Maïté, ici avec l’ancien maire de Toulon Jean-Marie Le Chevallier, en 1997. GEORGES GOBET / AFP Figure de la gastronomie télévisuelle de la fin du XXe siècle, Maïté, de son vrai nom Marie-Thérèse Ordonez, est morte, a annoncé Emmanuel Macron sur le réseau social X, samedi 21 décembre. Le maire de sa commune natale, Rions-des-Landes, a précisé
Figure de la gastronomie télévisuelle de la fin du XXe siècle, Maïté, de son vrai nom Marie-Thérèse Ordonez, est morte, a annoncé Emmanuel Macron sur le réseau social X, samedi 21 décembre. Le maire de sa commune natale, Rions-des-Landes, a précisé à l’Agence France-Presse que sa mort, à l’âge de 86 ans, est survenue samedi. Celle qui vivait dans un Ephad de la ville, y était revenue s’occuper de son restaurant au tournant des années 2000, après s’être éloignée du petit écran.
« Ambassadrice de notre cuisine traditionnelle, icône populaire, source d’inspiration pour tant de familles, Maïté, qui incarnait si bien l’art d’être français, n’est plus. J’adresse mes condoléances à sa famille, à ses proches et à tous ceux qui se sont régalés en l’écoutant », a écrit le chef de l’Etat. Le maire de Rions-des-Landes, Laurent Civel, a également salué la mémoire « d’une Française à laquelle on s’était tous attaché, et même identifié, avec sa bonhomie, sa truculence. Les gens disaient d’elle : elle est comme à la télé ! Et c’est ce qui explique l’affection qu’on avait pour elle ».
L’ancienne employée de la SNCF a délivré ses recettes réputées généreuses et peu diététiques à la télévision, sur France 3 Aquitaine, puis sur le réseau national de la chaîne de 1983 à 1997, dans l’émission passée à la postérité « La Cuisine des mousquetaires », puis dans « A Table » de 1995 à 1999. Avec son accent du sud-ouest, elle a mis à l’honneur pendant toutes ces années anguilles, canards, gibiers et autres foies gras. Sociétés gastronomiques, producteurs, traiteurs, viticulteurs, tout le monde se l’est arrachée avant qu’elle ne disparaisse des écrans. Ses livres de recettes agrémentées de graisse de canard et de sa légendaire « larme » d’Armagnac, se sont également vendus à des milliers d’exemplaires.
Repérée à la fin d’un match de rugby
Lorsqu’elle débute à la télévision en 1983, Marie-Thérèse Ordonez est bien connue dans son village de Rion-des-Landes dans le Sud-Ouest, où elle est née le 2 juin 1938. Cette fille de paysans y tient alors un restaurant où les banquets de chasseurs rivalisent avec les « troisièmes mi-temps » des équipes de rugby.
C’est à l’occasion d’un reportage sportif qu’elle tape dans l’œil d’un réalisateur, Patrice Bellot. Quand elle entonne La Dacquoise (1988) en servant des pommes de terre persillées, et que les murs tremblent, il est conquis : il tient la vedette de sa « Cuisine des mousquetaires », un projet de série lancé par Micheline Banzet-Lawton, ancienne concertiste devenue productrice à FR3. L’idée est de ressusciter la cuisine de d’Artagnan en puisant dans Le Grand Dictionnaire de cuisine d’Alexandre Dumas (1873). Dans une cuisine rurale où le feu crépite, fusil accroché sur la cheminée et casserole en cuivre pendue au mur, Maïté va préparer des plats démodés en parfait décalage avec les habitudes de l’époque, épaulée par Micheline Banzet-Lawton, morte en 2020.
Le cheveu brushé, la blouse immaculée protégée par un grand tablier, Maïté tourne plusieurs scènes d’anthologie : à la lumière d’une bougie, on la voit « sucer le derrière » d’un ortolan, peler une langue de bœuf, gratter le cou d’un poulet vivant avant de l’achever avec une hachette ; ou saigner, plumer et découper les magrets d’un canard, avant de préparer « une sanguette » avec le sang frais du palmipède. Avec son grand couteau, elle perce les pattes du sanglier qu’on lui apporte, le pend à une échelle et le dépèce lestement. Mais à peine si elle transpire en perçant le cuissot avec sa broche.
On la sent moins à l’aise avec les produits de la mer : elle confond allègrement moules et huîtres, doit s’y reprendre à plusieurs fois avec son pilon pour assommer une anguille – « Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour gagner sa croûte ! » – ou plonger des gambas dans l’Armagnac pour les tuer – « Elles sont saoules, les garces, les salopes ! ».
« Pour moi, la cuisine des Mousquetaires, c’est la cuisine des miracles », affirmait-elle dans les années 1980. Sa carrière à la télévision s’achève à la fin des années 1990 après des querelles au sein de l’équipe de « La cuisine des Mousquetaires ». En 2015, son restaurant est placé en liquidation judiciaire. Sa petite-fille Camille a marché dans ses pas en devenant cuisinière, participant à l’émission de télévision « Objectif Top Chef » en 2018.
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