Aide sociale à l’enfance : l’alerte du Conseil économique social et environnemental

Aide sociale à l’enfance : l’alerte du Conseil économique social et environnemental

Lors d’un rassemblement d’anciens enfants placés, à l’entrée de l’Assemblée nationale, à Paris, le 7 mai 2024. LUDOVIC MARIN/AFP Barbancourt le rhum des connaisseurs C’est un cri d’alerte, assorti de pistes d’action, que lance le Conseil économique social et environnemental (CESE) dans son dernier avis portant sur la protection de l’enfance. Saisie par le président du Sénat

Lors d’un rassemblement d’anciens enfants placés, à l’entrée de l’Assemblée nationale, à Paris, le 7 mai 2024.

Barbancourt

le rhum des connaisseurs

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C’est un cri d’alerte, assorti de pistes d’action, que lance le Conseil économique social et environnemental (CESE) dans son dernier avis portant sur la protection de l’enfance. Saisie par le président du Sénat en mars, l’institution se penche en une centaine de pages sur la grave crise du secteur, qui prenait en charge 344 682 mineurs ou jeunes majeurs en 2022, selon l’Observatoire national de la protection de l’enfance, un chiffre en augmentation de 18 % depuis 2011.

Des dysfonctionnements sont présents à tous les niveaux, du pilotage de cette politique publique décentralisée au niveau des départements à l’accompagnement défaillant de la santé des jeunes concernés, avec de graves répercussions. Avec cette ambivalence, soulignée par une des deux rapporteuses, l’ancienne juge des enfants Josiane Bigot : « Jamais on n’a été aussi exigeant sur la façon dont on traite les enfants, y compris ceux confiés à la protection de l’enfance, et, dans le même temps, on est complètement démunis en raison de la grande désorganisation qui y règne. »

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Deux exemples, issus de travaux précédents, sont notamment repris par le CESE. Le premier concerne la situation « très préoccupante », relevée en mai par le Syndicat de la magistrature, de l’inexécution des mesures judiciaires, avec un grand nombre d’enfants laissés en danger dans leurs familles faute de place dans un établissement ou une famille d’accueil. Le CESE enfonce le clou. « Des juges des enfants, pris dans des situations de conflit éthique, anticipent cette inexécution et renoncent à prendre des décisions confiant à l’ASE [l’aide sociale à l’enfance] les enfants en danger dans leur famille, en raison d’une absence de places ou de structures adaptées à leur accueil », souligne l’avis.

« Difficultés de recrutement »

Un autre chiffre-choc est mis en exergue. Emprunté à une étude européenne parue en 2021 dans la revue médicale britannique The Lancet, il illustre les ravages sur la santé du « cumul d’événements traumatisants subis pendant l’enfance » vécus par les enfants maltraités, dont les jeunes de l’ASE. Ces derniers ont, en moyenne, une espérance de vie inférieure de vingt ans à celle de la population globale.

Au cœur des difficultés figurent aussi le découragement des équipes qui s’occupent des enfants et la crise d’attractivité rencontrée par le secteur. « Ce sont des professionnels extrêmement engagés qui portent à bout de bras cette politique publique, mais qui s’épuisent », souligne Elisabeth Tomé-Gertheinrichs, corapporteuse, rappelant que « 71 % des établissements sont confrontés à des difficultés de recrutement ». Des mesures sont proposées concernant la revalorisation et la formation des travailleurs sociaux.

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Solene Cordier
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