Les Nations Unies préoccupées par la prolifération des gangs en Haïti

Les Nations Unies préoccupées par la prolifération des gangs en Haïti

Dans un communiqué de presse les Nations Unies se disent mobiliser face à la montée de la violence et la prolifération des gangs en Haïti. Les Nations Unies font remarquer qu’un an après le départ des dernières forces de la MINUJUSTH, le contexte sécuritaire haïtien demeure fragile, avec une recrudescence d’épisodes de violence dont la population est la principale victime.

Depuis le meurtre de Maître Monferrier Dorval le 28 août, plusieurs pères et mères, enfants, étudiants, hommes de lois, travailleurs, et entrepreneurs ont été assassinés, renforçant la peur au quotidien dans de nombreux foyers. Des centaines de familles sont actuellement hébergées dans des abris de fortune après que leurs maisons aient été incendiées par les gangs, notamment dans les quartiers de Bel Air et de La Saline. Des défenseurs des droits humains et des journalistes sont menacés de mort pour avoir révélé et dénoncé des injustices. Des manifestants, tel que l’étudiant Grégory Saint-Hilaire, sont tués ou blessés en prenant part à des mouvements de revendication pacifiques. C’est sur cette réalité que se fondent les demandes citoyennes pour plus de sécurité et de justice.

Le dernier rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur la situation en Haïti, présenté au Conseil de Sécurité le 5 octobre 2020, tire sans ambages la sonnette d’alarme sur l’impact croissant de la violence, y compris celle liée aux gangs, sur la population. Dans la capitale, les bandes criminelles armées sapent de plus en plus l’autorité de l’État et ont causé une augmentation brutale du nombre de victimes dans certains quartiers.

La violence des gangs a une incidence directe sur l’activité économique, formelle et informelle, sur l’emploi, et sur l’attractivité du pays. Elle se fait également sentir au sein des ménages en situation de vulnérabilité, dont elle réduit l’accès – déjà limité – aux services, y compris d’assainissement, de santé et d’éducation. Eu égard à la polarisation actuelle de la sphère politique, cette violence est particulièrement préoccupante à l’approche d’un nouveau cycle électoral, alors même que les auteurs des attaques armées de ces dernières années à Grande Ravine, La Saline ou encore Bel Air n’ont toujours pas été traduits en justice.

Le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) dit condamner avec véhémence tous les actes de violence contre la population qui contribuent à la montée de l’insécurité sur le territoire national. De plus, il rappelle que l’État haïtien a l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger les populations prises en otage par les actions criminelles des gangs et l’encourage à renforcer les moyens et la présence de la PNH auprès des populations les plus vulnérables pour combattre cette menace pour la démocratie, la justice et la stabilité. Enfin, le BINUH déplore l’impunité dont jouissent actuellement des membres de nombreuses bandes armées. Cette dernière est un affront à l’État de droit et nourrit de nouveaux cycles de violence.

«Le12 octobre dernier, le Secrétaire General des Nations Unies a renouvelé son appel à un cessez-le-feu global afin de protéger les communautés touchées par la crise sanitaire du COVID-19 et leur donner un espoir de paix et de sécurité. Cet appel concerne également Haïti, membre fondateur de l’organisation des Nations Unies, où la cessation de toute forme de violence par les gangs armés – que ce soit les kidnappings, assassinats, attaques et actes d’intimidation contre la population– est un impératif absolu».

Les Nations-Unies encouragent les acteurs étatiques, à commencer par la CNDDR – l’entité nationale chargée de la coordination de lutte contre la violence au sein des collectivités, et les acteurs de la société civile, y compris les groupes de jeunes.