Le haka des All Blacks néo-zélandais face à l’Irlande, le 8 novembre 2024, à Dublin. CLODAGH KILCOYNE / REUTERS Joe Marler ne devrait pas se reconvertir dans la diplomatie. Guère habitué à mâcher ses mots ou ses actes, le pilier gauche à crête du XV de la Rose (95 sélections) a craqué une allumette en début de tournée
Joe Marler ne devrait pas se reconvertir dans la diplomatie. Guère habitué à mâcher ses mots ou ses actes, le pilier gauche à crête du XV de la Rose (95 sélections) a craqué une allumette en début de tournée d’automne, et quelques semaines plus tard, l’incendie est loin d’être éteint. « Le haka doit être supprimé, c’est ridicule », a asséné sur X le joueur – qui a depuis annoncé sa retraite internationale – en amont du choc entre l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande, le 2 novembre.
S’il a ensuite rétropédalé, insisté sur « le contexte » de sa diatribe, présenté ses excuses et précisé son propos, le fantasque anglais a provoqué une unanime levée de boucliers au pays du long nuage blanc. Des anciens joueurs, jusqu’au ministre néo-zélandais des sports, David Seymour, tous ont défendu avec vigueur le haka.
Samedi 16 novembre, les quinze joueurs des All Blacks effectueront bien le traditionnel rituel culturel du pays, qui allie défi et danse (« haka » signifie « danse »), quelques minutes avant d’affronter les Bleus. Et tous les spectateurs du Stade de France l’attendent avec impatience, car comme le ballon ovale ou les passes en arrière, le haka est consubstantiel du rugby. « On a tous déjà fait un haka dans son salon ou dans son jardin, quand on était jeune », a résumé cette semaine le troisième ligne Alexandre Roumat, au Midi-Olympique. Néo-Bleu depuis le dernier Tournoi des six nations, le Toulousain découvrira samedi l’effet que fait un haka avant de commencer un match.
Reste que les propos de Joe Marler reposent une question fondamentale : au-delà du folklore et du respect d’une tradition centenaire – le premier haka en rugby remonte à 1905 –, est-il normal qu’une équipe soit autorisée à tenter d’intimider son adversaire quelques minutes avant le coup d’envoi ? D’autant que les joueurs adverses n’ont pas le droit de répliquer, au rugby à XV.
Car impossible de dissocier ces « challenges culturels » – terme officiel employé par la fédération internationale de rugby – de leur aspect guerrier. Le haka « n’est fait pour être aimé, c’est fait pour que les adversaires tremblent, défendait ainsi le conseiller culturel maori Mana Epiha, dans le média néo-zélandais Stuff. C’est quelque chose qui fait ressortir les beaux sentiments de l’esprit guerrier de nos ancêtres. »
Le risque de devenir « un simple spectacle unilatéral »
Certains y répondent tout de même, à l’image des Français lors du quart de finale de la Coupe du monde 2007. Déterminés à « ne rien subir », les joueurs du XV de France, menés par Sébastien Chabal, se sont alignés revêtus de t-shirts bleu, blanc, rouge, et ont tenu tête aux Néo-Zélandais, se rapprochant au fur et à mesure pour finir, les yeux dans les yeux, à quelques centimètres de leurs adversaires. Une réponse pour laquelle la France a été sanctionnée financièrement, les Bleus n’ayant pas respecté la règle des dix mètres d’écart minimum lors des « challenges culturels » – si le haka néo-zélandais est le plus connu, le cibi fidjien, le sipi tau tongien ou le siva tau samoan se déroulent également avant les matchs de ces nations du Pacifique.
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