Budget : Michel Barnier se heurte à la difficulté de réduire les dépenses publiques

Budget : Michel Barnier se heurte à la difficulté de réduire les dépenses publiques

Le premier ministre, Michel Barnier, à l’Assemblée nationale, le 23 octobre 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » Le supplice budgétaire continue pour le gouvernement. Après avoir transformé la première partie du budget pour 2025, consacrée aux recettes, en ajoutant des impôts par dizaines de milliards d’euros, les députés ont commencé à en remanier la

Le premier ministre, Michel Barnier, à l’Assemblée nationale, le 23 octobre 2024.

Le supplice budgétaire continue pour le gouvernement. Après avoir transformé la première partie du budget pour 2025, consacrée aux recettes, en ajoutant des impôts par dizaines de milliards d’euros, les députés ont commencé à en remanier la seconde partie, celle dévolue aux dépenses. De nombreuses économies prévues se trouvent remises en cause, et des dépenses ajoutées, à coups d’amendements à 10 millions, 100 millions ou 300 millions d’euros.

Lundi 28 octobre, le budget de l’agriculture a ainsi été augmenté de 830 millions d’euros en quelques heures, se sont réjouis les élus de Nouveau Front populaire (NFP). L’économie sociale et solidaire ou encore La Poste ont également eu droit à des coups de pouce. Puis, mardi, les députés ont rayé d’un trait de plume les 4 000 suppressions de postes programmées dans l’éducation nationale, la principale baisse d’effectifs attendue dans la fonction publique. Avant de généraliser à tous les étudiants le tarif d’un euro par repas dans les Crous, pour un coût estimé à 90 millions d’euros par an.

« La bataille pour un budget NFP-compatible se poursuit bien », tambourine Eric Coquerel, le président (La France insoumise) de la commission des finances. Ce n’est qu’un début. Ces prochains jours, l’examen des amendements gouvernementaux pour moins rémunérer les fonctionnaires malades a toutes les chances, en particulier, de susciter des salves nourries à gauche. De même que le gel pour six mois des pensions de retraite et de la réforme des exonérations de cotisations patronales, deux propositions censées rapporter 8 milliards d’euros, et qui risquent d’être torpillées en séance.

Certaines de ces modifications au projet initial du gouvernement seront sans doute gommées dans la suite du processus budgétaire, au Sénat puis en commission mixte paritaire. Surtout si Michel Barnier engage sa responsabilité sur ce texte majeur. Ces premières semaines de discussion n’en mettent pas moins en évidence l’extrême difficulté, en France, de limiter les dépenses publiques.

La « singularité » du modèle social de la France

En 2017, le candidat Emmanuel Macron s’était engagé à les ramener à moins de 52 % du produit intérieur brut (PIB) en 2022, notamment en supprimant 120 000 postes dans la fonction publique. Depuis, le nombre de fonctionnaires n’a néanmoins cessé d’augmenter, et les dépenses de l’Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales représentent désormais plus de 57 % du PIB, selon Eurostat. Le taux le plus élevé de toute l’Union européenne. Elles pesaient seulement 35 % du PIB à la fin des années 1950.

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Denis Cosnard
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