La transition Trump-Biden dans l’impasse

La transition Trump-Biden dans l’impasse

La directrice des services généraux de l’administration américaine refuse pour l’instant de signer l’ordre organisant la transition entre les équipes de Trump et de Biden, une épine dans le pied pour les démocrates.

C’est «la femme la plus puissante de Washington (pour le moment)». Selon le média Politico, Emily Murphy, la directrice des services généraux de l’administration américaine (General Services Administration, GSA en anglais), tient entre ses mains le pouvoir de reconnaître l’élection de Joe Biden. Et pour l’instant, elle ne semble pas prête à sauter le pas. Elle refuse de signer une lettre autorisant les équipes du démocrate à commencer à travailler à la passation de pouvoirs. Sans cela, impossible d’obtenir les financements fédéraux nécessaires pour mettre sur pied la nouvelle administration gouvernementale ni faire un point sur les sujets confidentiels avec les agents en place.

Emily Murphy se trouve dans une bien mauvaise posture. Sa signature consisterait en une reconnaissance officielle par le gouvernement fédéral de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine. Difficile à concéder alors que Donald Trump martèle que sa réélection lui a été volée et qu’il a largement remporté le scrutin. D’autant que c’est Trump lui-même qui a nommé Emily Murphy.
«Aucun vainqueur n’a été clairement déclaré», a temporisé Pamela Pennington, la porte-parole des GSA. En effet, tant que le collège électoral ne s’est pas réuni pour voter, ce qu’il fera le 14 décembre, le president-elect n’est annoncé «que» par les médias. Lors des élections précédentes, cette annonce suffisait pourtant aux GSA pour enclencher le processus de transition. D’après les informations du Washington Post, Trump a tout de même autorisé ses principaux collaborateurs à participer au processus de transition à condition que cela reste confidentiel.

Madame loyale

En refusant de signer, la directrice des GSA réaffirme sa loyauté envers le président Trump. Ce n’est pas la première fois qu’elle le protège ainsi. En 2018, les démocrates l’ont accusée d’avoir donné des réponses incomplètes à propos de l’affaire du déménagement des locaux du FBI. Un déménagement qui était en bonne voie avant que les GSA et Donald Trump décident soudain d’y renoncer, provoquant la colère des démocrates qui y travaillaient depuis plus de dix ans. Selon plusieurs médias américains, le Président est directement intervenu pour que le FBI reste dans ses locaux actuels. Trump craignait qu’ils ne soient transformés en hôtel, ce qui aurait pu concurrencer le sien, situé dans la même rue à Washington. Devant le Congrès, Emily Murphy a déclaré que l’annulation du déménagement avait été décidée par les GSA, sans intervention du Président, alors que plusieurs documents ont ensuite prouvé le contraire.
Une seconde controverse concerne une nouvelle fois l’hôtel de Trump à Washington. Les GSA d’Emily Murphy l’ont autorisé à conserver le bail de l’hôtel, qui occupe un bâtiment fédéral, ignorant la Constitution. En effet, le Président ne peut recevoir de fonds étrangers sans permission expresse du Congrès. Or son hôtel accueille régulièrement des chefs d’Etats internationaux, donc par le biais de ce bail, signé avant qu’il ne soit élu, Trump perçoit effectivement des fonds venus d’autres pays.
Les démocrates ont tenté à plusieurs reprises d’obtenir des documents des GSA au cours de leurs enquêtes parlementaires sur ces affaires, sans succès. Cette fois, Emily Murphy peut profiter de l’absence de règle claire sur le processus de transition électorale afin de gagner du temps. Ce qui pose de sérieux problèmes à l’équipe de Biden, pour qui cette période est cruciale afin que le nouveau gouvernement soit prêt le 20 janvier 2021.