Des Péruviens ont quitté Lima et marchent le long d’une voie ferrée à Matucana, au Pérou, mardi 15 avril, pour tenter de rejoindre leur région d’origine.
« Nous n’avons rien, comment allons nous survivre à Lima ? », se désespère un jeune homme devant une caméra de télévision nationale.
Il fait partie d’un groupe de plusieurs centaines de personnes qui sont parties de la capitale, Lima, en début de semaine, pour échapper à une situation économique devenue pour elles intenable alors que le confinement obligatoire est en vigueur jusqu’au 26 avril, et rejoindre leur région d’origine.
Ces familles expliquent qu’elles se sont retrouvées sans emploi du jour au lendemain du fait du confinement et, pour certaines, expulsées de leur logement. Elles n’ont eu d’autre choix que de partir, bravant l’interdiction de déplacement et l’absence de transports. Au Pérou, 2,7 millions de foyers pauvres sont censés recevoir une allocation de 380 soles (environ 100 euros) débloquée par l’Etat pendant l’état d’urgence, mais les aides tardent à arriver. Aussi, beaucoup de personnes, pourtant en situation de grande pauvreté, ne sont pas recensées.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Pérou lance le plan de soutien économique le plus ambitieux d’Amérique latine
Pour la plupart originaires des Andes centrales, à plusieurs centaines de kilomètres à l’est de Lima, ces familles espèrent regagner leur région, bien que toutes les routes du pays soient coupées. Au Pérou, le Covid-19 a causé le mort de 254 personnes, et près de 11 500 ont été testées positives, selon le dernier bilan. Un couvre-feu est actuellement en vigueur entre 18 heures et 4 heures du matin.
Des tests de dépistage doivent être effectués
Ces familles ont donc tenté le voyage d’abord cachées dans des camions de marchandises, puis ont poursuivi à pied sur les routes de montagne. Des vidéos montrent des hommes portant des baluchons, des enfants et des femmes avec des nourrissons dans les bras, marchant sous un soleil intense.
Mais la caravane humaine a été stoppée dans la province liménienne de Huarochiri, au kilomètre 48 de la Carretera Central (« route centrale »), par un barrage des forces de l’ordre.
Le gouvernement, tout comme les autorités régionales, craignent que les personnes ne propagent le virus à l’intérieur du pays, et ont proposé de les mettre à l’abri jusqu’à la fin du confinement, le 26 avril. La plupart d’entre elles ont refusé, de peur d’être infectées du fait de la promiscuité. Certaines ont alors tenté de forcer le barrage de police, avant de se faire à nouveau arrêter.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Confinement au Pérou : sorties différenciées entre hommes et femmes, les transgenres inquiets
La ministre de l’environnement, Fabiola Muñoz, a été dépêchée sur place mardi 14 avril au soir pour trouver un compromis. Une issue semble se dessiner après l’annonce du chef de l’Etat, Martin Vizcarra, mardi, d’un décret permettant aux personnes bloquées loin de chez elles de rentrer par des convois exceptionnels.
Des tests de dépistage rapide doivent d’abord être effectués de manière systématique sur tous les voyageurs. Mercredi soir, près de 1 000 tests avaient été réalisés selon la ministre, une quarantaine se révélant positifs. Certaines personnes non contaminées ont déjà pu regagner leur région par des bus affrétés par les municipalités, tandis que de nombreuses autres patientent dans un stade. Celles testées positives devraient être redirigées à Lima et prises en charge. Toutes devront observer un isolement de quinze jours et seront surveillées.
La ministre Fabiola Muñoz a rappelé que cette autorisation de transferts était « exceptionnelle et humanitaire ». Les autorités tentent de reprendre la main avant que d’autres groupes ne soient tentés de se déplacer massivement. Elles ont prévenu qu’un renforcement des contrôles serait mis en place sur la Carretera Central.
STRINGER / REUTERS