Un Contrat de Lobbying Controversé en Haïti

Le gouvernement haïtien a décidé d’allouer une somme de 35 000 dollars américains par mois à une firme de lobbyistes basée aux États-Unis. L’objectif : tenter d’influencer la Maison-Blanche sur la question haïtienne.

Ce contrat a été signé par le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé le 7 février dernier et enregistré au ministère de la Justice des États-Unis le 18 février. Il est dirigé par Carlos Trujillo, un ancien membre républicain du Congrès de Floride et ancien ambassadeur de Donald Trump auprès de l’Organisation des États Américains (OEA).

D’après le Miami Herald, Trujillo est un personnage clé de l’entourage de Donald Trump, ayant joué un rôle influent dans sa campagne présidentielle. Son expertise et son réseau politique pourraient être des atouts pour défendre les intérêts d’Haïti auprès des décideurs américains.

Un Choix Stratégiquement Critiqué

Si l’objectif du gouvernement haïtien est de plaider sa cause auprès des États-Unis, cette décision suscite néanmoins de vives critiques. En effet, depuis l’arrivée du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), aucune acquisition de matériel n’a été faite pour renforcer les forces de l’ordre haïtiennes face aux gangs armés.

La priorité de l’État haïtien ne devrait-elle pas être d’investir dans la sécurité intérieure du pays ? Cette dépense, perçue comme non essentielle par de nombreux citoyens, accentue le sentiment de frustration face à l’inaction du gouvernement dans la lutte contre l’insécurité.

Le Lobbying, Une Pratique Mondiale

Haïti n’est pas le seul pays à faire appel aux services de firmes de lobbying. De nombreux gouvernements dans le monde engagent des consultants et avocats spécialisés pour défendre leurs intérêts :

• Arabie Saoudite : Des millions de dollars investis chaque année pour soigner son image et influencer la politique étrangère américaine.

• Israël : Un lobbying puissant aux États-Unis via des organisations influentes.

• Ukraine : A dépensé plusieurs millions pour obtenir du soutien militaire et économique depuis l’invasion russe.

• Chine et Russie : Ont leurs propres stratégies d’influence, souvent via des canaux moins visibles.

Ces investissements stratégiques permettent d’accéder aux décideurs politiques et d’influencer les relations internationales. Toutefois, dans un pays en crise comme Haïti, cette priorité budgétaire est largement contestée.

Le choix du gouvernement haïtien de financer un cabinet de lobbying aux États-Unis s’inscrit dans une pratique mondiale. Cependant, il soulève une question essentielle : cette dépense est-elle justifiée alors que le pays fait face à une crise sécuritaire et humanitaire majeure ?

Les autorités doivent-elles consacrer leurs ressources à influencer la Maison-Blanche ou les investir dans des solutions concrètes pour protéger la population haïtienne ? La réponse à cette question déterminera l’avenir du pays dans les mois à venir.