Anne Deneuchatel, arnaquée par le « faux Brad Pitt » : « Il a appuyé sur chacune de mes angoisses pour étendre son emprise »

Anne Deneuchatel, arnaquée par le « faux Brad Pitt » : « Il a appuyé sur chacune de mes angoisses pour étendre son emprise »

Neuf mois après le retentissement mondial de l’escroquerie dont elle a été victime – 830 000 euros soutirés par un « faux Brad Pitt » sur les réseaux sociaux –, Anne Deneuchatel est de passage à Paris pour présenter son livre, Je ne serai plus une proie (Alisio, 224 pages, 17,90 euros). Si l’arnaque semble invraisemblable, elle s’appuie sur les mêmes

Neuf mois après le retentissement mondial de l’escroquerie dont elle a été victime – 830 000 euros soutirés par un « faux Brad Pitt » sur les réseaux sociaux –, Anne Deneuchatel est de passage à Paris pour présenter son livre, Je ne serai plus une proie (Alisio, 224 pages, 17,90 euros). Si l’arnaque semble invraisemblable, elle s’appuie sur les mêmes mécanismes que les « fraudes à l’amour », qui se multiplient en France. Sur la plateforme d’assistance Cybermalveillance.gouv.fr, le nombre de demandes de conseils liées à ces escroqueries a doublé depuis le début de l’année pour atteindre un total de 1 500 en septembre. Il ne recouvre toutefois qu’une infime partie des impostures réelles, en raison de la honte ou du déni éprouvés par les personnes bernées.

Anne Deneuchatel, sur l’île de La Réunion, où elle vit, au printemps 2025.

Nous retrouvons Anne Deneuchatel dans un restaurant près de la gare de Lyon, à Paris. Elle attend un train en partance pour le département du Rhône, où elle doit retrouver sa fille. Elle rejoindra ensuite l’île de La Réunion, où elle est retournée vivre après un long séjour à Maurice. Dans le restaurant, plusieurs clients tiquent sur elle, comme s’ils cherchaient à mettre un nom sur ce visage familier. La décoratrice d’intérieur de 53 ans leur oppose un regard fier, où l’on devine toutefois une pointe de fébrilité.

« Nous sommes tous des proies potentielles face aux arnaques sentimentales, rappelle-t-elle. J’étais moi-même une femme pleine de bon sens, la tête sur les épaules, qui travaillait. » Au début des années 1990, Anne Deneuchatel s’installe à La Réunion avec son premier mari. Ils y passent dix-huit ans et donnent naissance à une fille. Après leur séparation, elle ouvre une boutique de décoration dans l’île. Elle se lie bientôt à l’un de ses clients, un homme d’affaires millionnaire qui deviendra son deuxième mari. « Nous avions dix-neuf ans d’écart, mais il était bel homme et courtois. Nous nous sommes installés à Maurice dans une villa de 650 mètres carrés, au bord de la mer. En réalité, c’était une prison dorée… Il s’est révélé égoïste, manipulateur. Il m’a convaincue de fermer ma boutique. Je suis peu à peu devenue dépendante de lui financièrement. Il me versait un peu d’argent chaque mois, mais je ne pouvais même pas payer les études de ma fille. J’étais entièrement sous sa tutelle. »

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