Le narcotrafiquant Mohamed Amra, en fuite depuis son évasion meurtrière il y a neuf mois, a été arrêté en Roumanie, a annoncé Bruno Retailleau, le ministre l’intérieur, samedi 22 février. Le 14 mai 2024, deux agents pénitentiaires avaient été tués et trois autres blessés lors de l’attaque ultraviolente, au péage d’Incarville (Eure), du fourgon dans lequel se trouvait l’homme qui était en cours de transfert de la prison d’Evreux vers le tribunal de Caen.

Le parquet de Paris, auquel appartient la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), a confirmé « l’interpellation d’un homme en Roumanie, fortement susceptible d’être Mohamed Amra », précisant que « les vérifications qui s’imposent sont en cours ».

Invité du JT de 20 heures de TF1, Bruno Retailleau a salué « un travail extraordinaire de nos enquêteurs (…) des magistrats » et salué la « coopération absolument exemplaire avec la Roumanie. » « Ce soir, on l’a eu et ce que je veux dire à tous ces “narco-racailles”, à tous ces criminels de grand chemin, c’est que partout, nous les traquerons, nulle part ils ne seront en sécurité. » Le ministre a précisé que Mohamed Amra devrait être extradé vers la France « tout au plus dans quelques semaines », s’il utilise tous les moyens à sa disposition pour retarder la procédure. « Mais peu importe, il est à l’abri, bien gardé à Bucarest, en Roumanie, et nous l’avons eu. » A propos d’éventuelles interpellations supplémentaires, il s’est refusé à en dire davantage.

Dès l’annonce de son arrestation, le président de la République a salué « un formidable succès ». « Je veux d’abord remercier les collègues européens et féliciter les services d’enquêteurs français qui, depuis des mois et des mois, ont traqué Mohamed Amra. Et j’ai une pensée d’émotion pour les familles des personnels de la pénitentiaire qu’il a fait tuer », a déclaré Emmanuel Macron au cours d’un déplacement au Salon de l’agriculture.

Avis de recherche international

Le ministre de la justice, Gérald Darmanin, qui détenait à l’époque de l’attaque meurtrière le portefeuille de l’intérieur, s’est également félicité sur X de cette issue. « A la fin, la police et la justice gagnent toujours », a-t-il estimé. Le premier ministre François Bayrou a, lui, vanté un « magnifique succès de notre police nationale ».

Selon les médias roumains, l’homme a été arrêté à Bucarest et devrait être présenté à un juge.

Le fugitif et ses complices étaient recherchés en France par plus de 300 enquêteurs. La traque s’était aussi organisée au-delà des frontières hexagonales : Interpol avait émis à la demande de la France un avis de recherche international contre Mohamed Amra, surnommé « La Mouche ». Au moment de son évasion, ce dernier était détenu pour vol avec effraction et association de malfaiteurs, mais également mis en examen à Marseille pour enlèvement et séquestration ayant entraîné la mort.

Soulagement des familles des agents pénitentiaires

Après l’attaque d’Incarville, une information judiciaire, menée par la Junalco et confiée à la police judiciaire, avait été ouverte notamment pour meurtres, tentatives de meurtre et évasion, le tout en bande organisée. Un rapport de l’inspection générale de la justice avait souligné un « déficit » de communication entre les différentes autorités judiciaires, pénitentiaires et les enquêteurs, qui avait conduit à considérer Amra comme un détenu ordinaire et non comme un détenu particulièrement dangereux.

« Plus de neuf mois après l’assassinat barbare d’Arnaud Garcia, l’arrestation de Mohamed Amra est évidemment un immense soulagement pour sa famille », ont déclaré M^es Pauline Ragot et Thibault de Montbrial, avocats de la veuve du surveillant brigadier Arnaud Garcia, tué avec le capitaine pénitentiaire Fabrice Moello dans l’attaque du fourgon blindé.

« Nous saluons le travail des enquêteurs et des juges d’instruction. Cette arrestation marque une étape importante et c’est un premier soulagement pour la famille. Il convient que les investigations se poursuivent sereinement et que la famille continue d’être préservée », a déclaré à l’Agence France-Presse Matthieu Chirez, l’avocat de la veuve et des deux fils de Fabrice Moello.