Janvier 2020
Monsieur le Président,
Nous vous faisons les salutations d’usage et vous formulons nos meilleurs vœux pour ce nouvel an.
A travers cette démarche, notre parti politique AYITI2054, entend instituer une nouvelle dynamique républicaine dans l’action politique nationale qui veut qu’au jour des Aïeux, notre parti s’adresse au Président pour lui exprimer ses vœux, lui présenter sa lecture sur la situation générale du pays et ainsi interpeller le Chef de l’Etat sur les grands dossiers concernant l’avenir de la nation.
Cette idée trouve inspiration dans le symbolisme du jour dédié à nos ancêtres pour parler en même temps de mémoire et de devoir. Nous avons trouvé, dans le contexte historique particulier qui se profile, l’opportunité de nous rappeler ceci. Si nous avons des aïeux nous sommes une nation, si cette nation a des pères fondateurs, c’est dire que nous sommes frères et sœurs, égaux, issus d’une même famille. Et, s’ils nous ont légué Liberté, Dignité, Territoire, Valeurs et Principes, c’est dire que chacun de nous a droit au progrès.
Oui, c’est une occasion annuelle pour rappeler, que ces preux se sont sacrifiés pour faire naître la première République Noire du monde. Par cet acte, ils ont imposé des limites que la politique ne peut se permettre de briser. La politique dans sa laideur, ne peut pas mettre en péril l’œuvre éternelle des héros de 1804. C’est aussi, une occasion pour rappeler à notre génération le devoir naturel de lutter pour que la politique ne tue pas la part d’humanité des Haïtiens aux yeux du monde. Le dogme à la base de la naissance de notre nation « L’Union fait la Force », nous enseigne que la bravoure de Dessalines n’est rien sans le courage et la générosité de Pétion, sans l’intrépidité de Capois Lamort, sans le pragmatisme d’Henry Christophe et le désir de liberté de chaque membre de l’armée indigène.
Et ce jour est et sera toujours là pour rappeler l’héroïsme haïtien nécessaire pour conduire le pays vers la célébration des 250 ans d’indépendance en 2054, les qualités de l’être haïtien jamais égalé depuis l’indépendance; qui doivent nous guider dans nos désarrois.
Cette adresse n’est pas une action politique partisane mais un acte républicain en vue de l’institutionnalisation de la vie politique. La politique que nous, néoprogressistes, voulons instaurer veut que la période entre les fêtes de fin d’années aimées par le peuple haïtien et le deuxième lundi du mois de janvier soit un moment de plus de courtoisie républicaine, de fêtes nationales, de partage, de trêve politique, de mise en valeur de la famille, en vue de toujours rassembler la nation.
En prenant cette initiative nous avons conscience que vous n’avez pas encore connaissance de qui sommes-nous. Nous sommes Ayiti2054, un nouveau parti politique né après les événements des 6, 7 et 8 juillet 2018, qui a compris ces faits comme la suivante interrogation: Comment organiser un nouveau leadership pour inventer un nouvel Etat capable de favoriser le progrès pour toutes et pour tous? Le cri d’un peuple trop longtemps opprimé
Pour nous autres, issus de milieu social et politique divers, il était impératif que la nouvelle génération trouve en elle-même l’inspiration nécessaire pour dépasser les clivages, dialoguer et organiser une nouvelle composition politique. Car, tel que la crise on l’a comprise, aucune composition traditionnelle ou existante ne pouvait, avec les mêmes valeurs et principes qui nous ont conduit dans l’abysme, oser le changement radical. C’est cette inspiration qui nous a poussé à croire encore en notre peuple à sermonner 77 fois 7 fois que notre engagement politique doit être empreinte de vision, de leadership, d’éthique, du sens de l’histoire, de l’orgueil de grandeur. Ainsi avons-nous embrassé un défi historique et politique majeur pour faire de notre pays dans les 35 ans qui viennent, la première puissance économique de la Caraïbe.
Pour situer notre positionnement idéologique, dans notre manifeste intitulé « Le manifeste des Néoprogressistes » publié le 7 février 2019; nous avons exposé notre idéologie « Le Néoprogressisme » qui transcende toute catégorisation idéologique traditionnelle, mais s’articule autour du progrès pour tous et des 7 marches de la reconquête de la dignité nationale qui sont : la réparation sociale, la modernisation économique, la stabilité politique, la soutenabilité environnementale la prédominance culturelle et sportive; le leadership régional et la grandeur nationale confirmée.
Nous voulons aider à l’avènement d’une politique de principes, progressiste, régulière et patriotique; ainsi réduire à l’impuissance les fauteurs de l’instabilité et de la haine sociale. Car, nous ne serons jamais là où les armes se dresseront contre un autre haïtien,
les barricades contre nos frères et soeurs, les actes de destruction massive contre la nation. Mais, nous serons toujours debout pour discuter avec n’importe quel haïtien ne
serait-ce que pour lui dire qu’il est indigne de nos Aïeux. Nous opterons toujours pour « La politique Fulcrum », la politique néoprogressiste qui exige de chaque groupe politique d’être un point d’appui, la seule capable de soulever la République de l’abîme.
Nous sommes nés donc de la dernière manifestation conjoncturelle de la crise de l’Etat plus que séculière, mais nous nous sommes prononcés en faveur de la résolution de la crise profonde en promouvant « La Conférence Nationale de Delpe », d’où notre « Mémoire au peuple haïtien sur la crise nationale » publié en Juin 2019.
Nous montons sur la scène politique mais nous n’intégrons pas une quelconque classe politique au trépas incapable de leadership, dénuée de vision, de résoudre une crise qui ne nous dépasse pas. Nous avons le sens de l’histoire, nous savons pertinemment bien que notre génération est au cœur de la révolution nouvelle, donc au cœur de la construction de la nouvelle République, de l’Etat pour tous et de la nouvelle diplomatie, de l’instauration de la cohésion du corps politique national, de la remodélisation de la société civile, de la presse nationale et du secteur privé national.
La campagne de l’opposition pour prendre le pouvoir en optant pour la maligne stratégie « Peyi Lòk » qui a raté ses objectifs, non seulement a conduit à leur perte mais aussi à la mort d’une politique qui nous a détruit la chose publique et que malheureusement nous percevons vos efforts pour essayer de la ressusciter. Ceux qui ont voulu le pouvoir à tout prix, ne pouvant jamais attendre les élections ont échoué dans leur quête. Ceux qui portaient les intérêts d’un groupe de bourgeois au nom des causes d’un peuple souvent trompé, ont piteusement échoué. Mais, vous aussi qui célébrez une quelconque victoire, parce qu’il vous a toujours manqué le sens de l’histoire, vous n’avez pas su empêcher que les fauteurs des actes de destruction massive conduire les enfants d’Haïti dans un duel à mort qui ne concernait que vous et eux, jamais le peuple haïtien.
Monsieur le Président,
Certes vous avez mis en déroute les malades de pouvoir qui ont voulu vous ravir le pouvoir, certes vous avez tué dans l’œuf l’émergence des nouveaux produits du Système, il faut l’avouer vous avez réussi à prouver au peuple que ceux qui jadis se faisaient passer pour supérieur par l’argent et leur couleur ne le faisait qu’en dilapidant l’Etat « Tout gran nèg la se sou do Leta ». Vous avez réussi la pédagogie anti-transition; certes vous avez démystifié l’oligarchie et la supercherie politique dont la transition démocratique a été pendant plus de 30 ans mais, vous n’avez eu aucune victoire sur la crise de l’Etat, sur la débâcle nationale.
L’échec de cette querelle politique n’est pas la fin des vraies revendications de la nation qui voit le vrai visage de chaque acteur de la vie nationale. Jamais une lutte de pouvoir
n’a autant poussé les acteurs à sortir leurs gonds et ainsi mettre à nue les faiblesses, l’incapacité, l’avidité de l’élite politique, de la société civile, du secteur privé des affaires, de l’église et du quatrième pouvoir.
Il arrive qu’en ce début d’année chacun de nous l’entame avec plus de peurs que d’espérances, n’est-ce pas là un problème majeur. Chaque Haïtien ici ou ailleurs aujourd’hui se demande de quoi demain sera fait avec encore la crise institutionnelle qui s’en vient? Les policiers, se demandent à quand la dépolitisation de la Police? Les recrues de l’Armée, à quand la nation les prendront au sérieux? Nos professeurs, à quand de meilleures conditions pour enseigner? Chaque jeune, questionne son instruction et se demande s’ils seront toujours éduqués pour reproduire la misère? Chaque entrepreneur, se demande perplexe comment ils arriveront à payer leurs crédits? Chaque parent, chaque famille comment laisser ce pays définitivement pour mieux élever leurs enfants? Chaque handicapé se lamentant sur son sort se demande si un jour réconfort il y aura? Chaque chômeur désespère et se demande si la stabilité est un vœu pieux. Chaque haïtien se demandent à quand leur droit à la sécurité, au travail, à l’éduction, à la sante sera respecté comme prescrit à l’article 19 dans la constitution haïtienne.
Il nous semble que vous n’avez toujours pas encore compris que la politique a changé dans ce pays. Vous vous bridez à l’idée de la défense d’un mandat légitime et de votre bonté à promettre mais vous oubliez qu’il faut toujours à une nation plus qu’un mandat présidentiel. Il faut toujours à la nation la confiance en elle-même, il faut qu’elle puisse se reconnaitre pour trouver en elle-même la pulsion nécessaire à son redressement, il faut qu’elle puisse s’identifier dans une vision à long terme, dans une perspective claire de développement et de progrès. Les présidents passent, la République ne passe pas et la nation transcende.
La crise institutionnelle qui s’en vient à partir du deuxième lundi de janvier désintègrera l’Etat déjà failli durant les 33 ans de transition démocratique. Elle nous annonce clairement l’incapacité institutionnelle de l’Etat pour répondre aux urgences nationales et pour embrasser les vrais objectifs de réparation sociale. N’est-ce pas là encore l’opportunité de lancer une vraie Conférence Nationale ? Donc, nous rentrons de plein fouet dans la nouvelle année avec de grandes turbulences annoncées. 34 ans nous séparent de là où Ayiti2054 veut contribuer à conduire la République, nous ne pouvons nous permettre le flou et le laisser-aller. Ayiti2054 maintient sa position. Pour nous les néoprogressistes, en prenant pour perspective les 250 ans d’indépendance nationale, nous pensons qu’aujourd’hui notre nation a rendez-vous avec 7 grandes exigences historiques pour sortir définitivement de la crise nationale ainsi avoir un Etat stable, objet de notre
plus vive sollicitude depuis l’indépendance. En attendant bien sur qu’on traite la priorité des priorités qui est l’urgence humanitaire.
Il s’agit:
1. Du procès de la mauvaise gouvernance. Il ne faut plus un Etat qui fait tout le contraire de ce que la nation réclame (la constitution de 1987, le régime politique, du rapport entre les pouvoirs et les institutions qui constituent l’Etat, du CEP, la justice; la politisation de la police …)
2. Du procès de la corruption et de l’impunité. Il ne faut plus de la corruption comme mode de gouvernance (Petrocaribe, Dossier des coopératives, la DGI, la Douane, l’ONA …)
3. Du procès de la criminalité. Il ne faut plus que la criminalité soit un puissant outil entre les mains du secteur privé et des politiques contre le peuple (Massacre la saline, Carrefour- Feuilles, La Sirie, Jean Dominique, Guy Malary, Antoine Izmery et Rospide Petion, Néhémie Joseph… )
4. Du procès de l’éducation anti-nationale. Il ne faut plus cette éducation qui nous divise plus qu’elle nous rassemble, qui nous montre contre la richesse et le travail (FNE, PSUGO, Nouveau Secondaire, l’Instruction chrétienne, EPT, éducation à plusieurs vitesses…)
5. Du procès des torts sociaux. Il ne faut plus des laisser pour compte, il ne faut plus de misère sur la terre de la liberté (chômage, la famine, Dégradation de l’Environnement, l’exclusion de la diaspora, la non-intégration des jeunes et des femmes; la dévalorisation du personnel de l’éducation et de la santé; la non valorisation du vaudou …)
6. Du procès de l’économie traditionnelle. Il ne faut plus une économie qui tue la production nationale avec un secteur privé qui compte seulement sur l’Etat (les grands contrats de l’Etat avec le secteur privé, la destruction de la production nationale, la monopolisation…)
7. Du procès de l’aide international et de la mauvaise coopération. Il ne faut plus de l’aide et de la coopération qui nous sous-développe. (les ONG, les différentes missions de l’ONU, l’OEA, CIRH, la diplomatie moribonde…)
L’heure d’un consensus national pour reconstruire la nation est arrivée. L’heure de la résistance consentie est arrivée. Ayiti2054 croit que les problèmes persistants sont sans pitié pour le repos du peuple et les Aïeux. Nous l’avons prouvé, notre peuple a besoin de paix pour progresser. Donc, nous devons résoudre la vraie crise. En politique ce sont les normes et les institutions qui sont garantes de la confiance, ce n’est pas la parole ni les barricades. Et toujours dans le souci de l’institutionnalisation de la vie politique, Ayiti2054 vous demande de bien vouloir:
1. Instruire le gouvernement, avant le 2ème lundi de janvier, afin de faire parvenir à tous les partis politiques le bilan gouvernemental avant sa présentation devant le Parlement. Après ce bilan Ayiti2054 se prononcera au troisième lundi du mois de janvier sur ce bilan et annoncera sa position ;
2. Recommander à la CSC/CA de faire parvenir à tous les partis politiques le bilan de la comptabilité nationale, les actuels contrats de l’Etat, bref un rapport complet sur la situation financière du Pays et sur l’efficacité́ des dépenses publiques incluant le bilan financier du Parlement Haïtien dans de meilleurs délais que les 30 jours suivant l’ouverture de la session législative. Ayiti2054 est très préoccupé par la situation économique du pays rentré en recession ;
3. Nous faire parvenir l’état de la diplomatie nationale, de vos réformes annoncées, des coopérations et les dernières évolutions sur la situation des bénéficiaires de TPS aux Etats-Unis, les migrants haïtiens au Canada, en Amérique Latine et l’état de la situation sur la frontière haïtiano-dominicaine;
4. Instruire le gouvernement à publier les rapports financiers des partis politiques qui ont bénéficié des fonds publics ;
5. Instruire le CEP à publier l’état actuel du système électoral national.
Monsieur le Président,
En politique, il n’y a pas de victoires ou d’échecs eternels et les honneurs se gagnent sur le champs de bataille. L’histoire qui progresse vous sera clémente si vous comprenez qu’ici en ce moment même, les deux ans restant de votre mandat ne soit pas deux ans de mandat présidentiel en offrant ce qui reste de l’Etat au peuple, mais de mandat national en refondant l’Etat par la « Conférence Nationale de Delpe », en jetant les bases de l’Etat pour tous.
Le peuple Haïtien est un grand peuple et Ayiti2054 sait qu’il sera, cette année, au rendez-vous avec l’histoire. Vous avez votre rôle, comme nous autres avons le nôtre, le progrès ne peut plus attendre; et notre génération ne passera pas pour qu’Haïti ne change pas.
Meilleurs vœux