Après une annonce des Etats-Unis, le canal de Panama dément que les navires gouvernementaux américains pourront traverser gratuitement la voie maritime

Après une annonce des Etats-Unis, le canal de Panama dément que les navires gouvernementaux américains pourront traverser gratuitement la voie maritime

Le port de Cristobal, à Colon, à l’entrée du canal de Panama, le 4 février 2025. MATIAS DELACROIX / AP L’imbroglio ne fait que commencer. Le canal de Panama a démenti, mercredi 5 février, l’annonce faite quelques heures plus tôt par Washington, affirmant que les navires gouvernementaux américains avaient été autorisés à traverser cette voie maritime stratégique gratuitement.

Le port de Cristobal, à Colon, à l’entrée du canal de Panama, le 4 février 2025.

L’imbroglio ne fait que commencer. Le canal de Panama a démenti, mercredi 5 février, l’annonce faite quelques heures plus tôt par Washington, affirmant que les navires gouvernementaux américains avaient été autorisés à traverser cette voie maritime stratégique gratuitement.

« L’autorité du canal de Panama, qui a le pouvoir de fixer les péages et autres droits pour le franchissement du canal, annonce qu’elle n’a procédé à aucun ajustement de ces droits », a déclaré cette entité autonome qui administre la voie d’eau interocéanique. Elle a ajouté être « disponible pour établir un dialogue avec les fonctionnaires compétents des Etats-Unis concernant le passage des navires de guerre de ce pays ».

« L’Etat du Panama a donné son accord pour ne plus faire payer aux navires de l’Etat américain la traversée du canal de Panama », avait déclaré auparavant le département d’Etat dans une publication sur X, ajoutant que cela « va faire économiser des millions de dollars à l’Etat américain ».

Le président américain avait dit qu’il considérait que ces tarifs étaient injustes en raison des engagements des Etats-Unis à défendre cette voie maritime. En visite dimanche au Panama, le ministre des affaires étrangères américain, Marco Rubio, avait laissé entendre que le président panaméen, José Raul Mulino, avait pris note des préoccupations des Etats-Unis concernant les prix imposés aux navires militaires américains pour transiter via le canal. Il avait dit s’attendre à des annonces dans les jours à venir.

L’autorisation annoncée par le département d’Etat américain ne mentionnait pas les navires commerciaux américains, alors que 40 % du trafic de conteneurs américain passe par cette voie maritime reliant les océans Atlantique et Pacifique.

Construit par les Etats-Unis et inauguré en 1914, le canal de Panama est passé sous contrôle panaméen à la fin de 1999, en vertu de traités signés en 1977 par les présidents de l’époque, l’Américain Jimmy Carter et le Panaméen Omar Torrijos.

« Nous avons été très maltraités par ce cadeau insensé qui n’aurait jamais dû être fait. La promesse que nous avait faite le Panama n’a pas été tenue », avait déclaré M. Trump dans son discours d’investiture, en affirmant que les navires américains étaient « gravement surtaxés ». « Et, surtout, la Chine exploite le canal de Panama, et nous ne l’avons pas donné à la Chine, nous l’avons donné au Panama. Et nous allons le reprendre », avait-il asséné.

Influence chinoise croissante

Selon Washington, l’influence croissante de la Chine autour du canal menace les intérêts américains et pourrait permettre à Pékin de bloquer cette voie maritime stratégique en cas de conflit.

En cause : la concession accordée depuis 1977 à une filiale du conglomérat hongkongais CK Hutchison pour exploiter les ports panaméens de Balboa et de Cristobal, aux deux entrées du canal. La voie d’eau est, en revanche, gérée et administrée par une entité panaméenne autonome. Hutchison Ports PPC, filiale de Hutchison Holdings, avait obtenu une première concession de vingt-cinq ans, qui a été prolongée de vingt-cinq ans en 2021.

Depuis les pressions de M. Trump, la société fait l’objet d’un audit des autorités panaméennes afin de vérifier si elle respecte ses engagements financiers. Et deux avocats panaméens ont déposé une plainte demandant l’annulation de la concession.

Pendant la visite de M. Rubio, le président panaméen a, en outre, annoncé que son pays ne renouvellerait pas le mémorandum d’accord sur la participation du pays au projet mondial chinois d’infrastructures dit des « nouvelles routes de la soie ».

Conclu en 2017, ce mémorandum avait fait du Panama le premier pays de la région à s’associer au programme de Pékin. Il est renouvelé tous les trois ans par tacite reconduction, la prochaine échéance étant en 2026.

Les gouvernements américain et panaméen prévoient de nouveaux pourparlers vendredi concernant le canal, par lequel transite 5 % du commerce mondial et dont les Etats-Unis et la Chine sont les principaux utilisateurs.

Le Monde avec AFP

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