La mutinerie de la prison de Mayotte devient une affaire politique à La Réunion

La mutinerie de la prison de Mayotte devient une affaire politique à La Réunion

A proximité de la prison de Majicavo, des gendarmes veillent à la sécurité de l’axe routier, à Mayotte, en novembre 2022. MARION JOLY POUR « LE MONDE”» L’onde de choc de la mutinerie du 28 septembre dans la prison de Mayotte, à laquelle ont pris part une centaine de détenus, continue de se propager. Elle a d’abord entraîné

A proximité de la prison de Majicavo, des gendarmes veillent à la sécurité de l'axe routier, à Mayotte, en novembre 2022.

L’onde de choc de la mutinerie du 28 septembre dans la prison de Mayotte, à laquelle ont pris part une centaine de détenus, continue de se propager. Elle a d’abord entraîné la démission surprise de l’administration pénitentiaire du directeur de l’établissement, le 7 octobre, pour dénoncer la surpopulation record à Majicavo (650 détenus incarcérés pour 278 places), ainsi que l’absence d’avancées dans la construction d’une seconde prison dans l’île annoncée en mars 2022 par l’ancien garde des sceaux Eric Dupond-Moretti. C’est désormais à La Réunion de connaître comme une réplique de cet événement.

Afin de sécuriser l’établissement à la suite de cette mutinerie, de réparer les dégâts et de faire « baisser la pression », l’administration pénitentiaire avait annoncé, le 8 octobre, le transfert de 27 détenus de Mayotte vers le département voisin de l’océan Indien. Une décision qui a fait bondir le député réunionnais « insoumis » Jean-Hugues Ratenon. « Quand je disais que l’on transfère la violence de Mayotte à La Réunion », a-t-il réagi, en réfutant toute « stigmatisation dans [s]es propos », mais en défendant « le choix de regarder le problème en face ».

Des mots qui comptent, car M. Ratenon s’était, en mars, attiré les foudres d’élus mahorais quand, après plusieurs rixes entre bandes, il avait écrit au préfet de La Réunion pour lui demander de « ne pas laisser La Réunion devenir un Mayotte bis en matière de violence ».

Le 8 octobre, la maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts (Parti socialiste), s’est, elle aussi, inquiétée de ces transferts en soulignant que les prisons réunionnaises « souffrent déjà d’une surpopulation carcérale ». Avec « le risque de dégrader un peu plus les conditions d’accueil des prisonniers à La Réunion ».

La crainte d’une « instrumentalisation »

Selon une source pénitentiaire réunionnaise, l’expression « transférer la violence » utilisée par Jean-Hugues Ratenon reste toutefois largement « exagérée ». Car aucun des détenus transférés n’appartient à ceux qui ont pris part à la mutinerie. Une quinzaine d’entre eux doivent être jugés en novembre par le tribunal judiciaire de Mamoudzou. L’administration pénitentiaire a assuré aux syndicats de surveillants mahorais et réunionnais qu’ils seront, ensuite, envoyés dans des établissements de l’Hexagone.

Par ailleurs, vingt des transfèrements de détenus à La Réunion étaient déjà programmés et ont été anticipés vers le centre pénitentiaire du Port, un établissement d’exécution de peines réservé aux personnes condamnées définitivement à des peines de plus de deux ans. Chaque mois, ces transfèrements vers La Réunion concernent en moyenne deux détenus en provenance de Mayotte, où il n’existe pas de quartier de ce type, précise une source pénitentiaire, qui craint une « instrumentalisation de cette affaire ».

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Jerome Talpin
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