Eva Joly, au Harry’s Bar, à Paris, le 29 janvier 2025. LAURA STEVENS POUR « LE MONDE » Elle est arrivée la première au Harry’s Bar, s’est installée dans un recoin tamisé, a commandé un single malt. On retrouve Eva Joly inchangée : des cheveux blonds encadrant un visage souriant, de grands yeux bleus derrière des lunettes œil-de-chat.
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Elle est arrivée la première au Harry’s Bar, s’est installée dans un recoin tamisé, a commandé un single malt. On retrouve Eva Joly inchangée : des cheveux blonds encadrant un visage souriant, de grands yeux bleus derrière des lunettes œil-de-chat. Elle tutoie d’emblée, de plain-pied. Comment croire que l’intransigeante magistrate de l’affaire Elf (1994-2003), ex-députée européenne et figure de la lutte contre l’évasion fiscale, qui a représenté Europe Ecologie-Les Verts à l’élection présidentielle de 2012, a aujourd’hui 81 ans ? « C’est parce que je travaille beaucoup et que je bois du whisky ! », dit-elle en riant.
Celle qui vient de publier un livre de souvenirs – J’ai passé une nuit d’hiver dehors (Les Arènes, 2024) – n’assume pas vraiment le mot « Mémoires », « un peu prétentieux », lui préfère celui de « témoignage ». L’ex-magistrate a entrepris ce travail « libérateur » parce qu’on a « trop parlé à [sa] place ». Notamment pendant l’affaire Elf, l’affaire de sa vie, instruite au pôle financier du Palais de justice de Paris : une enquête tentaculaire visant à démonter tout un système de prébendes et de faveurs « dignes de l’ancien régime », impliquant plusieurs dirigeants de la compagnie pétrolière et responsables politiques, dont l’ancien ministre de François Mitterrand Roland Dumas. « On se baissait, on ramassait des délits… », se souvient celle qui, en 1996, a placé en détention l’ex-PDG d’Elf Loïk Le Floch-Prigent, suscitant un vent de panique au sein du patronat français.
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