En décembre 2017, Vladimir Poutine effectuait une escale à Hmeimim, au sud-est de Lattaquié, en Syrie, une région à majorité alaouite. Cette première visite du chef d’Etat russe sur le sol syrien mettait en scène un président se félicitant du succès remporté par ses soldats dans la « lutte contre le terrorisme » et précisant que les deux
En décembre 2017, Vladimir Poutine effectuait une escale à Hmeimim, au sud-est de Lattaquié, en Syrie, une région à majorité alaouite. Cette première visite du chef d’Etat russe sur le sol syrien mettait en scène un président se félicitant du succès remporté par ses soldats dans la « lutte contre le terrorisme » et précisant que les deux bases de Tartous et Hmeimim, ancreraient la présence militaire russe en Méditerranée orientale dans la durée. A ses côtés, Bachar Al-Assad, empressé, apparaissait en net retrait. Sept ans plus tard, quasiment jour pour jour, le tyran syrien, incapable d’empêcher la débâcle de son armée sans appui russo-iranien face à l’avancée des troupes rebelles, repensait-il à ce moment lors de sa fuite à Moscou ?
Apre, le goût doit aussi l’être pour Poutine. Le Proche-Orient a ceci de paradoxal pour la Russie qu’il incarne, depuis les années 1950, un lieu d’affirmation privilégié de la puissance soviétique puis russe en même temps qu’il illustre des échecs patents de sa politique étrangère et de sécurité.
En Syrie, Moscou s’est pris dans les propres rets de sa quête de statut. Entamée en septembre 2015 par des bombardements près de Homs et de Hama, l’intervention militaire russe avait parachevé la logique de réinvestissement régional manifestée par Vladimir Poutine. En faisant irruption parmi les puissances extérieures capables de projeter leurs forces au Proche-Orient, la Russie avait opéré un retour inédit sur la scène régionale, contrastant avec des efforts jusque-là principalement opportunistes.
Entrepreneuriat de la violence
L’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la même armée russe, en février 2022, a détourné le Kremlin de ses ambitions en les réduisant à une gestion du statu quo. A une approche qui restait maximaliste sur le plan diplomatique, les Russes n’ont fait, en parallèle, que minimiser les coûts de leur engagement militaire. Moscou ne disposait plus des ressources militaires lui permettant d’imposer son influence sur la durée, à plus forte raison que cette influence visait davantage à s’attirer le regard de Washington et à s’assurer de la continuité des discussions avec la Turquie et l’Iran.
Ensuite, l’échec de la stratégie russe en Syrie montre que celle-ci ne constituait pas un enjeu vital pour la Russie. Sa politique proche-orientale a consisté à articuler la préservation d’un seuil minimal de déstabilisation – lui permettant de retirer des bénéfices stratégiques par le biais de la médiation régionale – avec l’intermédiation entre puissances, principalement avec les Etats-Unis. La friction entre la « consolidation » pour préserver des régimes en place et la « déstabilisation » a conduit Moscou à de constants ajustements afin d’éviter un niveau de tensions hors de contrôle et d’être pris en étau entre Israël et l’Iran.
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