Le suprémaciste noir Kemi Seba, soupçonné d’ingérence étrangère, est sorti de sa garde à vue, sans poursuites

Le suprémaciste noir Kemi Seba, soupçonné d’ingérence étrangère, est sorti de sa garde à vue, sans poursuites

Le militant anticolonialiste français Kemi Seba donne une conférence de presse le 26 juin 2020 à Paris. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Placé lundi en garde à vue à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour des soupçons d’ingérence étrangère, le suprémaciste noir Kemi Seba a été relâché mercredi sans poursuites, a appris Le Monde

Le militant anticolonialiste français Kemi Seba donne une conférence de presse le 26 juin 2020 à Paris.

Placé lundi en garde à vue à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour des soupçons d’ingérence étrangère, le suprémaciste noir Kemi Seba a été relâché mercredi sans poursuites, a appris Le Monde auprès du parquet de Paris, jeudi 16 octobre. Sa garde à vue, qui avait commencé dans l’après-midi de lundi, a été levée mercredi en fin de journée. « Les investigations sur l’infraction d’ingérence étrangère se poursuivent dans le cadre de l’enquête préliminaire », a ajouté le ministère public.

Selon son avocat, Juan Branco, qui a vivement dénoncé cette garde à vue, Kemi Seba était interrogé dans le cadre d’une enquête ouverte pour « intelligences avec une puissance étrangère (…) en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France » – une infraction criminelle passible de trente ans d’emprisonnement, a-t-il précisé à l’Agence France-Presse. Kemi Seba était également interrogé sur des soupçons d’« entretenir des intelligences avec une puissance étrangère (…) de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ». Une infraction passible de dix ans d’emprisonnement.

Hery Djehuty, coordinateur d’Urgences panafricanistes, avait aussi été placé en garde à vue. Lui aussi a été relâché sans poursuites, selon le parquet.

Multicondamné et déchu de sa nationalité française

De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, l’ancien leader de la Tribu Ka, groupuscule qui revendiquait son antisémitisme et prônait la séparation entre Noirs et Blancs avant d’être dissous par le gouvernement français, en 2006, a été condamné plusieurs fois en France pour incitation à la haine raciale.

Le suprémaciste noir, alors Franco-Béninois, avait été déchu de sa nationalité française au début de juillet. Quatre mois plus tôt, il s’était filmé en banlieue parisienne en train de brûler son passeport français. Le motif de son arrestation reste, pour l’heure, inconnu.

Pourfendeur en chef de la politique française en Afrique, dont les activités ont été financées pendant un temps par le groupe paramilitaire russe Wagner, le président de l’ONG Urgences panafricanistes s’est ensuite vu attribuer, au début d’août, un passeport diplomatique par le général Abdourahamane Tiani en sa qualité de « conseiller spécial » du chef de la junte nigérienne au pouvoir. Une réponse apportée, selon Kemi Seba, « à la procédure de déchéance de [s]a nationalité commise par la Françafrique contre [s]a personne », avait-il annoncé sur le réseau social X.

Ces dernières années, Kemi Seba, 42 ans, a organisé ou a participé à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA en Afrique, où il a été régulièrement interpellé, expulsé ou refoulé, notamment de Côte d’Ivoire, du Sénégal et de Guinée.

En France, il a été accusé l’an dernier par le député (Renaissance) Thomas Gassilloud, alors président de la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, d’être un « relais de la propagande russe » et de servir « une puissance étrangère qui alimente le sentiment antifrançais ».

Mercredi après-midi, son avocat a fustigé l’interpellation « violente » de son client dans la rue à Paris alors que Kemi Seba, de passage dans la capitale avec un « passeport diplomatique » du Niger était en France notamment pour rendre visite à « son père », malade. « On est face à une situation extrêmement inquiétante », avec une « criminalisation d’un opposant politique et d’un intellectuel », s’était indigné Juan Branco.

Le Monde avec AFP

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