : les démocrates ont bien du mal à réagir et s’adapter au rythme de la nouvelle Maison Blanche. Dossier de notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin, à réécouter dans son intégralité dans l’édition du jour. L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1èreLes chiffres alarmants de la sécurité routière en Guadeloupe : 54 morts sur les routes l’an dernier pour seulement 380 000 habitants.
READ MOREDepuis son retour au pouvoir, le président américain imprime un rythme politique effréné, prend des décisions radicales à la limite de la légalité et paralyse à la fois le camp démocrate et les médias. Analyse de Françoise Coste, professeur à l’Université de Toulouse Jean Jaurès et spécialiste de la politique intérieure américaine.
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RFI : La vitesse de décision de Donald Trump depuis son retour au pouvoir a surpris les Américains, s’agit-il d’une stratégie réfléchie ?Françoise Coste : Oui, car l’idée de « nettoyer Washington », Donald Trump s’en vantait avant même les élections, idem pour la question des expulsions d’immigrés clandestins. Le rythme de signature de ces décrets, plusieurs dizaines en à peine un mois, rappelle les 100 premiers jours de Franklin Roosevelt en 1932, lorsque Roosevelt a été élu au beau milieu de la Grande Dépression économique et qu’il a lancé son New Deal. C’est lui qui, le premier, a eu l’idée d’attaquer très vite, de ruer dans les brancards dès le début pour marquer les esprits. La différence, c’est qu’il y avait de la part de Roosevelt le souci de faire des projets de loi et de s’assurer que le Congrès les vote. Ce n’est pas du tout l’optique actuelle de la Maison Blanche qui opte pour des mesures unilatérales, sans passer par les élus.Faut-il y voir une manière de submerger l’opposition, qui n’a pas le temps de réagir ?Bien sûr, c’est très malin et c’est valable aussi bien pour l’opposition, qui est inexistante, que pour la presse, qui n’a pas le temps de creuser les sujets. On parle d’une à deux décisions par jour qui bouleversent des secteurs que l’on croyait intouchables. Or, l’opposition est à la fois sidérée de l’ampleur de ces changements et de leur rapidité. Elle en devient muette parce qu’elle ne sait pas par quel bout prendre le problème : le temps médiatique et le degré d’attention que les gens portent à la politique ne sont pas compatibles avec des séismes qui équivalent à quatre ou cinq Watergate quotidiens. C’est noyé dans la masse, pas forcément légal, mais ça passe. Sur le plan politique, c’est à la fois inquiétant et objectivement brillant. Quid des contre-pouvoirs comme l’appareil judiciaire, chargé de veiller à la légalité de ces décrets ?Des fonctionnaires fédéraux ont porté plainte pour licenciement abusif, estimant que leur mise à la porte n’avait pas respecté les conventions collectives. Mais il s’agit pour l’instant de plaintes individuelles, éparpillées dans plusieurs États, il n’y a pas d’effet de masse. Par ailleurs, le cours de la justice est très lent, il va falloir enquêter, aller au procès, faire appel à des tribunaux fédéraux, peut-être un jour à la Cour suprême. Tout ce processus peut prendre des années face à un Donald Trump lancé dans une course contre la montre. Il a l’avantage.Les États-Unis se dirigent-ils vers une crise constitutionnelle ?On y est déjà, car la Maison Blanche ne respecte pas le cadre législatif existant. Il y a aussi le manque de transparence, car bon nombre de ces décisions passent par le DOGE d’Elon Musk, qui n’est pas une agence créée par le Congrès et n’a pas de véritable statut. Dans le système américain, les ministres, les responsables des agences fédérales doivent être auditionnés par le Sénat et leur nomination validée par un vote. Personne n’a validé la nomination d’Elon Musk, personne n’a une idée précise de ses responsabilités juridiques. Prendre de telles décisions qui réorganisent de manière radicale le fonctionnement du gouvernement fédéral, sans cadre légal, c’est une attaque directe contre la Constitution.À écouter aussiQue retenir du premier mois de Donald Trump à la Maison Blanche Coup de rabot annoncé au PentagoneDans la série des coupes budgétaires, 50 milliards de dollars, soit 8% du budget, vont disparaître des crédits de la Défense. POLITICO a mis la main sur un mémo confidentiel qui témoigne d’un énorme coup de frein, y compris sur des investissements considérés jusqu’ici comme prioritaires : sous-marins de la classe Columbia, systèmes satellitaires, nouveaux avions. Mais surtout, le Pentagone serait amené à rappeler dans un futur proche au moins une partie de ses soldats déployés en Europe et au Proche-Orient. Il s’agit, selon le ministère américain de la Défense, de s’aligner sur les priorités de la campagne Trump : priorité à la sécurisation des frontières, à la mise au point d’un système anti-missile comparable au Dôme de fer israélien et fin des politiques d’inclusion et de diversité au sein de l’armée.À lire aussiÉtats-Unis: face à l’offensive de Trump et Musk, les fonctionnaires refusent de céder La semaine de Frantz Duval, rédacteur en chef du NouvellisteLe patron du plus ancien quotidien haïtien revient comme chaque jeudi sur les temps forts de l’actualité en Haïti. Les gangs grignotent chaque jour un peu plus de terrain sur plusieurs fronts de la métropole de Port-au-Prince et le Nouvelliste s’en alarme dans un article qui dénonce « l’incapacité, l’improvisation et le bricolage politique au sommet de l’État ».La seule note positive, c’est le maintien du soutien américain : les États-Unis continuent de fournir du matériel aussi bien aux forces de police qu’à la Mission internationale dirigée par le Kenya.L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1èreLa Martinique vient de signer un accord d’adhésion à la CARICOM, la communauté des Caraïbes, qui regroupe 15 membres. Le département français y voit de nouvelles opportunités de développement régional comme, par exemple, dans le domaine des produits pétroliers.
READ MOREL’ancien président brésilien d’extrême droite est inculpé pour avoir ourdi un complot en vue de renverser le résultat de l’élection présidentielle de 2022 au Brésil. Au total, 34 personnes ont été inculpées, dont plusieurs responsables militaires. Selon le procureur, ils sont « accusés d’avoir incité et exécuté des actes contraires aux trois pouvoirs et à l’État de droit démocratique ».
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À Rio de Janeiro, notre correspondante Sarah Cozzolino estime que « l’étau se resserre un peu plus autour de Jair Bolsonaro. » « Mais l’ancien président a déclaré ce mardi « ne pas être inquiet » , » ajoute-t-elle «Alors que la popularité de Lula est au plus bas, Jair Bolsonaro ne semble pas avoir renoncé à sa candidature à la présidentielle, en 2026. Lui et ses soutiens répondent aux accusations en deux mots « persécution politique ».La décision est désormais entre les mains de la Cour Suprême, qui pourra décider de l’ouverture d’un procès.Jair Bolsonaro prépare déjà la contre-attaque. O Globo dévoile que l’ancien président d’extrême droite va rencontrer des députés de l’opposition ce mercredi (19 février 2025) et d’autres députés acquis à sa cause. Lors de cette rencontre, croit savoir le journal, Jair Bolsonaro compte demander du soutien pour le projet d’amnistie des personnes reconnues coupables lors de l’insurrection du 8 Janvier 2023 à Brasilia. Les partisans de l’ex-président avaient envahi le siège des trois pouvoirs dans une tentative d’insurrection une semaine après la victoire de Lula, l’actuel président brésilien.Jair Bolsonaro compte aussi plaider pour modifier la loi dite Clean Record qui lui permettrait de devenir à nouveau éligible.Toute cette semaine, explique O Globo, l’ancien président multiplie les prises de contact. Lundi, à la veille de son inculpation, il a reçu toute l’après-midi des sénateurs et des députés qui le soutiennent. Il participera à un dîner mercredi soir avec des influenceurs d’extrême droite et doit aussi prendre part à plusieurs évènements politiques pour rallier sa base à sa cause.Pour Folha de Sao Paulo, Bolsonaro adope la « tactique Trump » pour revenir au pouvoir. Selon le journal, la croyance selon laquelle un ancien président sous le coup d’une condamnation ne peut pas se représenter n’est plus valable depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.Haïti : l’annulation du Carnaval à Fort-LibertéFace à la polémique, le Conseil présidentiel de transition fait marche arrière. Dans un communiqué publié ce mardi soir (18 février 2025), le CPT annonce l’annulation du Carnaval National qui devait se tenir dans la ville de Fort-Liberté les 2, 3 et 4 mars 2025. Une décision justifiée selon les autorités par « une détérioration de la situation sécuritaire à travers le pays. Le CPT affirme également avoir pris en compte les « préoccupations exprimées par la population à travers les médias et les forums citoyens ».Si le carnaval national est annulé, les festivités régionales restent autorisées, selon le communiqué présidentiel.La presse haïtienne salue d’une seule voix cette décision d’annuler le carnaval national : Frantz Duval dans son éditorial du Nouvelliste estime que le gouvernement a écouté la voix de la sagesse. «Tout le monde gagne et personne ne perd la face», ajoute notre confrère pour qui le gouvernement haïtien «propose pour une fois, une décision qui lui permet de faire croire qu’il est à l’écoute des critiques».Alterpresse de son côté revient sur la levée de boucliers qu’a provoquée l’annonce de la tenue du carnaval à Fort Liberté : «distractions honteuses, indécence, injustice, irresponsabilité, mépris des revendications de la population», les mots ne semblent pas assez forts pour décrire le sentiment des organisations de la société civile. L’agence en ligne rappelle le montant qui devait être accordé aux festivités : 300 millions de gourdes en tout, soit un peu plus de 2 millions d’euros alors que le pays manque de tout et que plusieurs milliers de personnes ont été déplacées en raison de la violence des gangs armés et vivent «dans des conditions infrahumaines».Après la décision du président américain d’expulser massivement les migrants illégaux des États-Unis, le New York Times titre « des centaines de migrants piégés au Panama ».À la Une du journal, la photo d’un hôtel modeste la nuit et aux fenêtres, des dizaines de migrants qui se couvrent le visage. Aucun n’est originaire du Panama, ils viennent d’Afghanistan, d’Iran, de Chine : des pays où il est difficile de les renvoyer. Ils sont donc envoyés loin de tout, dans un pays inconnu et sont 170 enfermés dans cet hôtel où « un migrant a tenté de se suicider, un autre s’est cassé la jambe en tentant de s’enfuir », rapporte le journal. « On leur a enlevé leur passeport, et leur téléphone » et ils ne savent pas ce qu’ils vont devenir. On leur a dit qu’ils seront peut-être envoyés dans un camp de fortune dans la jungle panaméenne. Le Panama en est maintenant responsable et est « sous une pression intense des autorités américaines, qui a menacé de reprendre le Canal de Panama ».La Estrella s’en fait aussi l’écho, parlant de 299 personnes enfermées dans un hôtel de Panama city. L’agence de presse EFE rapporte que des familles avec des bébés, des enfants et des personnes âgées ont demandé de l’aide. « Ils craignent pour leur vie s’ils sont renvoyés dans leur pays d’origine ».La fin d’USAID en Colombie remet en question l’aide aux migrants La Colombie était la principale bénéficiaire an Amérique Latine des fonds alloués par l’agence de coopération américaine USAID. Le pays, principale producteur mondial de cocaïne, a été victime d’un long conflit armé. L’aide venue de Washington représentait moins d1% du PIB mais elle finançait plus de 70% de l’aide humanitaire. La suspension des fonds de l’USAID a fait les gros titres des journaux.La coopération américaine finançait ici des programmes très divers, de la protection de la forêt amazonienne à la mise en œuvre de l’accord de 2016 signé avec la guérilla des FARC, en passant par le développement rural, l’éradication des cultures de coca ou encore l’aide aux migrants.La Colombie a reçu en moins de 10 ans plus de 3 millions de Vénézuéliens. Marie-Eve Detoeuf, notre correspondante à Bogota a rencontré Alba Pereira qui dirige une petite fondation qui offrait tous les jours 600 repas gratuits aux Vénézuéliens les plus démunis dans la ville de Bucaramanga : « Nous avons dû licencier les employés et la population dont nous nous occupions ne reçoit plus d’aide. La situation est terriblement critique, surtout qu’en ce moment la question des déplacés internes s’ajoute à celle des migrants. La ville de Bucaramanga reçoit en ce moment des déplacés qui arrivent de la région du Catatumbo ».Dans cette région du nord-est du pays, les combats entre des groupes armés ont provoqué depuis la mi-janvier 2025 le déplacement de quelque 50 000 personnes. La suspension de la coopération américaine a été décrétée pour 90 jours.Un reportage à écouter dans son intégralité dans la version audio de ce podcast.Mexique : 2 000 euros pour un AK47Depuis presque un demi-siècle, le Mexique souffre d’une criminalité importante notamment à cause de la puissance de feu des groupes criminels. Chaque année, il y a environ 30.000 homicides. La sécurité est depuis longtemps une priorité pour le gouvernement mexicain qui a tenté diverses stratégies pour endiguer la violence. En 2006, le président de l’époque, Felipe Calderon, avait déclenché une guerre contre les cartels qui n’a pas du tout résolu le problème, au contraire. Depuis, l’ex-président Andres Manuel Lopez Obrador tout comme l’actuelle cheffe de l’État Claudia Sheinbaum poursuivent une politique moins frontale qui cherche davantage à agir sur les causes de la violence.Les autorités ont mis en place un programme de désarmement volontaire. Pour Clara Burgada, la maire de Mexico, rencontrée par notre correspondante à Mexico, Gwendoline Duval, « Chaque arme récupérée représente un crime en moins dans ce pays. En 2019, il y avait 4 homicides par jour dans la capitale, mais grâce à cette politique, la moyenne en 2024 a baissé à 2,4. »Lancé par la présidente Claudia Sheinbaum lorsqu’elle était maire de Mexico, ce programme de désarmement va se déployer dans tout le pays. Avec le renforcement de la garde nationale, du renseignement et de la coordination des institutions mexicaines, c’est l’un des grands axes de la politique de sécurité du gouvernement.Un reportage à écouter dans son intégralité dans la version audio de ce podcast.L’actualité des Outre-Mer Benoît Ferrand de la 1ère évoque cette déclaration du nouveau directeur territorial de la police nationale en Martinique qui se dit très surpris par le niveau de violence dans l’île.
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Gotson Pierre, directeur de l’agence Alterpresse, revient sur ce nouveau carnage, qui a eu lieu ce dimanche. La plupart des victimes ont été sommairement tuées dans la rue, pour se venger du lynchage du père d’un membre du gang. Une mère a perdu quatre enfants et plusieurs familles ont fui le quartier jouxtant l’Académie de police. La tension reste palpable sur place. L’académie de police est depuis quelques mois une base opérationnelle avancée de la mission multinationale d’appui à la police. Mais la police ne parvient pas à éradiquer les activités criminelles aux portes mêmes de l’établissement.À lire aussi dans Alterpresse, une tribune signée de l’association des professeurs de l’Université d’État d’Haïti qui s’indignent du meurtre d’un étudiant en pleine salle de classe la semaine dernière.La République dominicaine va allonger le mur qui la sépare d’HaïtiLa République dominicaine a annoncé ce lundi 17 février un allongement d’une dizaine de kilomètres du mur qui la sépare d’Haïti, portant à 176 kilomètres la longueur prévue de cette barrière destinée à endiguer l’immigration.Saint-Domingue avait déjà fait construire un tronçon de 34 kilomètres. Le président Luis Abinader a annoncé un « appel d’offre » pour une extension « de 10 à 12 kilomètres ».Depuis octobre 2024, le gouvernement mène un plan d’expulsion à grande échelle des migrants haïtiens en situation irrégulière, avec 142 378 d’entre eux chassés en quatre mois, d’après la Direction générale des migrations (DGM).Politique anti-migration de Trump : reportage avec l’unité spéciale BorStar au TexasNotre envoyé spécial au Texas David Thomson a pu suivre une opération des unités d’élite de la police américaine déployées à la frontière avec le Mexique. Entre deux arrestations, les officiers estiment que l’immigration vers les États-Unis, qu’ils qualifient d’hémorragie, s’est « un peu arrêtée, mais pas totalement ». Ils disent que grâce à Trump, ils peuvent « reprendre le contrôle sur leur pays ». D’un autre côté, le Washington Post tient un tout autre discours. La période est très calme, selon le journal, avec moins de 50 arrestations par jour entre le secteur texan de Del Rio et la ville voisine d’Eagle Pass, alors qu’en 2023 on en comptait 5 000 par jour. Donald Trump a pourtant déployé 3 600 militaires pour venir prêter main forte à la police des frontières. Le maire de Del Rio dit ne pas savoir quel est l’objectif exact de leur mission. Depuis l’arrivée de Trump, entre les soldats déployés côté américain et côté mexicain, « il y a un militaire en poste pour chaque migrant qui tente de traverser ». Dans le comté voisin de Kinney, le shérif dit qu’il n’a jamais vu une période aussi calme, il n’y a pas eu une seule arrestation en 40 jours, et ses hommes ont repris leur train-train, « aller chercher les chats dans les arbres ou aider les vieilles dames à traverser, c’est le calme avant la tempête », dit-il. Le Washington Post estime qu’il y a actuellement 300 000 personnes qui attendent au Mexique de voir comment la politique antimigratoire de Trump va évoluer, et le calme actuel ne pourrait bien être que temporaire.Licenciements dans l’administration fédérale américaine : « une insulte qui s’ajoute au préjudice subi »USA Today s’est procuré les lettres de licenciements de 10 salariés de l’administration fédérale sur les milliers de personnes licenciés juste avant le long week-end du 15 février, des lettres envoyées plus souvent par mail. Elles mentionnent presque toutes des problèmes liés à la performance des employés alors que ceux-ci n’ont jamais eu de remontrances, ce qui ajoute « l’insulte au préjudice », dit le journal. Certains ont peur de ne pouvoir toucher le chômage, voire même de ne pouvoir retrouver du travail.USA Today publie aussi les photos de rassemblements à travers tout le pays contre ces coupes budgétaires, initiés par la commission de l’efficacité gouvernementale dirigé par Elon Musk. Le milliardaire est vu comme le bras armé de Donald Trump. Même le chef de la diplomatie Marco Rubio n’est plus qu’un pantin dans les mains du président, estime le journal Politico, et le « guide de survie du secrétaire d’État est en panne », devant un Elon Musk dont l’influence grandit jusque dans les sphères de la diplomatie américaine.Les appels à la démission du maire de New York se multiplientLe maire de New-York est sous la pression de son camp après que l’administration Trump a demandé à la justice d’abandonner les poursuites dont il fait l’objet dans une affaire de corruption. Le New York Times dans son éditorial revient sur l’incroyable arrangement entre Donald Trump et les avocats d’Eric Adams pour empêcher le Maire de New York de tomber. Le journal publie la photo d’un Donald Trump inquiétant sur fond noir, avec une main qui exhibe un gant en cuir. Il ressemble à un parrain de la pègre. Le président américain défi la justice, estime le journal, mais il a devant lui des hommes et des femmes « courageux et de vrais patriotes » estime le New-York Times.Bitcoin, le pari raté du président SalvadorienLe bitcoin n’a jamais été utilisé par la majorité des Salvadoriens et n’a aujourd’hui plus cours légal dans le pays. Un pari raté pour le présidentNayib Bukele, qui avait fait du pays le premier à adopter officiellement le bitcoin en 2021. Mais aussi le premier à mettre fin à la reconnaissance de cette cryptomonnaie.Pour Stéphane Genest, du service économie de RFI, ce que le président Bukele considérait comme une opération de modernisation du Salvador, n’a pas marché comme il l’avait envisagé. Pourtant, le gouvernement a beaucoup investi, entre 200 et 400 millions de dollars, en créant notamment une mesure incitative pour adopter le bitcoin.Colombie : l’ELN déclare une « grève armée » dans le nord-ouest du paysEn Colombie, pas de transports publics, pas d’approvisionnement des magasins, pas d’écoles à partir de ce mardi 18 février. L’ELN, l’armée de libération nationale, groupe armé colombien, a déclaré une « grève armée » dans le département de Chocó, au nord-ouest du pays.Les autorités locales appellent le président colombien, Gustavo Petro, à agir. Celui-ci avait promis la « paix totale » avec les groupes armés lors de sa campagne en 2022.Francisco Daza, coordinateur de la Fondation Paix et Réconciliation, joint par Carlos Pizarro de la rédaction en espagnol de RFI estime que le gouvernement est coincé entre deux positions contradictoires.Canada : le décès de la romancière et dramaturge canadienne Antonine Maillet, une « grande voix de l’Acadie »Antonine Maillet était aussi la première non-Européenne à recevoir le prix Goncourt, elle avait été promue commandeur de la Légion d’honneur. « Je suis d’autant plus heureuse de cette promotion que je suis Acadienne, et non pas seulement Canadienne, et il fallait continuellement combattre pour garder notre langue française dans un environnement anglophone », réagissait-elle en 2021 au micro de Marie Normand.La presse canadienne rend un hommage vibrant à cette grande dame qui a popularisé à l’extérieur duCanada l’histoire et la culture des Acadiens. Les réactions à la mort d’Antonine Maillet sont à la mesure de la perte que représente celle de cette immense autrice, témoignele Devoir. « On se souviendra longtemps des monologues songés de son personnage le plus connu ‘La Sagouine’ avec son bel accent acadien », a écrit le premier ministre du Québec, cité par le journal. Elle « a fait résonner l’Acadie et la francophonie canadienne aux quatre coins de la planète » estime le chef intérimaire du Parti libéral du Québec.La presse parle d’une « conteuse extraordinaire qui n’a jamais perdu la flamme de l’écriture ». Son éditeur se souvient de la dernière phrase qu’il a lu d’elle : « “La vie est juste en face.” Et quand il lui demande ce qu’elle veut dire par là, elle répondra : “Ma vraie vie commence.” ».
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