Guerre en RDC : Washington sanctionne un ministre rwandais, Berlin convoque l’ambassadeur

Guerre en RDC : Washington sanctionne un ministre rwandais, Berlin convoque l’ambassadeur

L’ancien chef d’état-major de l’armée rwandaise James Kabarebe lors du retrait de ses troupes de l’est de la République démocratique du Congo, en septembre 2002. ANTONY NJUGUNA / REUTERS Les Etats-Unis ont annoncé, jeudi 20 février, des sanctions financières contre le ministre rwandais de l’intégration régionale, James Kabarebe, accusé d’« orchestrer le soutien » du Rwanda au Mouvement

L’ancien chef d’état-major de l’armée rwandaise James Kabarebe lors du retrait de ses troupes de l’est de la République démocratique du Congo, en septembre 2002.

Les Etats-Unis ont annoncé, jeudi 20 février, des sanctions financières contre le ministre rwandais de l’intégration régionale, James Kabarebe, accusé d’« orchestrer le soutien » du Rwanda au Mouvement du 23-Mars (M23) dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Le même jour, le ministère allemand des affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur rwandais à Berlin, condamnant « fermement la violation du droit international » que constitue selon lui la présence des troupes rwandaises en RDC.

James Kabarebe est une « personnalité politique et militaire de premier plan qui a joué un rôle essentiel dans les conflits en RDC ces trois dernières décennies », souligne le ministère américain des finances dans un communiqué. A la tête des forces rwandaises en RDC entre 1996 et 1998, il a été ministre de la défense (2010-2018) puis conseiller à la sécurité du président Paul Kagame. Washington lui reproche d’« orchestrer le soutien de l’armée rwandaise » au M23, une rébellion qui s’est emparée depuis fin 2021 de larges pans de territoire de la province du Nord-Kivu. Fin janvier, le groupe armé a pris le contrôle de Goma, capitale du Nord-Kivu, avant de poursuivre son avancée vers Bukavu, capitale du Sud-Kivu tombée dimanche.

« Les Etats-Unis appellent les responsables rwandais à mettre fin à leur soutien au M23 » et à « respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC », écrit le ministère américain des affaires étrangères dans un communiqué distinct. De même, le ministère allemand des affaires étrangères, qui a convoqué jeudi l’ambassadeur rwandais à Berlin, demande à Kigali de « respecter l’intégrité de la RDC » et de « retirer ses troupes ». L’Allemagne réclame « un processus politique », seul moyen selon elle de trouver une « solution au conflit » et d’« empêcher une escalade régionale ». Kinshasa doit pour cela « parler au M23 et prendre au sérieux les intérêts légitimes de sécurité du Rwanda », estime Berlin.

« Les sanctions [américaines] sont injustifiées et infondées », a réagi auprès de l’Agence France-Presse (AFP) la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo : « La communauté internationale devrait soutenir et non saper les efforts en cours dans la région pour trouver une solution politique. »

Washington a également sanctionné le porte-parole politique du M23, Lawrence Kanyuka, qui détient une société enregistrée au Royaume-Uni et une autre en France, selon le communiqué. Les sanctions entraînent le gel des avoirs détenus directement ou indirectement par les entreprises visées aux Etats-Unis, ainsi que l’interdiction pour des entreprises basées aux Etats-Unis ou des citoyens américains de commercer avec les cibles des sanctions sous peine d’être sanctionnés à leur tour. Elles viennent aussi, de fait, compliquer les échanges commerciaux des entreprises sous sanctions en limitant leur possibilité d’utiliser le dollar dans leurs transactions, au risque de tomber sous juridiction américaine.

Le Monde avec AFP

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