Prisons : le plan B de Didier Migaud face à l’impossibilité de construire les 15 000 nouvelles places annoncées

Prisons : le plan B de Didier Migaud face à l’impossibilité de construire les 15 000 nouvelles places annoncées

Le ministre de la justice, Didier Migaud, visite le centre pénitentiaire des Baumettes, avec sa directrice, Karine Lagier. A Marseille, le 8 novembre 2024. ALAIN ROBERT/SIPA Le calendrier ne sera pas tenu. Didier Migaud, le nouveau ministre de la justice, a été clair, lors de son intervention au « 20 heures » de France 2, mardi 19 novembre : la réalisation du

Le ministre de la justice, Didier Migaud, visite le centre pénitentiaire des Baumettes, avec sa directrice, Karine Lagier. A Marseille, le 8 novembre 2024.

Le calendrier ne sera pas tenu. Didier Migaud, le nouveau ministre de la justice, a été clair, lors de son intervention au « 20 heures » de France 2, mardi 19 novembre : la réalisation du plan prévoyant la construction de 15 000 places de prison à l’horizon 2027 est « à la peine ». « Il faut prendre des mesures pour rattraper ce retard. Nous réfléchissons à un projet de loi pour accélérer les procédures. Il faut sortir du modèle unique de prison. […] Toute la population de détenus n’est pas faite de grands criminels. Il faut des solutions diversifiées, des centres plus petits qui nécessitent moins de sécurité », a ainsi déclaré le garde des sceaux qui avait promis de se livrer à une « opération vérité » sur ce sujet très sensible.

Porté par son prédécesseur place Vendôme, Eric Dupond-Moretti, le « plan 15 000 » est loin du compte : à ce jour, moins d’un tiers est réalisé et seulement 42 % de l’objectif sera atteint en 2027. « Si nous n’agissons pas, seules 6 421 nouvelles places de prison seront construites à la fin du quinquennat », a encore ajouté l’ancien socialiste. Dans « le meilleur des cas », ce plan ne sera finalisé qu’en 2029 et ce, seulement si des efforts budgétaires très importants ont lieu à partir de 2026. Autant dire que, dans la situation économique actuelle, cette vision optimiste est compromise.

Les raisons de ces retards sont multiples. Tout d’abord, l’objectif a toujours semblé difficilement réalisable compte tenu de son ampleur. Il faut ajouter à cela la lourdeur des procédures mais aussi des exigences techniques très élevées. Il y a également des résistances locales très fortes, soit de la part des élus, soit de celle des habitants, soit des deux. Les raisons invoquées sont la sécurité et/ou l’environnement. Par ailleurs, la chancellerie rappelle que « différentes crises se sont succédé (la pandémie de Covid-19, ou la guerre entre la Russie et l’Ukraine), augmentant les délais d’approvisionnement et rendant plus difficile le travail des entreprises de construction ». Enfin, il ne faut pas oublier de nombreux aléas techniques et environnementaux, comme la protection des espèces protégées, les fouilles archéologiques, etc.

Situation « explosive »

Pourtant, il y a urgence à agir. La situation dans les prisons est plus critique que jamais. Début novembre, un nouveau record est tombé : il y a désormais plus de 80 000 détenus en France pour un peu plus de 62 000 places opérationnelles. Dans les maisons d’arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement, et donc présumés innocents, ainsi que ceux qui sont condamnés à de courtes peines, la densité moyenne est de 156 %, avec des pointes à plus de 200 % dans une vingtaine d’établissements, dont 4 000 matelas au sol (+ 60 % en une année). Et les prévisions du ministère sont alarmantes : plus de 86 500 détenus devraient être accueillis en janvier 2026, et plus de 93 000 en 2027, soit une augmentation de 5 500 détenus par an en moyenne.

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Abel Mestre
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