Des gaz lacrymogènes ont été tirés par les forces de l’ordre pakistanaises pour disperser des partisans de l’ancien premier ministre Imran Khan, à Islamabad, le 26 novembre 2024. AAMIR QURESHI / AFP Des affrontements opposent, mardi 26 novembre, les forces de sécurité pakistanaises à des milliers de partisans de l’ex-premier ministre Imran Khan entrés tôt le matin dans
Des affrontements opposent, mardi 26 novembre, les forces de sécurité pakistanaises à des milliers de partisans de l’ex-premier ministre Imran Khan entrés tôt le matin dans Islamabad pour demander sa libération, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).
Des manifestants d’un côté et des policiers et des paramilitaires de l’autre ont été vus s’échanger des tirs de grenades lacrymogènes. Les forces de sécurité, qui bloquent la totalité des quartiers d’Islamabad depuis dimanche, ont également tiré des balles en caoutchouc, et Internet est inaccessible dans plusieurs secteurs.
Les autorités rapportent qu’un policier a été tué et que neuf autres se trouvent dans un état critique, sans donner plus de détails sur les circonstances. Depuis dimanche, « plus de 20 000 membres des forces de sécurité ont été déployés dans et autour d’Islamabad », avait annoncé à l’AFP Mohammed Taqi, porte-parole de la police de la capitale.
Le ministre de l’intérieur, Mohsin Naqvi, avait prévenu, lundi, en visitant dans la nuit D-Chowk, le lieu où les partisans de l’ancienne star du cricket comptaient se rassembler : « Ceux qui viendront ici seront arrêtés. »
Face aux risques de violences, la diplomatie américaine a « exhorté », lundi soir depuis Washington, « les manifestants à manifester pacifiquement », et « dans le même temps » a « demandé aux autorités pakistanaises de respecter les droits humains et les libertés fondamentales ».
Ecoles fermées, Internet coupé
L’appel à manifester avait été lancé pour dimanche. Les manifestants sont partis des provinces limitrophes de la capitale, le Pendjab à l’Est et le Khyber-Pakhtunkhwa, fief du Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti d’opposition de M. Khan, à l’Ouest. Ils ont mis plus de 48 heures à arriver à Islamabad, capitale administrative du cinquième pays le plus peuplé au monde où se trouvent toutes les institutions politiques et la prison où est incarcéré M. Khan, 72 ans.
En réponse à ce que le PTI présente comme « son dernier acte », les autorités ont sorti les grands moyens. Dès le début de la semaine, Islamabad avait déclenché l’« article 144 », qui interdit tout rassemblement de plus de quatre personnes, pour deux mois. Le Pendjab, où vivent plus de la moitié des Pakistanais, lui a emboîté le pas samedi, avec une décision similaire, mais limitée à trois jours.
« Vu l’ampleur des préparatifs, on se demande si la police d’Islamabad se prépare à une guerre », s’interrogeait dès mercredi, dans son éditorial, Dawn, le quotidien de référence en anglais. Partout dans la capitale, depuis des jours, des centaines de containers ont été déposés par des grues en travers des routes. « Islamabad va une fois de plus se transformer en “Contenairistan” comme l’appellent les habitants. Est-ce vraiment nécessaire, la question se pose », poursuit Dawn.
Les écoles d’Islamabad, qui n’ont pas repris lundi matin, resteront fermées mardi, ont annoncé les autorités, alors que le ministère de l’intérieur a prévenu que « le réseau Internet mobile et le wi-fi seront coupés dans des zones où il y a des dangers sécuritaires ».
Une détention « arbitraire », selon l’ONU
La Commission pakistanaise des droits humains (HRCP), principale ONG de défense des libertés du pays, estime que « bloquer les accès à la capitale, en fermant les principaux axes routiers du Pendjab et du Khyber-Pakhtunkhwa, pénalise les citoyens ordinaires, et en particulier les travailleurs journaliers dont le revenu dépend de la liberté de mouvement ».
Le chef du gouvernement du Khyber-Pakhtunkhwa, Ali Amin Gandapur, avait appelé depuis dimanche ses partisans à « aller à Islamabad et y rester jusqu’à ce qu’Imran Khan, nos leaders et nos membres soient libérés de prison ». S’adressant aux autorités, il avait ajouté : « Vous pouvez nous tirer dessus, nous bombarder et bloquer les routes avec vos containers. Si ça dégénère, vous serez responsables. »
M. Khan, au pouvoir de 2018 à 2022, est poursuivi devant différents tribunaux principalement pour des affaires de corruption ou de manifestations violentes de ses partisans. En juillet, un panel d’experts de l’ONU avait qualifié sa détention d’« arbitraire », appelant à sa libération « immédiate ». Ses partisans s’étaient massivement mobilisés lors de son arrestation il y a plus d’un an, et continuent régulièrement de manifester.
Récemment, dix députés de son parti ont été arrêtés et présentés à un juge antiterroriste quelques jours après l’adoption d’une loi encadrant les manifestations à Islamabad.
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