Moscou condamne à huit ans de prison l’ex-producteur ukrainien des shows de Zelensky

Moscou condamne à huit ans de prison l’ex-producteur ukrainien des shows de Zelensky

Le producteur ukrainien Alexandre Rodnianski au festival VK Fest, à Saint-Pétersbourg (Russie), en 2019. OLEG KRASAVIN/WIKIMEDIA COMMONS Un tribunal de Moscou a condamné, lundi 21 octobre, l’homme de cinéma et de télévision ukrainien Alexandre Rodnianski à huit ans et six mois de prison pour avoir évoqué, il y a plus de deux ans, sur son compte Instagram,

Le producteur ukrainien Alexandre Rodnianski au festival VK Fest, à Saint-Pétersbourg (Russie), en 2019.

Un tribunal de Moscou a condamné, lundi 21 octobre, l’homme de cinéma et de télévision ukrainien Alexandre Rodnianski à huit ans et six mois de prison pour avoir évoqué, il y a plus de deux ans, sur son compte Instagram, les atrocités commises par l’armée russe à Boutcha et découvertes en avril 2022 (458 corps jetés dans deux fosses communes ou jonchant des jardins de cette banlieue de Kiev, et plus d’un millier de cadavres de civils dans l’ensemble de la région). Il est aussi privé du droit d’administrer un site d’information ou un réseau de télécommunications.

« Je suis condamné pour des raisons politiques, confie au Monde le producteur Alexandre Rodnianski, 63 ans, qui travaille aujourd’hui entre Los Angeles, Milan et Kiev. Il est celui qui a créé la chaîne de télévision privée 1 + 1 dans la capitale ukrainienne et qui avait « donné sa chance », comme il dit, au futur président Volodymyr Zelensky en le lançant en 2003, le samedi soir, dans un prime time intitulé « Kvartal du soir », sorte de « Sacrée soirée » ou de « Champs-Elysées » local, qui fait de l’humoriste une vedette. Son fils, Alexandre Rodnianski Junior, est le conseiller économique actuel du chef de l’Etat ukrainien.

« Je ne reconnais pas la légitimité du tribunal »

« Des dizaines des meilleurs écrivains et musiciens russes ont été condamnés avant moi pour faire taire les voix antiguerre. La décision du tribunal de Moscou vise à instiller la peur dans le monde du cinéma russe. Sauf que, dans mon cas, il y a une différence : je ne suis pas russe, je suis ukrainien ». En 2015, le cinéaste originaire de Crimée Oleg Sentsov avait été condamné à vingt ans de prison pour « terrorisme », mais c’est en vertu d’un alinéa d’un nouvel article (207.3) du Code pénal russe – « diffusion publique, sous le couvert de rapports fiables, d’informations sciemment fausses contenant des données sur l’utilisation des forces armées de la Fédération de Russie, commises pour des raisons de désaccords politiques ») – que le producteur a été condamné.

Avant l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022, Alexandre Rodnianski travaillait beaucoup à Moscou, où il a fait une partie de sa carrière. Il présidait depuis 2005 le plus grand festival de cinéma russe, Kinotavr, un rendez-vous qui se tenait à Sotchi. Ses films ont obtenu plusieurs récompenses à l’étranger, dont à Cannes. Nominé quatre fois aux Oscars, Rodnianski a remporté le César du meilleur film en langue étrangère pour Faute d’amour, d’Andreï Zviaguintsev, en 2018, et un Golden Globe, en 2015, pour Léviathan.

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Ariane Chemin
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