Le chancelier Olaf Scholz, le ministre de l’économie et du climat, Robert Habeck, et le minstre des finances, Chistian Lindner, au Bundestag à Berlinle 28 novembre 2023. MARKUS SCHREIBER / AP Pont qui s’effondre à Dresde, retards chroniques et annulations répétées des trains de la Deutsche Bahn, infrastructures numériques sous-dimensionnées, réarmement de la Bundeswehr insuffisant et
Pont qui s’effondre à Dresde, retards chroniques et annulations répétées des trains de la Deutsche Bahn, infrastructures numériques sous-dimensionnées, réarmement de la Bundeswehr insuffisant et non financé dans la durée… En Allemagne, plus personne ne se hasarde à contester les effets du manque d’investissements publics, y compris sur l’économie, qui s’apprête à vivre, en 2024, sa deuxième année de récession.
Fin octobre, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont une nouvelle fois tancé l’Allemagne à l’occasion de leurs réunions annuelles, lui reprochant d’économiser de l’argent pour des raisons juridiques – en vertu du « frein à la dette », une disposition constitutionnelle qui bride le recours à l’emprunt pour l’Etat et les Länder – au détriment de sa croissance et de celle de l’Europe. « Sans infrastructures fonctionnelles, il n’y a pas d’économie productive », a insisté Alfred Kammer, responsable européen du FMI, dans un entretien à la Süddeutsche Zeitung, mardi 29 octobre. « Le “frein à la dette” pourrait être assoupli, et le ratio de dette continuerait néanmoins de baisser. »
Le sujet de l’investissement public divise au sein même du gouvernement, opposant les sociaux-démocrates d’Olaf Scholz au Parti libéral-démocrate présidé par le ministre des finances, Christian Lindner, défenseur acharné de l’orthodoxie budgétaire. Il fait en revanche l’objet d’un large consensus non seulement chez les économistes, mais aussi dans une partie croissante du monde des affaires.
« Endettement ou austérité »
Le BDI, le lobby des grands groupes industriels, plaide ainsi explicitement pour un grand plan d’investissement public, qu’il a chiffré en juin à 400 milliards d’euros sur dix ans, listant d’importants besoins de financement pour des services publics comme les routes ou les écoles mais aussi pour la décarbonation, le logement, les semi-conducteurs ou les batteries, la question de l’énergie étant exclue du champ. « L’Allemagne, pays industriel, a sous-investi pendant des décennies », constatait, en juin, le lobby, déplorant un débat politique excessivement binaire, « en faveur de l’endettement ou de l’austérité », et occultant la complexité du sujet.
L’Institut de l’économie allemande de Cologne (IW), proche du patronat, puisque lui-même financé par les deux principales fédérations d’entreprises du pays, va plus loin en estimant, dans une étude publiée le 28 octobre, qu’un recours accru à la dette publique serait sans danger pour les finances allemandes. Dès lors que la dépense améliore la qualité des infrastructures et stimule la croissance, elle accroît les recettes fiscales et s’autofinance en partie, affirme l’IW. Des investissements supplémentaires de l’Etat, de 15 à 60 milliards d’euros par an au cours des dix prochaines années, doperaient le produit intérieur brut (PIB) de 0,2 % à 0,8 %, générant à leur tour des recettes publiques de 29 à 114 milliards d’euros cumulés sur dix ans, estime l’institut. La dette publique, qui s’élève aujourd’hui à 63 % du PIB en Allemagne, augmenterait de 2,2 à 8,9 points, après dix ans.
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