Troubles sociaux et inquiétudes dans le secteur de l’assemblage textile

Troubles sociaux et inquiétudes dans le secteur de l’assemblage textile

Depuis quelques années, Haïti fait face à une crise économique et sociale sans précédent. Le secteur textile n’est pas épargné, car les emplois dans ce domaine sont passés de 60 000 emplois directs à 25 000 aujourd’hui. Même au niveau du parc industriel de Caracol, dans le Nord — zone relativement calme sur le plan sécuritaire jusqu’à présent — plusieurs entreprises étrangères ont fermé leurs portes ou réduit considérablement la taille de leurs opérations. Le parc, qui jadis employait 20 000 personnes à Caracol, est aujourd’hui réduit à 5 000 emplois directs.

À Port-au-Prince, les dernières fermetures d’usines de sous-traitance remontent au mois de juin dernier, durant lequel deux usines ont cessé définitivement leurs activités, licenciant environ 2 500 employés. L’impact est considérable, tant pour ces familles qui se retrouvent aujourd’hui sans revenus que pour tous les micro-entrepreneurs qui dépendaient de ces opérations : vendeurs de nourriture et de boissons aux alentours des usines, mototaxis et autres petits commerçants qui disposaient d’un marché captif.

La nervosité de ces familles aux abois s’est fait sentir le vendredi 22 août dernier, lorsqu’un groupe d’ouvriers en colère a mis le feu au portail de l’usine SISA, située dans la zone de Clercine. Selon les riverains interrogés par la rédaction, les incidents ont été provoqués par des retards dans le paiement de salaires dus, promis pour ce jour-là par la direction.

Dans le cadre de notre enquête, notre média a pu consulter des cadres de l’entreprise, qui ont confirmé que les montants dus aux employés avaient effectivement été versés avec un jour de retard par rapport à la date prévue, et que l’entreprise s’était engagée à s’acquitter de toutes ses obligations envers son personnel.

Bien avant ces incidents, la SISA avait commencé à recevoir des menaces directes d’un petit groupe d’ouvriers massés devant les portails fermés de l’entreprise. Des messages vocaux à caractère violent circulaient, promettant l’incendie des installations si leurs revendications n’étaient pas satisfaites.

Ce retard de paiement a créé un climat explosif. Les employés, déjà fragilisés par l’insécurité et le chômage, se disent prêts à « passer à une vitesse supérieure » si leurs droits ne sont pas respectés et si leurs prestations légales ne sont pas honorées dans les plus brefs délais. La tension sociale grimpe dangereusement et risque de se transformer en conflit ouvert.

L’exemple de la SISA illustre une réalité plus large : la destruction progressive des bases de l’économie haïtienne. Si aucune mesure urgente n’est prise par les autorités pour relancer ce secteur, jadis présenté comme une solution viable pour la création massive d’emplois, les entreprises et les zones franches disparaîtront une à une, laissant derrière elles des milliers de travailleurs sans ressources et une société encore plus vulnérable à la violence.

Yvon SAINT-CLAIR

1 comment

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *

1 Comment

  • Smith Guerby
    26 août 2025, 18:34

    Comment *38330911

    REPLY