A gauche : Barbara Chase-Riboud dans son atelier, rue Dutot, à Paris, en 1973. A droite : Barbara Chase-Riboud avec les frères Bonvicini, à côté de la sculpture « Standing Black Woman/Black Tower », à Vérone, en Italie, en 1973. MARC RIBOUD/MASSIMO VITALI Ses œuvres de bronze et de soie quadrillent le Tout-Paris muséal jusqu’au mois de janvier 2025. Barbara Chase-Riboud aura
Ses œuvres de bronze et de soie quadrillent le Tout-Paris muséal jusqu’au mois de janvier 2025. Barbara Chase-Riboud aura pourtant attendu cinquante ans depuis sa première exposition personnelle à Paris, en 1974, au Musée d’art moderne de Paris-ARC, avant cette reconnaissance tardive. Le temps de cette « éclipse » d’un demi-siècle – hormis une exposition à la Fondation Giacometti à Paris (d’octobre 2021 à janvier 2022) –, la native de Philadelphie (Pennsylvanie), aujourd’hui âgée de 85 ans, aura bâti trois œuvres en parallèle et en alternance, en tant que romancière, poétesse et sculptrice. Elle revient en force aujourd’hui avec une exposition aux airs de chasse aux trésors pour les amateurs d’art, puisque sous un nom unique, « Quand un nœud est dénoué, un dieu est libéré », tiré de l’un de ses recueils de poésie. Elle présente une quarantaine d’œuvres dans huit grandes institutions nationales.
Ce « grand chelem » artistique est un rattrapage multifacette, car le travail de Barbara Chase-Riboud, en embrassant une histoire culturelle de l’art très étendue, lui permet de trouver une place juste dans des collections pourtant très diverses. Il participe au passage à venir rééquilibrer une sous-représentation historique des femmes et des artistes non blancs à Paris, d’autant qu’elle-même est depuis toujours engagée dans la visibilisation de figures noires du passé. De hiératiques monuments en stèles drapées de rouge, de noir ou de doré, son style est immédiatement reconnaissable à ses hybridités, entre la rigidité du métal et la fluidité d’éléments textiles, qui viennent renverser les contradictions dur-mou, figuratif-abstrait, masculin-féminin, occidental-non occidental ou pouvoir-impuissance, créant des alchimies entre grandeur et fragilité.
Cet alignement des planètes vient dans la foulée de l’exposition à la Fondation Giacometti, où son travail avait été mis en dialogue avec celui du sculpteur suisse, qu’elle avait pu rencontrer dans son atelier de Montparnasse et qui fut sa première grande influence en sculpture. L’exposition, qui a voyagé au MoMA, à New York, en 2023, avait créé un déclic international, avec, depuis, un enchaînement de grandes expositions, de la Serpentine Gallery, à Londres, à la Pulitzer Arts Foundation, à Saint-Louis (Missouri) aux Etats-Unis, et bientôt en Allemagne et en Chine.
A Paris, où elle est installée depuis son mariage avec le photographe Marc Riboud (1923-2016) au début des années 1960, il s’agit ni plus ni moins de la première exposition multimuséale à être présentée du vivant d’un artiste. « Tout est parti d’une conversation avec Laurence des Cars [présidente du Louvre] et Laurent Le Bon [président du Centre Pompidou] à propos des célébrations d’artistes défunts. On s’est posé la question de basculer vers une artiste vivante qui n’avait pas fait l’objet d’une célébration à la hauteur de son importance », précise Donatien Grau, conseiller pour les programmes contemporains au Musée du Louvre et cocommissaire général de l’exposition avec l’Américaine Erin Jenoa Gilbert, la spécialiste de l’œuvre de Barbara Chase-Riboud.
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