En Autriche, l’extrême droite préside la chambre basse du Parlement mais s’éloigne du pouvoir

En Autriche, l’extrême droite préside la chambre basse du Parlement mais s’éloigne du pouvoir

L’Autrichien Walter Rosenkranz (au premier plan au centre), député du FPÖ, après son élection à la présidence du Conseil national autrichien, lors de la séance plénière du Parlement autrichien, à Vienne, le 24 octobre 2024. ALEX HALADA / AFP Le nouveau président du Conseil national autrichien porte au visage les cicatrices qui font la fierté des corporations

L’Autrichien Walter Rosenkranz (au premier plan au centre), député du FPÖ, après son élection à la présidence du Conseil national autrichien, lors de la séance plénière du Parlement autrichien, à Vienne, le 24 octobre 2024.

Le nouveau président du Conseil national autrichien porte au visage les cicatrices qui font la fierté des corporations étudiantes germaniques les plus conservatrices ; celles dont les membres – uniquement des hommes – s’affrontent régulièrement en duel à l’escrime à visage découvert. Jeudi 24 octobre, Walter Rosenkranz, 62 ans, est devenu le premier élu d’extrême droite depuis la fin du nazisme en 1945 à s’emparer de la présidence de la chambre basse du Parlement du petit pays alpin, conséquence de la victoire historique du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) lors des élections législatives du 29 septembre.

A l’issue d’un scrutin à bulletin secret, M. Rosenkranz a obtenu 100 voix sur les 183 députés que compte le Conseil national. Son élection était attendue depuis que la quasi-totalité des autres partis représentés au Parlement avaient annoncé leur volonté de s’en tenir à l’usage non écrit qui veut que ce prestigieux poste, deuxième de l’Etat dans l’ordre protocolaire, soit attribué au parti disposant du groupe le plus fort. Or, depuis qu’il est arrivé en tête aux élections avec près de 29 % des voix, le FPÖ, un parti fondé par d’anciens nazis, dispose de 57 sièges, le groupe le plus large de son histoire.

Seul le chef des Verts, Werner Kogler, avait annoncé la volonté de son groupe de s’opposer collectivement à cette nomination en estimant qu’« il n’y a pas d’usage qui prévoit qu’on élise une personne opposée à l’UE [Union européenne] », et en rappelant que le candidat du FPÖ a qualifié dans le passé le mouvement identitaire de « rafraîchissant ». « Pour moi, la démocratie est à la première place », a défendu en retour M. Rosenkranz après son élection, en jouant de son profil de juriste pour essayer de rassurer ses opposants.

Lot de consolation

Cette nomination constitue une sorte de lot de consolation pour le parti d’extrême droite, alors que son chef, le très radical Herbert Kickl, voit en parallèle ses chances d’accéder au pouvoir se réduire. Mardi, le président autrichien, l’écologiste Alexander Van der Bellen, a en effet annoncé, après avoir consulté tous les partis, qu’il préférait confier le mandat de former le prochain gouvernement aux conservateurs du Parti populaire autrichien (ÖVP), pourtant arrivé deuxième. Connu pour son agressivité et ses thèses complotistes, M. Kickl « ne trouve pas de partenaire de coalition qui ferait de lui un chancelier », a justifié M. Van der Bellen.

Le chancelier sortant, le conservateur Karl Nehammer, a immédiatement annoncé qu’il allait démarrer des négociations avec les sociaux-démocrates, arrivés troisièmes, et un autre parti, très probablement les libéraux du parti NEOS. Ensemble, ces trois formations disposent d’une large majorité au Conseil national, mais il leur reste à s’entendre sur un programme de gouvernement, ce qui s’annonce particulièrement long et compliqué au vu de leurs différences idéologiques. Tout en comparant la décision du président à une « gifle » adressée à ses électeurs, M. Kickl a répété qu’il restait prêt « à prendre ses responsabilités » si ces négociations devaient échouer.

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