Prise en otage par l’insécurité, Port-au-Prince fête les morts sans les traditions

Prise en otage par l’insécurité, Port-au-Prince fête les morts sans les traditions

Depuis des lustres, la fête des Morts est ancrée dans les mœurs d’un grand nombre de pays à travers le monde. En Haïti, la fête des Morts prend place aux deux premiers jours du mois de novembre et leurs célébrations dépendent souvent de l’affiliation religieuse. Cependant, cette année, sur fond d’insécurité et de crise socioéconomique, la fête des Morts perd l’essence de sa tradition.

Ce 1er Novembre est la traditionnelle fête catholique consacrée à la vénération des différents saints au sein de l’Église Catholique. En Haïti, les gens profitent de cette journée consacrée à la Toussaint, pour rendre un hommage à leurs proches décédés en allant faire une visite au cimetière. Les entretiens des pierres tombales des défunts, des bougies allumées qui viendront accompagner les prières de chacun, tel est le décor de la tradition haïtienne le 1er et 2 Novembre.

En 2024, la situation sécuritaire pèse lourdement sur les célébrations festives dans le pays, plus de la majorité des endroits de la capitale sont contrôlés par des groupes armés qui imposent leur loi. Au centre-ville, les zones donnant accès au cimetière de Port-au-Prince deviennent inaccessibles, même scénario à la Route de Frères rendant impossible la célébration traditionnelle de la Toussaint et la fête des morts.

Selon Jean (nom d’emprunt), prêtre de Vodou, la situation du pays handicape la célébration de la fête des Morts. « Malgre gen simityè tou prè mwen, mwen pa janm pa ale gran simitye al remèsye sa nou pa we yo, limen balèn klere chimen yo. Ane sa bagay yo pi difisil », a-t-il fait comprendre, tout en soulignant que cette fête ne peut pas être effacée de notre culture et religion.

Il convient aussi de souligner qu’à Delmas 34, la fête de la Toussaint est célébrée avec ce qui reste de la tradition. Des gens venant de partout ont apporté leurs chandelles, certains vêtus de couleurs mauves et noires, se rassemblent autour du cimetière pour faire des dévotions, effectuer des rituels précis et honorer les défunts.

Cette célébration à la fois religieuse et culturelle, tenue cette année sur fond d’insécurité, peut-être considérée comme un vecteur d’unité et de solidarité, à un moment où le pays est complètement divisé, dévasté par cette crise multidimensionnelle et peine à trouver une solution durable. Toutefois, nous continuerons d’espérer un retour à la normale !

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