Au procès des viols de Mazan, les vidéos projetées au cas par cas : « Il faut avoir le courage de se confronter » à la réalité, déplore un avocat de Gisèle Pelicot

Au procès des viols de Mazan, les vidéos projetées au cas par cas : « Il faut avoir le courage de se confronter » à la réalité, déplore un avocat de Gisèle Pelicot

Gisèle Pelicot et un de ses avocats, Stéphane Babonneau, le 18 septembre à Avignon. ANTONY PAONE / REUTERS Barbancourt le rhum des connaisseurs Bien que la principale victime de procès des viols de Mazan, Gisèle Pelicot, souhaite que les débats soient publics depuis leur ouverture, le président de la cour a annoncé, vendredi 20 septembre, que la

Gisèle Pelicot et un de ses avocats, Stéphane Babonneau, le 18 septembre à Avignon.

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Bien que la principale victime de procès des viols de Mazan, Gisèle Pelicot, souhaite que les débats soient publics depuis leur ouverture, le président de la cour a annoncé, vendredi 20 septembre, que la diffusion de photos et de vidéos mettant en cause les accusés se ferait « à la demande d’une ou plusieurs parties » et en l’absence du public et de la presse.

« Les diffusions ne seront pas systématiques. S’il doit être envisagé la diffusion d’une ou plusieurs vidéos, cela se fera à la demande d’une ou plusieurs parties, dans le but unique de la manifestation de la vérité », a annoncé le magistrat, Roger Arata, qui préside le procès qui doit durer jusqu’en décembre à la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon. « Considérant que ces images sont indécentes et choquantes, cela se fera en présence des seules parties au procès et de la cour », a ajouté M. Arata, excluant en conséquence la présence du public et des journalistes.

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Une décision dénoncée par l’un des avocats de Mme Pelicot, Stéphane Babonneau, pour qui « il faut avoir le courage de se confronter » à la réalité du viol, dans un procès qui « doit changer la société ». « Mais pour que cette société change, il faut qu’on ait le courage de se confronter à ce qui est véritablement le viol, dans un dossier où il est exceptionnel d’avoir justement la représentation précise et réelle de ce qu’est un viol, et pas simplement une description sur un procès-verbal », a-t-il ajouté. Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), l’autre avocat de Mme Pelicot, Me Antoine Camus, a précisé qu’il n’y avait pas de recours possible.

« Sans ces éléments de preuve, il n’y aurait pas ce procès »

Cette annonce du président de la cour survient au lendemain de la diffusion d’une première vidéo montrant Dominique Pelicot, le principal accusé, et Jacques C., l’un de ses 50 coaccusés, pratiquer des actes sexuels sur l’épouse du premier, Gisèle Pelicot, visiblement inconsciente. Pendant quatre minutes, seuls ces ronflements, le grincement du lit, où gît la victime, et les chuchotements des deux hommes qui lui tournent autour se font alors entendre dans la salle d’audience. « J’ai pris conscience que, potentiellement, j’étais en train d’abuser d’elle, mais j’ai été un peu long à la détente », a notamment tenté d’expliquer Jacques C., 72 ans, qui s’est dit « naïf » en assurant qu’il pensait « qu’à un moment donné, Mme Pelicot se réveillerait ».

Au lendemain de ces premières diffusions d’image, l’avocat général, Jean-François Mayer a demandé vendredi matin que cette méthode soit systématique. « Sans ces éléments de preuve, il n’y aurait pas ce procès », a d’abord rappelé le représentant du ministère public, Jean-François Mayer, à propos des milliers de photos et vidéos enregistrées et méticuleusement archivées par Dominique Pelicot et qui ont largement contribué au travail des enquêteurs.

« Mme Pelicot ne se souvient de rien. Et quand bien même elle se souviendrait de certaines choses, sa parole aurait été très largement discutée et contestée. Je souhaiterais donc que, pour l’ensemble des accusés, ces images soient regardées par votre cour, en tout cas les plus représentatives », a ajouté M. Mayer.

Mais une demi-douzaine d’avocats des autres accusés s’y sont fermement opposés. « La demande de l’avocat général n’est pas pour votre cour, elle est pour ceux qui, au-dehors, cherchent à s’abreuver du sang qui découle de cette justice », a notamment tonné Paul-Roger Gontard, avocat d’un des hommes jugés à Avignon, rappelant qu’il était possible « de faire autrement grâce aux descriptifs des vidéos faites par les enquêteurs ».

« Il faut savoir de quelle justice on rêve au XXIe siècle. Pas de celle qui se passe sur les réseaux sociaux, pas de celle qui a pour objet de fouetter le sang, au risque d’embrumer les esprits », a abondé son confrère Olivier Lantelme, qui défend un autre coaccusé.

Le Monde avec AFP

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