L’activiste Paul Watson, défenseur des baleines, maintenu en détention au Groenland jusqu’à la mi-novembre

L’activiste Paul Watson, défenseur des baleines, maintenu en détention au Groenland jusqu’à la mi-novembre

Paul Watson à son arrivée à une audience au tribunal de Nuuk, au Groenland, le 2 octobre 2024. LEIFF JOSEFSEN / AFP Dans l’attente de la décision du gouvernement danois sur la demande d’extradition du Japon, la justice groenlandaise a décidé, mercredi 23 octobre, de maintenir en détention le fondateur de Sea Sheperd Paul Watson, prolongeant

Paul Watson à son arrivée à une audience au tribunal de Nuuk, au Groenland, le 2 octobre 2024.

Dans l’attente de la décision du gouvernement danois sur la demande d’extradition du Japon, la justice groenlandaise a décidé, mercredi 23 octobre, de maintenir en détention le fondateur de Sea Sheperd Paul Watson, prolongeant de nouveau cette dernière de jusqu’au 13 novembre, a annoncé la police groenlandaise dans un communiqué. L’activiste Canado-américain, âgé 73 ans, a fait appel.

L’audience, qui s’est tenue à la mi-journée à Nuuk, capitale du territoire autonome danois, était la quatrième depuis son arrestation en juillet.En amont, la défense de M. Watson avait de nouveau réclamé sa « libération immédiate », sans se faire d’illusion sur la décision. « Evidemment, nous allons demander sa libération immédiate, mais malheureusement, il est réaliste de penser que cela ne se produira pas », avait notamment affirmé son avocate Julie Stage, à l’Agence France-Presse (AFP), tout fustigeant que « les critères pour le priver de liberté ne sont pas remplis ». L’avocate avait fait savoir dans le même temps faire appel devant la Cour suprême du Danemark de la précédente décision de la justice groenlandaise du maintien en détention du militant écologiste.

Fondateur de Sea Shepherd et de la fondation en faveur des océans qui porte son nom, Paul Watson a été arrêté le 21 juillet alors qu’il était en route avec son navire, le John Paul DeJoria, pour intercepter un navire-usine baleinier nippon. Le Japon réclame depuis 2012 son extradition, l’accusant, selon ses soutiens, d’« obstruction à une activité commerciale » mais aussi d’être coresponsable de dommages et blessures lors de heurts avec un baleinier nippon dans l’océan Antarctique en 2010.

Risque « des traitements inhumains » en prison au Japon

Cette demande d’extradition relève de « l’application de la loi » plutôt que de la pêche à la baleine, a déclaré début octobre le ministre des affaires étrangères japonais, Takeshi Iwaya. Dans le détail, Paul Watson est poursuivi par le Japon pour des blessures qui, selon l’accusation, auraient été infligées le 11 février 2010 à un marin du Shonan Maru 2 par une puissante boule puante contenant de l’acide butyrique, et pour l’abordage du même navire quatre jours plus tard. Le Japon est, avec la Norvège et l’Islande, l’un des trois derniers pays au monde à pratiquer la chasse commerciale à la baleine.

La décision revient désormais au ministère de la justice danois, qui examine toujours le dossier. « La police du Groenland a récemment envoyé, à la suite de son enquête, une évaluation de l’affaire au procureur général, qui émettra aussi un avis », a déclaré le ministère, dans un message à l’AFP. Une fois ces deux évaluations transmises au ministère danois de la justice, une décision sera prise, a-t-il ajouté, sans donner de calendrier.

Mi-septembre, les avocats du septuagénaire ont saisi le Rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, dénonçant notamment le risque qu’il encourt de « subir [d]es traitements inhumains (…) dans les geôles japonaises ».

Demande d’asile politique en France

Paul Watson a demandé mercredi 16 octobre l’asile politique à la France dans une lettre manuscrite envoyée au président Emmanuel Macron. La position de la France à ce sujet n’est « pas tranchée », a déclaré le lendemain la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon. Cette demande soulève des problèmes de droit et elle est donc largement symbolique. « En principe, une demande d’asile ne peut être faite que sur le sol du pays dans lequel cette demande est faite », avait ajouté le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot.

Dès le 23 juillet, la présidence française avait fait savoir qu’Emmanuel Macron suivait « la situation de près » et intervenait « auprès des autorités danoises » pour éviter son extradition vers le Japon.

Les déboires judiciaires de Paul Watson ont suscité le soutien d’une partie de l’opinion publique et d’autres militants. Engagée pour la protection de tous les animaux, Jane Goodall a par exemple appelé le président français à agir en faveur de l’Américano-canadien. « J’espère sincèrement que le président Macron accordera l’asile à Paul Watson », a-t-elle déclaré à l’AFP.

En France, une trentaine d’artistes, dont Florent Pagny et Zazie ou encore Véronique Sanson ont été conviés par Francis Lalanne et le groupe Carré Blanc pour soutenir l’activiste écologiste en chanson. Le titre, baptisé Le dernier mot, doit être dévoilé mercredi en ligne.

Quelques dizaines de manifestants se sont également rassemblés mercredi à la mi-journée devant l’Hôtel de ville de Paris, scandant « Libérez Paul Watson », munis de pancartes « un héros n’a pas sa place en prison », ou « saving whales is not a crime » (« sauver les baleines n’est pas un crime »).

Le Monde avec AFP

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