Des employés des agences publiques de développement remettent en cause la position de la France sur les guerres au Proche-Orient

Des employés des agences publiques de développement remettent en cause la position de la France sur les guerres au Proche-Orient

A Dahieh, dans la banlieue sud de Beyrouth, après des bombardements israéliens, le 6 octobre 2024. ADRIENNE SURPRENANT / MYOP POUR « LE MONDE » Le positionnement de Paris sur les deux crises qui embrasent le Proche-Orient, la guerre dans la bande de Gaza et celle au Liban, suscite des remous au sein des deux

A Dahieh, dans la banlieue sud de Beyrouth, après des bombardements israéliens, le 6 octobre 2024.

Le positionnement de Paris sur les deux crises qui embrasent le Proche-Orient, la guerre dans la bande de Gaza et celle au Liban, suscite des remous au sein des deux agences publiques en charge de la politique de coopération tricolore à l’étranger : l’Agence française de développement (AFD) et Expertise France (EF). Des documents internes à ces deux organismes, transmis au Monde, font état du « désarroi » d’une partie de leur personnel face à la « dissonance » qu’ils ressentent entre les valeurs qu’ils défendent dans leur travail et le discours des autorités françaises sur ces deux dossiers.

Ces fuites surviennent alors que le nombre de morts à Gaza, sous les bombardements israéliens, a dépassé les 40 000 et qu’une conférence internationale sur le Liban s’ouvre, jeudi 24 octobre à Paris, sous l’égide d’Emmanuel Macron. L’événement, qui devrait voir la participation de soixante-dix pays et quinze organisations internationales, est destiné à lever des fonds pour venir en aide aux centaines de milliers de personnes déplacées par les frappes israéliennes sur le pays du Cèdre. Le 1er octobre, les agences de l’ONU avaient évalué les besoins à au moins 400 millions de dollars. « La priorité est de pouvoir répondre à cet appel », indiquait, mercredi 23 octobre, l’Elysée.

Dans un courrier envoyé mercredi à Jérémie Pellet, le directeur général d’EF, des employés de l’agence, bras technique du groupe AFD, expriment leur « souhait de voir la France adopter une position plus ferme et claire » dans les deux conflits. Mercredi soir, selon une source interne, alors que le processus de signature était encore en cours, cette lettre avait été approuvée par 110 collaborateurs d’EF – sur un total de 700.

« Tous complices »

Rappelant la note envoyée par une dizaine d’ambassadeurs français au Proche-Orient, en novembre 2023, qui s’inquiétait d’un soutien sans nuance d’Emmanuel Macron à Israël, les signataires de la lettre soulignent que « les déclarations évoquant le “droit d’Israël à se défendre” sans mentionner les souffrances du peuple palestinien ont suscité une incompréhension profonde et ont terni l’image de la France auprès de nos partenaires ».

« Condamner les attaques terroristes du 7 octobre 2023, qui ont fait 1 200 morts et 5 400 blessés, est indispensable et doit se faire sans équivoque, mais cela ne peut se faire sans dénoncer également la riposte israélienne disproportionnée, dans un contexte de colonisation de la Palestine et d’embargo imposé à Gaza, poursuit le courrier. L’ampleur des victimes civiles palestiniennes et libanaises nous oblige à dénoncer et à agir pour mettre fin à ces guerres. Sans quoi, nous en sommes tous complices », prévient le texte, qui salue le récent appel du président français à cesser les livraisons d’armes à Israël.

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