Joe Biden présente des excuses historiques pour les atrocités commises dans des pensionnats pour Amérindiens

Joe Biden présente des excuses historiques pour les atrocités commises dans des pensionnats pour Amérindiens

Le président des Etats-Unis, Joe Biden, dans la réserve amérindienne de Gila River, en Arizona, vendredi 25 octobre 2024. ELIZABETH FRANTZ / REUTERS « Un péché qui entache notre âme » : le président des Etats-Unis, Joe Biden, a présenté, vendredi 25 octobre, des excuses historiques pour les atrocités commises durant plus d’un siècle dans des pensionnats où des dizaines

Le président des Etats-Unis, Joe Biden, dans la réserve amérindienne de Gila River, en Arizona, vendredi 25 octobre 2024.

« Un péché qui entache notre âme » : le président des Etats-Unis, Joe Biden, a présenté, vendredi 25 octobre, des excuses historiques pour les atrocités commises durant plus d’un siècle dans des pensionnats où des dizaines de milliers d’enfants amérindiens, arrachés à leur famille par l’Etat, ont été placés et maltraités dans un but d’assimilation forcée.

L’objectif de ces pensionnats était d’effacer la culture, la langue et l’identité des Amérindiens. Beaucoup d’enfants y ont subi des violences physiques, psychologiques ou sexuelles, selon un récent rapport gouvernemental.

« Je m’excuse formellement, en tant que président des Etats-Unis, pour ce que nous avons fait », a déclaré Joe Biden depuis la réserve amérindienne de Gila River, en Arizona, après avoir fait observer un moment de silence pour « les personnes perdues et les générations vivant avec ce traumatisme ».

Ces pensionnats ont existé entre le début du XIXe siècle et les années 1970. Selon le rapport gouvernemental, au moins 973 enfants sont décédés dans ces structures.

« Les enfants arrivaient à l’école, étaient déshabillés, leurs cheveux qu’on leur disait sacrés étaient coupés. Leurs noms étaient littéralement effacés, remplacés par un numéro ou un nom anglais », a énuméré le président américain. Certains étaient « contraints à des travaux forcés, certains adoptés sans le consentement de leurs parents biologiques, d’autres laissés pour morts et enterrés dans des tombes anonymes », a-t-il ajouté dans un discours passionné.

Un « terrible chapitre occulté de nos livres d’histoire »

Affirmant que ce chapitre est l’un des « plus sombres de l’histoire américaine », le président démocrate a également assuré que « le traumatisme » vécu par les enfants amérindiens dans ces institutions « hante aujourd’hui encore notre conscience ».

Ces excuses présidentielles, rares, sont « tellement historiques que je ne suis pas sûre de pouvoir en exprimer l’impact de manière adéquate », avait déclaré, jeudi, la ministre de l’intérieur Deb Haaland, première ministre amérindienne aux Etats-Unis. Elles « signifient bien plus que ce que les mots pourraient exprimer ».

C’est sous son impulsion qu’une grande enquête a été lancée en 2021, aboutissant à un rapport détaillé. Elle a également mené une tournée, baptisée « Chemin de la guérison », dans douze communautés amérindiennes, afin de donner l’occasion aux victimes de partager leur témoignage.

« Pendant plus d’un siècle, des dizaines de milliers d’enfants autochtones, dès quatre ans, ont été arrachés à leur famille et à leur communauté pour être placés de force dans des internats gérés par le gouvernement américain et des institutions religieuses », a déclaré la ministre : « Cela comprend ma propre famille. »

« Pendant des décennies, ce terrible chapitre a été occulté de nos livres d’histoire », a-t-elle ajouté. Mais « le gouvernement fédéral a échoué. Il n’a pas réussi à anéantir nos langues, nos traditions, nos modes de vie. Il n’a pas réussi à nous détruire », a-t-elle lancé devant une foule rassemblée sous le soleil.

Au Canada aussi

Les évêques catholiques américains ont formellement reconnu cette année le rôle de l’Eglise dans « les traumatismes » infligés aux Amérindiens, et présenté leurs excuses.

Au Canada voisin, la même pratique des pensionnats était menée, et le pays a également ouvert les yeux ces dernières années sur cette sombre page de son histoire. La blessure avait été ravivée en 2021 avec la découverte de plus d’un millier de tombes anonymes sur les sites d’anciens pensionnats catholiques pour autochtones. Lors d’une visite au Canada à l’été 2022, le pape François avait demandé « pardon pour le mal commis ».

L’administration de Joe Biden a mis en place toute une série de mesures afin de soutenir les nations amérindiennes et améliorer les relations avec l’Etat fédéral. Plusieurs lieux ancestraux ont été désignés « monuments nationaux », des décrets ont été pris pour imposer la consultation régulière des gouvernements amérindiens par les agences fédérales, et plusieurs milliards de dollars ont été investis pour la construction d’infrastructures dans les réserves amérindiennes.

Le déplacement de Joe Biden intervient par ailleurs en pleine campagne présidentielle, menée par sa vice-présidente Kamala Harris face au républicain Donald Trump, dans une course extrêmement serrée.

En 2020, Joe Biden avait remporté de justesse l’Arizona, un Etat clé qui pourrait avec d’autres faire basculer le résultat du scrutin en novembre, et qui est l’un de ceux où la population amérindienne est la plus importante aux Etats-Unis.

Le Monde avec AFP

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