Mauritanie : Mohamed Ould Ghazouani, un nouveau président issu du sérail

Ancien chef d’état-major et ministre de la défense, le nouveau chef de l’Etat a fait toute sa carrière aux côtés du président sortant Mohamed Ould Abdelaziz. Par Christophe Châtelot Publié aujourd’hui à 17h00 Temps de Lecture 5 min. Article réservé aux abonnés Mohamed Ould Ghazouani lors de son dernier meeting de campagne présidentielle, à Nouakchott,

Ancien chef d’état-major et ministre de la défense, le nouveau chef de l’Etat a fait toute sa carrière aux côtés du président sortant Mohamed Ould Abdelaziz.

Par Publié aujourd’hui à 17h00

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Mohamed Ould Ghazouani lors de son dernier meeting de campagne présidentielle, à Nouakchott, le 20 juin 2019.

Mohamed Ould Ghazouani lors de son dernier meeting de campagne présidentielle, à Nouakchott, le 20 juin 2019. SIA KAMBOU / AFP

Ce jour-là, le 1er mars, le président de la Mauritanie Mohamed Ould Abdelaziz a dû se demander s’il avait bien choisi son dauphin. La campagne électorale n’était pas encore officiellement lancée, mais Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, plus communément appelé Mohamed Ould Ghazouani, était déjà dans la peau du candidat du pouvoir pour l’élection présidentielle du 22 juin, qu’il a remportée dès le premier tour avec 52 % des voix face à cinq autres candidats.

Un passage de son discours prononcé devant des milliers de personnes réunies au stade Cheikha Ould Boïdya de Nouakchott alimenta les discussions. Celui où il rendait hommage à tous les présidents mauritaniens depuis l’indépendance de 1960 tout en précisant : « Je ne dirai pas que chacun d’entre eux a totalement réussi car, si tel était le cas, nous n’aurions pas constaté les dysfonctionnements et les insuffisances, qui sont en réalité le propre de toute œuvre humaine. »

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Ce qui fut immédiatement interprété comme une critique adressée au chef de l’Etat ou tout du moins une prise de distance vis-à-vis de celui qui dirige le pays d’une main de fer depuis 2008. On a d’ailleurs beaucoup dit à Nouakchott que le président n’avait pas apprécié cette sortie et l’avait fait savoir au principal intéressé.

« Un même système militaro-affairiste »

Plus qu’une anecdote, cet épisode recouvre une évidence : les deux hommes sont des proches – sinon il n’aurait pas été choisi comme un candidat –, mais Mohamed Ould Ghazouani n’est pas la marionnette de son mentor, ni son clone. C’était la ligne d’attaque choisie par l’opposition. Un peu en désespoir de cause. Celle-ci pariait en effet sur la tentative de l’actuel chef de l’Etat de briguer un troisième mandat, anticonstitutionnel, et a été prise de court par la décision inverse. « Le pouvoir a entretenu le flou sur cette question jusqu’au dernier moment. On s’est concentré sur letout sauf Aziz », reconnaît Mohamed Ould Maoloud, l’un des six candidats à la présidentielle. « Mais ce sont les mêmes, issus du même système militaro-affairiste », ajoute-t-il.

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Une lecture rapide de son curriculum vitae pourrait laisser penser que la victoire de Mohamed Ould Ghazaoui est un simple remplacement poste pour poste. Un général chassant l’autre. Les deux hommes – nés à onze jours d’écart en décembre 1956 – sont en effet des compagnons d’armes depuis leur rencontre à l’Académie royale militaire de Meknès, au Maroc. Ensemble, ils participent à deux coups d’Etat, dont celui de 2008 qui mit un terme précoce à la première transition démocratique mauritanienne.