SOS Journalistes, organisation de défense de la liberté de la presse et des droits des journalistes, est profondément préoccupé par le comportement de certaines autorités politiques et judiciaires, qui s’apparente à une campagne de persécutions contre la presse; des pratiques qu’on croyait définitivement révolues en Haiti.
Le Commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au- Prince, Me Jacques Lafontant, et la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) ont, à plusieurs reprises, convoqué des journalistes supposément en raison d’informations diffusées ou de commentaires faits dans le cadre du plein exercice de leur profession de journaliste, garanti par la constitution et les lois en vigueur.
En effet, les journalistes Lucner “Louco” Désir (Matin Débat, Radio Télé Éclair), Esaïe César (Matin Débat, Radio Télé Éclair) et Guerrier Henry (Boukante Lapawòl, Radio Mega) se sentent menacés, voire persécutés par les tenants du pouvoir en place et certains de leurs alliés.
Les motifs de ces convocations n’ont même pas été précisés, et cela, en violation flagrante des droits des journalistes visés dont les avocats se trouvent dans l’impossibilité de préparer convenablement leur défense et leurs argumentations.
SOS Journalistes s’insurge contre pareilles pratiques dont il ne peut que mal augurer, compte-tenu des régimes dictatoriaux, honteux et répugnants ayant ponctué l’histoire de ce pays, pourtant fondé sur des idéaux de liberté, de justice, d’humanité et d’universalité.
Le Secrétaire-général de SOS Journalistes, Joseph Guyler C. Delva, a eu, la semaine dernière, une conversation avec le Commissaire Lafontant sur ces convocations à répétition, pour lui faire part des vives inquiétudes de l’organisation.
Le Commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, rassurant M. Delva, avait fait savoir que les actions du parquet ne cachaient aucune velléité d’intimider la presse, qu’il allait faire en sorte que tout malentendu à ce sujet soit élucidé et que la presse puisse fonctionner en toute liberté, conformément aux règles qui régissent l’exercice de ce métier.
Plusieurs autres journalistes et médias ont récemment fait état de menaces et d’actes d’intimidation dont ils ont été l’objet de la part d’individus malintentionnés, dans la capitale et ailleurs à l’intérieur du pays. Ces pratiques et menaces sont inacceptables et la presse haitienne n’est pas prête à accepter de les revivre, d’où qu’elles proviennent.
SOS Journalistes condamne toutes attaques, directes ou indirectes, contre la liberté de la presse et interpelle particulièrement le Premier ministre Ariel Henry et la ministre de la Culture et de la Communication, Emmelie Prophète Milcé – qui, pour l’instant, détient également le portefeuille de la justice – et leur demande de bien vouloir respecter scrupuleusement les droits des journalistes, lesquels ont été obtenus aux prix d’énormes sacrifices.
Vive la liberté de la presse et d’expression, mère de toutes les autres libertés, car c’est à travers elle que s’expriment toutes les autres.
Port-au-Prince, le 13 février, 2023
Joseph Guyler C. Delva
Secrétaire -général,
SOS Journalistes
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