La Maison du dessin de presse bloquée à l’état d’esquisse

La Maison du dessin de presse bloquée à l’état d’esquisse

Une couverture de « Siné Mensuel » exposée lors du Salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour de Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne), en 2016. THOMAS JOUHANNAUD / PHOTOPQR/REPUBLIQUE DU CENTRE/ MAXPPP Barbancourt le rhum des connaisseurs Repoussé ? Enlisé ? Ou, purement et simplement, enterré ? Une chose est certaine : le projet d’une Maison du dessin de presse en

Une couverture de « Siné Mensuel » exposée lors du Salon international de la caricature, du dessin de presse et d’humour de Saint-Just-le-Martel (Haute-Vienne), en 2016.

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

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Repoussé ? Enlisé ? Ou, purement et simplement, enterré ? Une chose est certaine : le projet d’une Maison du dessin de presse en plein de cœur de Paris est, à ce jour, à l’arrêt. Alors que ce projet bénéficiait du soutien de toute la communauté des dessinateurs de presse et, évidemment, de Charlie Hebdo, mais également de l’ancienne ministre de la culture Rima Abdul-Malak, et de la bénédiction d’Emmanuel Macron, tout a brutalement été stoppé en janvier, avec l’arrivée de Rachida Dati au ministère. De quoi alimenter les scénarios les plus pessimistes, y compris celui d’un abandon en rase campagne. « Franchement, j’ai de plus en plus de mal à y croire », lâche Natacha Wolinski, une des trois filles Wolinski, qui suit le dossier depuis la disparition de son père et de sa belle-mère, Maryse.

Tout a commencé en 2007, lorsque Georges Wolinski, un an après la publication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo, remet au ministère de la culture son rapport sur la promotion et la conservation du dessin de presse et du dessin satirique. Parmi ses sept grandes propositions, la création d’une Maison du dessin de presse. L’idée reste dans les tiroirs, jusqu’à ce que Maryse Wolinski la reprenne à son compte, après l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier 2015, qui a coûté la vie à douze personnes, dont son mari et quatre autres dessinateurs.

fkremas

A l’occasion du cinquième anniversaire de la tuerie, Emmanuel Macron lance officiellement le projet, déclarant que « la France est toujours aux côtés de ceux qui défendent la liberté d’expression ». Le 11 janvier 2022, le chef de l’Etat annonce que cette maison sera, après plusieurs mois de débats, parisienne, et qu’elle ouvrira en 2026. Le projet avance alors « à grande vitesse », selon les mots du dessinateur Kak, président de l’association Cartooning for Peace, partie prenante du comité de pilotage créé à cette occasion.

Un risque d’enlisement

Fin décembre 2023, les financements sont ficelés, le lieu (une école rue du Pont-de-Lodi, en plein cœur du 6e arrondissement) et les architectes chargés de la rénovation du bâtiment choisis. Une nouvelle réunion est programmée le 26 janvier 2024. Elle est une première fois repoussée, puis annulée, et depuis, plus rien : plus aucun signe de vie. Le 3 juin, trois associations de promotion du dessin de presse, participant au comité de pilotage (Cartooning for Peace, Dessinez Créez Liberté et France Cartoons), écrivent une lettre au directeur de cabinet de la ministre de la culture Rachida Dati pour exprimer leur inquiétude. Dans leur courrier, ils posent deux questions : « La création de la Maison du dessin de presse est-elle toujours une priorité du gouvernement ? Se fera-t-elle dans le calendrier annoncé ? »
Ils ne recevront ni réponse ni accusé de réception.

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