La manifestation contre la LGV du Sud-Ouest a réuni huit cents à mille personnes ; une enquête ouverte après des « tirs en direction de l’hélicoptère de la gendarmerie » pendant la nuit

La manifestation contre la LGV du Sud-Ouest a réuni huit cents à mille personnes ; une enquête ouverte après des « tirs en direction de l’hélicoptère de la gendarmerie » pendant la nuit

Manifestation du mouvement Les Soulevements de la Terre contre la future ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) Sud-Ouest entre Bordeaux et Toulouse, à Lerm-et-Musset (Gironde), le 12 octobre 2024. THIBAUD MORITZ / AFP Rejoints par le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre, des opposants à la future ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) du Sud-Ouest,

Manifestation du mouvement Les Soulevements de la Terre contre la future ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) Sud-Ouest entre Bordeaux et Toulouse, à Lerm-et-Musset (Gironde), le 12 octobre 2024.

Rejoints par le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre, des opposants à la future ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) du Sud-Ouest, qui doit rapprocher Toulouse de Paris en 2032, ont manifesté samedi 12 octobre en Gironde, avec la volonté d’« amplifier » leur mouvement.

Selon la gendarmerie, huit cents à mille personnes, dont une « forte proportion » de militants radicaux encagoulés, se sont réunies vers 8 heures, samedi matin, dans un campement installé sur un terrain privé de la petite commune de Lerm-et-Musset, à 75 kilomètres au sud de Bordeaux. Moins de deux cents personnes étaient présentes vendredi soir, d’après une source proche des forces de l’ordre citée par l’Agence France-Presse (AFP).

« Cette nuit, plusieurs tirs en direction de l’hélicoptère de la gendarmerie qui effectuait un survol de reconnaissance du site occupé en Sud Gironde par les opposants au projet ont été entendus », a par ailleurs annoncé la préfecture samedi sur X, précisant qu’une enquête a été ouverte. « Ni l’équipage, ni l’aéronef n’ont été touchés », affirme le préfet, Etienne Guyot, qui « dénonce ces agissements intolérables ».

« L’objectif n’est pas de laisser s’installer une ZAD »

C’est là, aux confins de la forêt landaise, que la manifestation, non déclarée en préfecture, a pris la forme d’une série de « jeux » contre la liaison à venir entre Bordeaux, Toulouse et Dax – « grand projet inutile » d’une quinzaine de milliards d’euros, dénoncent les organisateurs, qui revendiquent 1 500 participants.

Une tour en bois, censée servir de « vigie » pour la suite, a notamment été érigée dans la vallée du Ciron, un affluent de la Garonne, et sa hêtraie ancestrale, site classé Natura 2000 et menacé par la LGV, selon les opposants.

Les autorités avaient prévu cette semaine 3 000 à 5 000 manifestants, dont « plusieurs centaines d’individus très violents ». « Des armes par destination, des arbalètes, des fusils, des boules de pétanque, des cagoules » ont été saisies lors de contrôles en amont, a précisé le préfet de la Gironde, Etienne Guyot. Selon les gendarmes, une vingtaine de « fichés S » et des personnes déjà contrôlées au cours de manifestations contre l’A69 en Occitanie sont présentes. Le préfet, qui a interdit toute manifestation dans plusieurs communes de la métropole bordelaise, appelle au calme et rejette l’idée qu’un campement d’opposants ou ZAD (« zone à défendre ») puisse s’installer sur le futur tracé. « L’objectif n’est pas de laisser s’installer une ZAD », a-t-il prévenu vendredi.

Si la LGV est largement soutenue par les collectivités en Occitanie, en Nouvelle-Aquitaine, l’opposition est ancienne et hétérogène, mêlant élus et parlementaires locaux, habitants, sylviculteurs et viticulteurs. Après les premières mobilisations ces dernières années, des collectifs ont fait appel aux Soulèvements de la Terre pour « sortir des radars au niveau national » en s’appuyant sur les « luttes antérieures » du mouvement connu notamment pour son opposition aux « bassines », des réserves d’irrigation contestées dans le Poitou.

« Aujourd’hui, l’enjeu, c’est de généraliser la mobilisation pour ne pas laisser passer cette LGV démentielle et ruineuse, destructrice pour les territoires et les ressources naturelles », a déclaré samedi matin à la presse Jean Olivier, membre de la coordination LGV non merci. « On a vraiment besoin de se faire connaître, on veut faire de cette journée un levier pour amplifier la communication sur tous les problèmes liés à ce projet », a dit à l’AFP Marie-Christine Hergle du collectif LGV NiNa (Ni ici Ni ailleurs).

D’autres sont partisans d’une lutte par « des canaux légaux », à l’instar des initiatives de parlementaires girondins (de La France insoumise aux Républicains en passant par Europe Ecologie-Les Verts et le MoDem) qui réclament au gouvernement un moratoire et/ou un référendum local sur la LGV.

Projet « mortifère », chantier « pharaonique, selon les opposants

Celle-ci doit relier, en 2032, Toulouse à Paris en trois heures et dix minutes, gagnant plus d’une heure sur l’itinéraire actuel et détournant des usagers de l’avion. Un embranchement traversant l’est de la forêt landaise doit rallier Dax à Bordeaux en vingt minutes de moins et, un jour, permettre des liaisons directes avec l’Espagne. Si des travaux ont commencé au nord de Toulouse, l’autorisation nécessaire à des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), préalables au chantier de la LGV lui-même, prévu pour 2028, reste à délivrer d’ici à la fin de novembre.

Le président (PS) de la Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, défend un « investissement pour un siècle au moins » qui permettrait, en libérant les lignes existantes pour le fret, de « sortir » de la route les 10 000 camions qui remontent chaque jour d’Espagne.

Mais les opposants dénoncent un projet « mortifère » qui conduirait, selon eux, à l’artificialisation d’environ 5 000 hectares, du fait, notamment, de la traversée de la vallée du Ciron, affluent de la Garonne, où se trouve une hêtraie ancestrale. Ils prônent une rénovation des lignes existantes pour développer les « trains du quotidien » et critiquent l’imposition d’une taxe spéciale à 2 340 communes proches du tracé pour ce chantier « pharaonique », cofinancé par l’Etat, les collectivités locales et l’Union européenne.

Le Monde avec AFP

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