En Arabie saoudite, les déboires des projets futuristes du prince héritier Mohammed Ben Salman

En Arabie saoudite, les déboires des projets futuristes du prince héritier Mohammed Ben Salman

Le président des Emirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, et le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, à Qasr Al-Rawdha, à Abou Dhabi, le 1er décembre 2024. ABDULLA AL-BEDWAWI / AFP Sur la scène du Cityscape, le salon de l’immobilier saoudien, le 12 novembre, Tarek Qaddoumi, le directeur exécutif de The Line Design Group, démentait les rumeurs.

Le président des Emirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, et le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, à Qasr Al-Rawdha, à Abou Dhabi, le 1er décembre 2024.

Sur la scène du Cityscape, le salon de l’immobilier saoudien, le 12 novembre, Tarek Qaddoumi, le directeur exécutif de The Line Design Group, démentait les rumeurs. « The Line », le projet de ville futuriste porté par le prince héritier Mohammed Ben Salman, surnommé « MBS », la vitrine du plan de transformation économique et sociale du royaume, Vision 2030, sera, disait-il, à la hauteur des ambitions.

Au cœur de Neom, sur un territoire grand comme la Belgique mais situé dans le désert aride dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, à l’embouchure du golfe d’Aqaba, il y aura bien, assurait M. Qaddoumi, une paire de gratte-ciel en miroir de 174 kilomètres de long, 200 mètres de large et 500 mètres de haut où vivront 9 millions d’habitants. Une cité verticale, durable et sans voiture, où les lois les plus restrictives du royaume ne s’appliqueront pas. Une station de ski, Trojena, doit y accueillir les Jeux asiatiques d’hiver 2029. La station balnéaire de luxe sur la mer Rouge, Sindalah, a, elle, été inaugurée en octobre.

Sur scène, les architectes et les urbanistes confient « certaines des complexités » auxquelles ils sont confrontés pour réaliser cette ville défiant l’imagination et toute mesure. Le projet, né dans la tête de créateurs d’Hollywood, semble, à les entendre, difficile à traduire dans la réalité, mais pas impossible. Mais, alors que la présentation se poursuit sur la scène du Cityscape, la société Neom annonce, par voie de communiqué, le départ de Nadhmi Al-Nasr, son directeur général depuis 2018.

C’est un nouveau revers pour un projet qui accumule les retards, les dépassements de coûts et les démissions. Lorsque Mohammed Ben Salman l’a dévoilé, en 2022, le projet devait accueillir, dans sa première phase, un million d’habitants d’ici à 2030 sur 16 kilomètres, puis neuf millions en 2045. Il était estimé à un coût total de 500 milliards de dollars (475 milliards d’euros). Deux ans plus tard, alors que le président Emmanuel Macron est en visite dans le pays jusqu’au 4  décembre, il n’est plus question de construire, d’ici à 2030, que 2,5 kilomètres et d’accueillir 300 000 habitants, selon l’agence Bloomberg, qui rapporte que le budget a été réduit de 20 % en 2024. Des sociétés ont commencé à licencier des ouvriers pour réduire la voilure.

« Plus assez d’argent »

L’emblématique mégaprojet n’est pas le seul projet estampillé Vision 2030 à subir les retards et les redimensionnages. Le New Murabba, un gratte-ciel en forme de cube assez grand pour accueillir 20 Empire State Buildings, pourrait aussi subir des coupes. En décembre 2023, le ministre des finances saoudien, Mohammed Al-Jadaan, avait reconnu que le calendrier ne serait pas tenu pour certains mégaprojets. « Le retard ou l’extension de certains projets va servir l’économie », avait-il ajouté.

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Helene Sallon
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