Le chancelier allemand, Olaf Scholz, au siège berlinois du Parti social-démocrate, lundi 25 novembre. ODD ANDERSEN / AFP Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a été désigné, lundi 25 novembre, en tant que candidat du Parti social-démocrate (SPD) pour former le prochain gouvernement à l’issue des élections législatives anticipées du 23 février, malgré une popularité au plus bas et
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a été désigné, lundi 25 novembre, en tant que candidat du Parti social-démocrate (SPD) pour former le prochain gouvernement à l’issue des élections législatives anticipées du 23 février, malgré une popularité au plus bas et l’implosion de la coalition sortante.
La direction de la formation de centre gauche s’est prononcée « à l’unanimité » en sa faveur, rapporte l’Agence France-Presse (AFP), citant une source proche du parti. Les délégués doivent encore valider sa candidature lors d’un congrès le 11 janvier 2025.
Le chancelier sortant, âgé de 66 ans, qui s’était dit candidat à sa propre succession après la rupture de la coalition avec les Verts et les Libéraux, le 6 novembre, a dû faire face par la suite à une fronde au sein du SPD, où certains s’étaient prononcés en faveur du très populaire ministre de la défense, Boris Pistorius, mais ce dernier a renoncé jeudi à se lancer dans la course à la chancellerie.
Le SPD entend désormais faire bloc derrière Olaf Scholz, même si le pari s’annonce risqué pour le plus vieux parti d’Allemagne, crédité d’environ 15 % des intentions de vote. Les conservateurs de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et leurs alliés bavarois (CSU) en recueillent 33 % et le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), 18 %.
Olaf Scholz, « visage » de l’échec d’un gouvernement marqué par des divergences perpétuelles, est « probablement le candidat à la chancellerie le plus faible, le moins approprié, que le SPD ait jamais présenté », juge le magazine Der Spiegel. Sa coalition, au pouvoir depuis fin 2021, a volé en éclat après le limogeage du ministre des finances, Christian Lindner, membre du Parti libéral-démocrate (FDP), pour cause de différends devenus insurmontables en matière de politique budgétaire, et ce en pleine crise industrielle dans la première économie européenne.
Imperturbable, celui qui est surnommé « Scholzomat » en raison de ton monocorde et de ses phrases interminables, se dit convaincu d’être en mesure de mener à nouveau son parti à la victoire. Il rappelle volontiers comment, en 2021, il a remporté les élections contre toute attente. Il avait alors beaucoup profité des divisions du camp conservateur.
« Chancelier de la paix »
Sa stratégie cette fois : se présenter comme l’homme de la retenue dans le soutien militaire accordé à l’Ukraine, dans l’espoir de capitaliser sur le pacifisme très ancré chez les Allemands depuis la seconde guerre mondiale et un courant prorusse non négligeable.
Selon une étude récente de la télévision publique ARD, 61 % des personnes interrogées approuvent son refus de fournir à l’Ukraine des missiles Taurus qui pourrait lui permettre de frapper le territoire russe en profondeur, alors que les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne lui ont donné leur aval pour utiliser les leurs à cette fin. L’entretien téléphonique récent d’Olaf Scholz avec Vladimir Poutine a, par ailleurs, fait grincer des dents, notamment à Kiev.
En Allemagne, l’opposition conservatrice l’accuse d’avoir contribué à la « propagande » de Moscou pour réaliser une manœuvre électorale visant à se présenter comme « chancelier de la paix » avant des élections périlleuses. Dans les rangs conservateurs, la candidature du chancelier a été accueillie avec soulagement. La décision « est bonne pour nous. Pistorius aurait été plus désagréable pour la CDU et la CSU », a souligné le député Mathias Middelberg.
Olaf Scholz, vétéran de la politique qui fut notamment maire de Hambourg (Bord) et vice-chancelier avec le portefeuille des finances dans le dernier gouvernement d’Angela Merkel (2005-2021), a toutefois démontré à plusieurs reprises sa capacité à déjouer les pronostics. En 2021, il l’avait emporté en se présentant comme le véritable héritier de la chancelière conservatrice. Il entend cette fois aussi rassurer par son expérience, dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l’inconnu par l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.
Le chancelier sortant est « vraiment très, très expérimenté, il a plus d’un tour dans son sac, y compris au niveau international », a souligné lundi la présidente du parti, Saskia Esken, à la radio bavaroise.
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