Depuis plus d’une trentaine d’année, Haïti ne cesse de s’enfoncer dans la misère. Les employés des services publics sont toujours dans les rues pour réclamer leur salaire, de bonnes conditions de travail et une augmentation salariale en raison de l’inflation et le coût de la vie, estimant que ce qu’ils gagnent ne peut pas vraiment survenir à leurs besoins.
On ne peut un mois, voire une semaine sans une grève ou une manifestation de fonctionnaires de l’État, réclamant leurs salaires. Professeurs, éboueurs, petits personnels, professionnels médicaux, juges, même les employés des services publics les plus vitaux ne sont pas épargnés de ce phénomène des « arriérés de salaire ».
Qu’en est-il vraiment? Est-ce un problème de surnombre ou un problème de budget? Voilà ce que des données disponibles disent sur le phénomène. Ce qui aide à mieux comprendre ce problème salarial des employés ou contractuels des services publics.
Depuis tantôt trois décennies, l’administration publique est devenue l’une des principales sources d’emplois pour certaines personnes selon leurs positions et leurs influences dans le pays. Un rapport de l’Office Management de Ressources Humaines (OMRH) publié en 2018 titré « Rapport sur les effectifs de la fonction publique en Haïti », faisant état du nombre des employés de la fonction publique et leur masse salariale. Ce rapport a donné une idée sur le problème salarial dont souffre la fonction publique. En 2016, le nombre des fonctionnaires s’élevait à 81 948 occupant 87 028 postes pour un salaire brut de 2 073 228 459.00 HT. Le nombre de contractuels était 25 290 pour l’exercice 2016-2017 avec un salaire brut 5 731 752 888,80 HT. D’Octobre à Décembre 2017, pour cette période l’État a engagé 7810 contractuels pour un salaire 912 156 066,700 HT.
La répartition institutionnelle se faisait comme suit : le pouvoir exécutif à lui seul comptait 80 735 postes soit près de 93%, 3% du pouvoir législatif et 1% du pouvoir judiciaire. Le 3% restant était des organismes indépendants. Le pouvoir exécutif représentait à lui 89,30% de la masse salariale de la fonction publique. Les secteurs sociaux du pouvoir exécutif occupaient une part considérable des effectifs soit près de 60% dont ¾ (75,59%) au ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle.
Les secteurs politique et économique occupaient 27,48% et 11%. Et la culture avec 2%, a-t-on lu dans le rapport. Le ministère de l’économie et des finances occupaient à lui seul 51% du secteur économique. La répartition des contractuels. Le secteur politique couvrait 40% des effectifs. Le social a 6,23%. Les secteurs économique et culturel 20,89% et 2,25%.
Dans le rapport OMRH, le salaire brut des effectifs contractuels dépassait largement celui des fonctionnaires. Ce qui crée un déséquilibre dans le budget et la fonction publique devient très surchargée.
Comment sommes-nous arrivés à une telle démesure?
À chaque remaniement ou changement de gouvernement, chaque personne ministrable ou chaque nouveau directeur apporte son lot d’employés. dépendamment d’où il vient? Qui lui a proposé? S’il est issu d’un parti politique, il cherche d’abord à intégrer quelques militants et certains cadres de la structure politique afin d’apaiser la tension au sein même du parti.
S’il vient de nulle part, l’objectif n’est pas de calmer les nerfs de quelques militants mais plutôt de répondre à un besoin plus spécifique dans une filière vitale pour certaines personnes, a indiqué un ancien cadre de l’administration publique.
Qu’il soit d’un parti politique ou d’une filière bien déterminée, de toute façon, il aura quand même un impact majeur sur le fonctionnement de l’État. Car, dit-il, le premier provoquera un augmentation vertigineuse des employés. Ce qui pèsera sur la masse salariale. L’autre qui est une source de corruption et de détournements de fonds publics qui entrainera une rentabilité insuffisante. Ce qui mettra l’État dans une situation difficile de répondre aux besoins de la population.