La belle comète Tsuchinshan-ATLAS sera visible en France à partir du 11 octobre

La belle comète Tsuchinshan-ATLAS sera visible en France à partir du 11 octobre

Barbancourt le rhum des connaisseurs Superbe actuellement en fin de nuit dans l’hémisphère Sud, cette comète devrait être visible dans le ciel crépusculaire en Europe après le 11 octobre. Photographie de C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS prise moins d’une heure avant le lever du Soleil le dimanche 29 septembre à l’observatoire astronomique des Pises (parc national des

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

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Superbe actuellement en fin de nuit dans l’hémisphère Sud, cette comète devrait être visible dans le ciel crépusculaire en Europe après le 11 octobre.

Photographie de C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS prise moins d’une heure avant le lever du Soleil le dimanche 29 septembre à l’observatoire astronomique des Pises (parc national des Cévennes). Deux jours après son passage au plus près de notre étoile, le noyau de cette comète était encore en pleine activité et une petite portion de la grande queue de gaz et de poussières qui l’accompagne était visible malgré la luminosité du jour naissant. Technique : image légèrement recadrée obtenue avec un boîtier Sony A7III et un objectif Sony de 200 mm diaphragmé à 5,6 ; pose de 0,8 seconde à 500 ISO.
© Guillaume Cannat

Pour le moment, ce sont les observateurs de l’hémisphère Sud qui profitent de la splendeur de la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS. Au Chili, en Namibie ou en Australie, par exemple, son noyau se lève à l’orée de l’aube et ses queues de gaz et de poussières mesurent plus de dix degrés – l’équivalent de la largeur du poing bras tendu – sur les photographies. En Europe, et plus largement dans l’hémisphère Nord, C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS se lève près d’une heure avant le Soleil depuis fin septembre et pour encore quelques matins et son éclat est donc particulièrement délicat à repérer au ras de l’horizon est dans un ciel déjà clair et coloré. Le 29 septembre à l’aube, en prenant l’image qui ouvre ce billet, je ne la voyais pas à l’œil nu, mais son noyau et l’amorce de sa queue étaient visibles aux jumelles avec un grossissement d’une dizaine de fois.

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Aux latitudes européennes, les choses sérieuses devraient commencer après le 11 octobre lorsque cette comète surgira dans le ciel crépusculaire et que son éclat apparent aura bénéficié de deux circonstances très favorables : d’une part, depuis son passage au plus près du Soleil (périhélie) le 27 septembre dernier – à 58 millions de kilomètres –, cette comète circule sur une trajectoire qui la rapproche chaque jour un peu plus de notre planète, qu’elle croisera le 12 octobre à 71 millions de kilomètres, et son éclat apparent devrait donc continuer de croître même si son activité diminue au fur et à mesure qu’elle s’éloigne du Soleil ; d’autre part, le 9 octobre, C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS passera pratiquement entre le Soleil et la Terre et cette disposition très particulière pourrait augmenter considérablement son éclat apparent car toute la matière dispersée par le noyau lors de son récent passage au périhélie sera révélée par le rétroéclairage solaire.

Les petits filaments à peine visibles qui bordent les feuilles de cette plante sont magnifiés par l’éclairage du Soleil en arrière-plan ; le même effet lumineux pourrait se produire durant quelques jours autour du 9 octobre lorsque les myriades de poussières dispersées par le noyau de C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS seront rétroéclairées par le Soleil.
© Guillaume Cannat  

L’astronome américain Joseph N. Marcus, spécialiste du rétroéclairage des comètes (voir son article sur le sujet), estime que l’éclat apparent de la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS pourrait être multiplié par cent entre le 7 et le 11 octobre et par plusieurs centaines de fois dans la journée du 9 octobre, jour où elle pourrait atteindre une magnitude comprise entre – 4 et – 5, équivalente à celle de Vénus. Cette forte augmentation apparente de son éclat pourrait alors permettre un repérage bien plus facile de la comète dans le ciel crépusculaire aux latitudes européennes après le 10 octobre. L’astrophotographe français Nicolas Lefaudeux a réalisé une simulation de l’évolution possible de l’aspect de C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS en tenant compte des toutes dernières observations et je vous invite à consulter son site pour découvrir son travail remarquable.

Évolution potentielle de l’aspect de la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS en octobre.
© Nicolas Lefaudeux

Avec toutes les précautions nécessaires, les observateurs chevronnés pourront tenter de repérer C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS en plein jour le 9 octobre, à moins de quatre degrés du Soleil ; j’ai réalisé une telle observation le 13 janvier 2007 avec la comète C/2006 P1 McNaught dont l’éclat avait également été fortement accru par le rétroéclairage solaire. Il sera possible de surveiller l’augmentation apparente de l’éclat de C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS en suivant son passage entre le 7 et le 11 octobre dans le champ du coronographe LASCO C3, l’un des instruments de la sonde spatiale européenne SOHO. Les images de cet instrument qui permet d’observer la périphérie du Soleil en cachant son disque éblouissant sont accessibles librement en ligne sur ce site.   

Le 13 janvier 2007, j’avais photographié la comète C/2006 P1 McNaught en plein jour à moins de cinq degrés du Soleil ; son éclat était alors tellement intense (magnitude – 4 ou – 5) qu’il saturait le capteur du coronographe LASCO C3 de la sonde SOHO.
© Guillaume Cannat et ESA/SOHO  

Après sa conjonction solaire du 9 octobre, la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS va très rapidement s’éloigner de la position apparente du Soleil et sa trajectoire dans le ciel du soir sera parfaite pour les observateurs de l’hémisphère Nord. Si l’effet de rétroéclairage marche à plein et que son éclat apparent est aussi intense qu’espéré par les astronomes, il devrait être possible de la photographier moins d’une heure après le coucher du Soleil dès le vendredi 11 octobre au ras d’un horizon ouest parfaitement dégagé. Le samedi 12 octobre, elle se couchera un peu moins d’une heure et demie après le Soleil et son repérage aux jumelles et à l’œil nu devrait être possible si vous faites l’effort de prendre un peu d’altitude pour bénéficier d’un horizon plus transparent. À partir du 14 octobre, le noyau de cette comète se couchera de plus en plus tard après la fin du crépuscule et il apparaîtra donc dans un ciel plus sombre si vous vous éloignez des sources de pollution lumineuse qui dégradent la noirceur de la nuit. L’éclat de la Lune croissante sera gênant pendant quelques soirs, mais la portion la plus lumineuse de la queue de C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS devrait être visible à l’œil nu et aux jumelles et absolument splendide photographiquement.

Cette carte indique la position de la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS dans le ciel du soir, une heure après le coucher du Soleil, depuis la latitude moyenne de la France métropolitaine ; la position de Vénus est indiquée pour le 15 octobre. La comète sera chaque soir un peu plus haute dans le ciel crépusculaire au-dessus de l’horizon ouest ; sur la carte, l’étoile très brillante Arcturus du Bouvier est à près de douze degrés de hauteur une heure et demie après le coucher du Soleil. Même si la comète est aussi brillante que l’espèrent les observateurs, je vous conseille de prendre un peu d’altitude pour bénéficier d’un horizon bien dégagé et d’un ciel plus transparent pour la chercher aux jumelles et à l’œil nu jusqu’au 13. À partir de là, elle se couchera après la fin du crépuscule et sera donc visible dans un ciel plus sombre : il devrait alors être possible de distinguer sa queue à l’œil nu dans un ciel suffisamment protégé de la pollution lumineuse, donc loin des villes, même si l’éclat de la Lune sera encore un peu gênant jusqu’au 20 octobre.

Naturellement, toutes les bonnes choses ont une fin et l’éclat de cette comète va décroître sensiblement avant la fin du mois d’octobre, mais dans les sites offrant un ciel bien protégé des lumières artificielles C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS devrait embellir les nuits des observateurs et des photographes durant tout l’automne. Quant à savoir si elle sera la « comète du siècle » seul l’avenir nous le dira !

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Chaque mois, je vous propose de découvrir mes images du ciel dans ma Lettre du Guide du Ciel.

Une image à plus grand champ de la comète C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS dans le ciel de l’aube le dimanche 29 septembre 2024 à l’observatoire astronomique des Pises (parc national des Cévennes). Le croissant lunaire brille au-dessus de cirrus colorés par l’aube moins d’une heure avant le lever du Soleil et le cercle vous indique le champ visible aux jumelles. Technique : boîtier Sony A7III avec un objectif Zeiss de 55 mm diaphragmé à 3,2 ; addition de 10 poses de 0,8 seconde à 320 ISO sans entraînement.
© Guillaume Cannat

Quelques rendez-vous à admirer dans le ciel d’octobre

Après l’éclipse totale du 8 avril dernier, la nouvelle lune a rendez-vous une seconde fois avec le Soleil cette année, le mercredi 2 octobre. Notre satellite se situe un peu trop loin de notre planète au moment où se produit l’alignement Soleil-Lune-Terre et son diamètre apparent est un peu trop petit pour couvrir l’ensemble du disque solaire. Il reste donc un mince anneau de Soleil lors de l’éclipse, qui est visible, avec les filtres adéquats, uniquement au sud du Chili et de l’Argentine. Notez qu’une éclipse partielle est observable à Hawaii et en Polynésie française, là aussi avec les bons moyens de protection visuelle.
© Google Earth/Xavier Jubier
Trois jours après la nouvelle lune, le croissant lunaire est facile à repérer peu après le coucher du Soleil. Le samedi 5 octobre au crépuscule, une demi-heure après le départ de l’astre du jour, il flotte dans l’air encore très lumineux à moins de trois degrés de hauteur au-dessus de l’horizon ouest-sud-ouest. Juste au-dessus de lui, à près de trois degrés, l’éclat diamanté vénusien est visible à l’œil nu et aux jumelles.
Après une conjonction serrée avec Antarès du Scorpion le lundi 7 octobre et une rapide traversée de la Voie lactée, la Lune, devenue gibbeuse entre-temps, fonce en direction de Saturne, auprès de laquelle elle arrive le lundi 14 octobre. En France métropolitaine, une heure après le coucher du Soleil, un peu plus d’un demi-degré sépare la planète et le limbe septentrional de Séléné. Ce couple très serré est bien visible à une vingtaine de degrés de hauteur au-dessus de l’horizon sud-est et il nous accompagne une grande partie de la nuit, la Lune s’écartant peu à peu de Saturne. Deux heures avant l’aube, le 15 octobre, Séléné surplombe déjà Saturne de plus de quatre degrés à l’ouest-sud-ouest.
La constellation du Taureau s’étend sur plus de trente-six degrés d’est en ouest, ce qui lui permet d’accueillir la Lune trois soirs de suite ce mois-ci. Du samedi 19 au lundi 21 octobre, sa face gibbeuse décroissante circule des Pléiades à la frontière des Gémeaux. Que vous soyez en ville ou en pleine nature, la Lune est aisément visible au-dessus de l’horizon est-nord-est plus de trois heures après le coucher du Soleil et elle peut vous servir de table d’orientation pour repérer Jupiter. Elle brille en effet exactement au-dessus de l’éclat jovien le dimanche soir et à une dizaine de degrés sur sa gauche le lundi soir.
Le mercredi 23 et le jeudi 24 octobre à l’orée de l’aube, près d’une heure et demie avant le lever du Soleil, levez la tête au-dessus de l’horizon sud jusqu’à rencontrer le gros quartier lunaire et l’éclat rouge-orangé de Mars. Leur écart apparent est proche de neuf degrés le 23 et de cinq degrés le 24. La planète est sur le point de terminer sa traversée de la constellation des Gémeaux, dont les étoiles Castor et Pollux brillent non loin d’elle, un peu plus haut sur la voûte céleste. Nous sommes à moins de trois mois de son opposition, qui aura lieu à la mi-janvier 2025, et l’éclat de la planète rouge est en augmentation régulière.

Phases de la Lune en octobre
La Lune est nouvelle le 2 dans la Vierge, au premier quartier le 10 dans le Sagittaire, pleine le 17 dans les Poissons et au dernier quartier le 24 dans le Cancer.

Le ciel en octobre
Lorsqu’il fait beau, le mois d’octobre est l’un des plus agréables pour observer la Voie lactée. Le Scorpion est perdu corps et biens, mais il reste toute la bande qui va du Sagittaire au Cygne en passant par Ophiuchus, l’Écu, l’Aigle et la Lyre – sans parler des figures minuscules du Petit Renard et de la Flèche, glissées entre Altaïr et Albiréo. Dès la fin du crépuscule, soit de plus en plus tôt avec le rallongement de la nuit, l’arche galactique s’élève à l’aplomb de l’horizon sud-ouest en direction du zénith. S’asseoir dans une chaise longue et se promener dans cette région avec des jumelles est un pur délice tant elle fourmille d’amas, de nébuleuses et de beaux regroupements stellaires. Le Verseau, les Poissons et la Baleine ne sont pas riches en étoiles brillantes et il est ardu de les dessiner dans un ciel éclairé par la Lune gibbeuse ou par une pollution lumineuse trop forte. Quant à Fomalhaut, très proche de l’horizon sud-est, c’est souvent la seule étoile visible dans la constellation du Poisson austral. Il faut remonter au-dessus de l’horizon est et nord-est pour parcourir à nouveau une voûte céleste bien garnie. Le carré de Pégase, Andromède, Cassiopée et Persée délimitent un pays séduisant au sein duquel il faut, là aussi, vagabonder aux jumelles par une nuit bien sombre pour apprécier les amas, les nébuleuses et les galaxies qu’il recèle. Au bout de l’arc de Persée, le petit groupe des Pléiades nous signale l’arrivée du ciel d’hiver, qui profite des longues nuits pour s’installer et qui surplombe l’horizon sud à l’orée de l’aube. Cette année, Saturne est bien installée dans le ciel en début de nuit ; elle est rejointe un peu plus tard par Jupiter, puis Mars.

Carte du ciel visible en octobre 2024 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l’intérieur d’une bande s’étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, Altaïr de l’Aigle sera d’autant plus proche de l’horizon sud-sud-ouest. Si vous êtes à moins de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus proche de l’horizon nord et Altaïr sera plus éloignée de l’horizon sud-sud-ouest. Cliquez sur la carte pour l’afficher en grand et l’imprimer pour votre usage personnel.
Cette carte montre le ciel visible en octobre 2024 à l’orée de l’aube à la latitude de la France métropolitaine. Attention, les cartes du ciel ne sont pas à l’envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l’est serait bien à votre gauche et l’ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l’endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l’horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l’ensemble du Chariot de la Grande Ourse.
La vingt-troisième édition de mon guide consacré à l’observation du ciel à l’œil nu est disponible dans votre librairie habituelle. Elle est truffée de récits d’observations et de conseils pratiques, épicée d’informations encyclopédiques sur les planètes et les étoiles, et d’idées pour observer ou photographier facilement les plus beaux rendez-vous entre les planètes, le Soleil et la Lune visibles de janvier à décembre 2025.
Quant à mon Calendrier Astronomique pour l’année 2025, il sera le 10 octobre en librairie et il vous propose douze superbes images du ciel en très grand format (39 x 58 cm ouvert) ainsi que le rappel des rendez-vous célestes à ne pas manquer au fil des mois.

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