Déclencher l’accouchement, une pratique qui augmente

Déclencher l’accouchement, une pratique qui augmente

Des sages-femmes préparent une salle d’accouchement, au service de maternité de l’hôpital d’Ajaccio, le 18 janvier. PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP C’est une tendance de fond à laquelle aucun pays industrialisé n’échappe. Le déclenchement artificiel de l’accouchement augmente. Si, dans certains cas, il est nécessaire – dépassement du terme, qui, en France, est de quarante et une

Des sages-femmes préparent une salle d’accouchement, au service de maternité de l’hôpital d’Ajaccio, le 18 janvier.

C’est une tendance de fond à laquelle aucun pays industrialisé n’échappe. Le déclenchement artificiel de l’accouchement augmente. Si, dans certains cas, il est nécessaire – dépassement du terme, qui, en France, est de quarante et une semaines et cinq jours d’aménorrhée, rupture prématurée de la poche des eaux, hypertension artérielle –, il progresse aussi chez les femmes qui n’ont aucune indication médicale nécessitant un déclenchement. Et peut survenir à quarante semaines, voire à trente-neuf semaines.

Aux Etats-Unis, le taux de déclenchement a bondi à plus de 30 % en 2020. En Europe, tous les pays sont concernés par une augmentation, même les Scandinaves, réputés pour leur limitation de la médicalisation du travail, qui consiste à provoquer des contractions utérines. Il existe alors plusieurs méthodes, comme l’utilisation intravaginale de prostaglandines ou la pose d’un ballonnet glissé dans le col de l’utérus.

En France, alors que le taux de déclenchement était plutôt stabilisé aux alentours de 22 % entre 2010 et 2016, il a grimpé quasiment à 26 % en 2021, selon les résultats de la dernière enquête nationale périnatale. « On est sans doute largement au-dessus aujourd’hui. Toutes les régions et toutes les maternités, quels que soient leur taille et leur statut, sont concernées », a affirmé Camille Le Ray, gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Port-Royal (AP-HP), lors d’une table ronde consacrée au sujet, à l’occasion des Journées nationales de la Société française de médecine périnatale, à Nancy, du 16 au 18 octobre.

Cette tendance s’est manifestée depuis l’essai américain Arrive, dont les résultats ont été publiés en août 2018, dans The New England Journal of Medicine. L’étude randomisée sur plus de 6 106 femmes nullipares (n’ayant encore jamais accouché) à bas risque a été réalisée par l’équipe de William Grobman, spécialiste en médecine fœtale. Elle avait démontré que le déclenchement à trente-neuf semaines (soit huit mois et demi) permettrait de réduire le taux de césarienne à 18,6 %, contre 22,2 % dans les cas où le travail se déclenche de façon naturelle. Et ce même si le col de l’utérus était totalement fermé. Elle a aussi démontré une baisse du taux de pathologies hypertensives gestationnelles. En revanche, les résultats n’ont montré qu’une différence peu significative concernant la mortalité périnatale.

Questions sensibles

On a longtemps pensé que déclencher augmentait le risque de césarienne, l’essai Arrive a renversé ce paradigme. Conséquence immédiate aux Etats-Unis, le Collège américain des obstétriciens et gynécologues a estimé qu’il était raisonnable de proposer et d’accepter un déclenchement sans indication médicale à trente-neuf semaines.

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